Le Vent de la Chine Numéro 7 (2016)
Tel est le paradoxe de ce G20, le meeting financier des 26-27 février à Shanghai, entre 19 puissances et des institutions telles FMI, Banque Mondiale ou Union Européenne. Chacune campa sur des positions souvent antagonistes, bloquant toute chance d’accord substantiel. Mais en même temps, chacune réaffirma la valeur de ce G20, au vu des bénéfices forts acquis en 10 ans en son sein, telle la réforme du FMI ayant doublé à 670 milliards de $ ses fonds propres et ayant élargi sa base décisionnelle à un nombre de pays émergents. Ces positions ambiguës reflétaient en partie la conjoncture, entre récession et reprise fragile.
Le 26 février encore, la bourse de Shanghai perdait 6%, marquant l’inquiétude palpable des investisseurs face au quasi-gel de la réforme des conglomérats publics. Mais chez les négociateurs, l’ambiance était différente. Jim Yong Kim, patron de la Banque Mondiale, s’attendait à voir ce G20 donner au marché « un signal de confiance » avec l’exemple d’une Chine déterminée à refuser les solutions de facilité, comme dévaluer pour soutenir l’export, ou « dépanner » ses grands groupes par un vaste « stimulus ». Zhou Xiaochuan, patron de la Banque Centrale, donna le même signal en ré-affichant l’objectif d’un yuan convertible « sous quelques années ». Au G20, Zhu Guangyao, vice-ministre des Finances, jura d’assurer « la transparence du marché » et la stabilité du yuan, en poursuivant son « flottement assisté », et la dynamisation du management des consortia.
Durant ce sommet, la Chine, puissance invitante, se montra déterminée à prouver, par une attitude ouverte et pragmatique, ses capacités de gestion de l’univers multilatéral. Une surprise de ce conclave fut de constater combien elle s’était inspirée, pour les préparatifs, d’un modèle diplomatique… français, ne se cachant pas d’admirer le succès, à Paris en décembre, à la COP21, et l’accord climatique obtenu même de nations fort opposées à l’origine. Aussi ces cadres jeunes, souvent formés en Occident, avaient multiplié les mois précédents les missions pour aller écouter tous les acteurs. Plutôt que viser un stimulus réclamé par le FMI et les USA mais refusé par l’Allemagne, ou un rapprochement des taux d’intérêt (rejeté par la FED américaine), ils se concentraient sur des « réformes structurelles ».
L’une d’elles pourrait être l’« obligation verte » (green bond), qui vise à atteler l’épargne dormante à des projets de chantiers et usines à faible pollution. Ici, la Chine a avancé vite, ayant voté dès décembre sa législation et ses normes « vertes », pour émettre 40 milliards de $ de ces titres pour le seul mois de janvier 2016. A ce rythme, la Chine va 5 fois plus vite que le reste du monde (80 milliards sur l’année 2015). Grâce à cette manne de financement panaché privé-public, elle veut d’ici 2020 créer 69 millions d’emplois. Au G20, Pékin proposait donc de populariser ce nouvel outil, en harmonisant « en douceur » des normes communes. Pékin offrit aussi aux partenaires de lancer un « indicateur de réforme structurelle », permettant de comparer les progrès entre les différents pays selon leurs niveaux de productivité, d’inégalités, d’émissions de CO2 et de leur dette publique.
Une des autres vertus majeures du G20 par le passé, est d’avoir monté une protection contre le risque d’effondrement des banques, pour cause de trop faibles réserves… A Shanghai, le G20 ouvrit un nouveau chapitre à ce travail, contre le risque lié à la banque grise et aux prêts sur internet, en croissance foudroyante mais hors du radar régulateur et de tout règlement de protection du consommateur.
Voici revenir le temps du Plenum de l’Assemblée Nationale Populaire (ANP) ce 5 mars : 3000 édiles viennent entendre et discuter le bilan des 12 mois écoulés, et la ligne des 12 autres à venir.
Ce n’est toutefois pas une session ordinaire : comment pourrait-elle l’être en pleine tourmente économique, et à 21 mois du XIXème Congrès du PCC ? D’ici là, Xi Jinping, Président et 1er Secrétaire, devra s’être assuré une majorité, en marginalisant les légions d’apparatchiks issus des ères de Hu Jintao et Jiang Zemin. Cette majorité sera nécessaire pour permettre à Xi, lors de son second quinquennat (2017-2022), de réaliser les grandes réformes (sociétales, financières) promises dans son « Rêve de Chine ». Tel est un des sens de la campagne anti-corruption qui fait rage…
Le Plenum est aussi le temps des préoccupations populistes : Pékin se penche sur le sort des 61 millions d’enfants « laissés pour compte » (留守儿童, liúshǒu értóng), par les parents migrants partis en ville gagner leur vie. Vulnérables, mal nourris, ils sont la proie des voleurs et abuseurs, ou laissés à eux-mêmes – 2 millions sont sans foyer. Le Conseil d’Etat vient de placer ces enfants sous sa protection : une directive (14 février) impose aux parents leur charge jusqu’à 15 ans révolus, ou la désignation d’un tuteur. Un dossier nominatif doit être créé sur intranet pour chacun, fixant son état-civil, santé, éducation…
Pour le grand meeting des élus, le mot d’ordre est simple : face aux défis qui s’amoncellent, la consigne est de donner « plus d’autorité » à Xi Jinping pour lui permettre de « refaçonner le paysage politique du pays » et d’« assumer la responsabilité sur diverses missions ».
