Une scène rare marqua le 1er jour du Plenum de la CCPPC, l’enceinte nationale consultative : Xi Jinping ne parlant à personne, fut rejoint en hâte par Wang Qishan le chef de la CCID (police du Parti) qui lui glissa quelques mots à l’oreille.
Banal en soi, l’ incident prenait du relief, suite à la parution sur le site de la CCID, d’un article qui avertissait contre trop d’intolérance envers les critiques. Cette position dénonçait une directive d’octobre, qui interdisait aux membres du Parti, tous « commentaires futiles » contre le leadership, sous peine de sanction.
Dans son texte, Wang défendait que « nous (leaders) devrions moins craindre la critique négative, que l’absence totale de critique… Dans le passé, c’est souvent la tolérance ou l’intolérance aux opinions et suggestions qui a déterminé la survie ou la chute des dynasties ».
Cette vue, surprenante de la part du patron de l’anticorruption, vient soutenir Ren Zhiqiang , le blogueur millionnaire, en péril pour avoir osé critiquer la campagne de Xi de recadrage de la presse : « payés par le peuple, écrivait Ren, les media devraient servir le peuple, plutôt que le Parti ». Ren est un vieil ami de Wang Qishan, ce qui peut expliquer sa montée au créneau pour le défendre. Mais Wang s’est aussi profilé, tout au long de sa carrière, comme un cadre de haute stature, ayant toujours su combiner fidélité, lucidité et pragmatisme au service de la nation.
D’autres personnalités sont venues ces jours derniers au secours de Ren, ou plus généralement de la justice. Zhu Zhengfu, vice-président de l’Association des avocats, et membre de la CCPPC, dénonce la pratique –courante ces mois derniers – d’exhiber des suspects à la TV pour leur faire confesser des délits.
Pour Zhu, cette pratique « ne prouve en rien leur culpabilité (s’agissant de confessions forcées), et ne fait rien pour renforcer le système juridique ». Elle devrait donc être abandonnée.
Ces démarches sont inattendues, et démontrent un grand courage. Elles sont un marqueur de l’évolution de cette société, près de 70 ans après la révolution, et des résistances qui s’élèvent à présent dans différentes couches sociales (à la base, et dans la bourgeoise naissante) face aux crispations autoritaires et aux tentations de retour aux méthodes révolues.
Sommaire N° 8 (2016)