À 40 ans d’écart, une campagne vise la presse, remake de la campagne de Mao pour s’assurer sa fidélité aveugle. Dès le 19 février, le Premier Secrétaire rendait visite successivement à l’agence Xinhua, à la CCTV (cf photo) et au Quotidien du Peuple. Leurs dirigeants approuvèrent la démarche, et avertirent contre toute autre façon de penser : « afficher des opinions divergentes (sur les réseaux sociaux), c’est ébranler la fondation de la règle du Parti et du pays… gardons d’une main, le fusil et de l’autre, la plume ».
Cette campagne militante laisse sur son passage un silence dubitatif. Avec audace folle, sur internet, Ren Zhiqiang, l’ex-promoteur immobilier et blogueur très populaire (34 millions d’abonnés, surnommé « le canon » pour ses commentaires politiquement incorrects) suggère que « financés par le peuple, les media doivent servir le peuple plutôt que le Parti ». De ce fait, Ren se retrouve spontanément accusé de « capitalisme », d’esprit « anti-communiste», et d’avoir « perdu l’esprit du Parti », puisque Ren est membre du PCC –mais pour combien de temps encore ?
À l’inverse un certain Pu Liye, vice-directeur à Xinhua, calligraphiait et publiait un poème dans lequel il admire, « de ses yeux humides, le dos » du Chef de l’Etat. Son ode d’une rare obséquiosité a inspiré les réactions de milliers d’internautes – avant de disparaitre sous les ciseaux de la censure, après quelques minutes.
Autre débat probable du Plenum, deux mois après la « Conférence centrale de travail sur l’urbanisme », le Conseil d’Etat a issu des normes concernant les villes de l’avenir.
Ainsi ces créations futures devront s’abstenir de tolérer la construction de bâtiments aux formes « bizarres » – tel le QG de la CCTV à Pékin. Autre annonce, qui risque de poser problème auprès des intéressés : d’ici 2020, l’Etat prétend rétablir à la circulation publique les voies privées à travers les résidences.
Devant sous 20 ans accueillir 200 à 300 millions de migrants de plus (les citadins sont désormais 750 millions, soit 56% de la population), les villes futures devront présenter une architecture « adaptée, économique, arborée et plaisante », et intégrer des principes d’urbanisme. Dès la phase du design, elles devront être dotées d’équipements sociaux (écoles, cinémas, hôpitaux, parcs, transports urbains), et de systèmes de conservation de l’énergie. Une partie des constructions devra être « à prix abordable », réservée aux tranches sociales défavorisées. Ainsi, l’urbanisme entre enfin par la grande porte dans les plans de création de villes, la priorité cessant d’être la vitesse et le volume bâti.
L’an 2020 doit marquer la fin de la réhabilitation des quartiers et logements insalubres. L’Etat se donne 5 ans pour faire démolir les constructions illégales (repérées par drones et photos satellites comparatives).
Dans cette vision des conurbations futures, le plan quinquennal de développement de Canton est approuvé : il permettra au printemps de lancer la 3ème série de zones économiques spéciales, après celles de Shenzhen, Shanghai ou Tianjin.
Un dernier dossier « chaud » lors du Plenum, sera l’environnement. Deux innovations sont proposées :
– Lancées depuis décembre, les « alertes rouges » en différentes zones du nord du pays vont voir leurs normes techniques « harmonisées », mais aussi « affaiblies ». Le plafond déclencheur va passer de 200 microparticules (2,5µ) par m3/jour, à 500 unités sur un jour, ou bien 300 sur 48h, ou bien 200 sur 4 jours. L’affaiblissement reflète le coût trop élevé, en terme de journées perdues en production (pour les usines) ou en éducation (dans les écoles).
– Pour aérer la capitale, cinq « corridors à vent » de 500m de large, doivent être créés en abattant les obstacles sur leur tracé. Mais l’opinion doute : en cas d’absence de vent, la pollution stagne sur Pékin, privant les corridors de toute utilité. Aussi la rue et les experts sont unanimes : comme remède à la pollution, il n’y a pas d’alternative au fait de traquer une à une les sources d’émission.
La machine économique et les différentes tutelles du crédit, semblent tourner au ralenti depuis 2015 – la dernière coupe des taux d’intérêts remonte à novembre 2015. Puis soudainement, le vent recommence à tendre les voiles du navire : en janvier, la masse des prêts, à 3,42 milliards de ¥, a dépassé les attentes moyennes de 50%, selon Bloomberg. Des mesures viennent discrètement de sortir au Conseil d’Etat pour assurer la relance : une réduction des réserves bancaires obligatoires, de l’argent frais aux provinces pour financer un train d’infrastructures de la NDRC, une baisse des coûts du crédit, en lien avec les fermetures de capacités redondantes.
Le 22 février, le Bureau Politique en session validait l’objectif de PIB pour 2016, que le 1er ministre Li Keqiang doit présenter le 5 mars à l’Assemblée : « 6,5 à 7% », sans doute moins que le bilan de 2015 (6,9%). Mais la performance permettrait encore d’atteindre le but du 13ème Plan : doubler d’ici 2020 le PIB de 2010 par habitant, franchissant ainsi la barre séparant encore le pays du statut recherché de « société modérément prospère ».
Il était temps, pour le pouvoir, de chercher à s’arracher au marasme et à l’incertitude. La Chine entière est restée traumatisée par les deux dévissages boursiers d’août et de l’automne dernier, dans l’attente d’un introuvable redémarrage. Mais l’imminence de la session parlementaire, et du G20 à Shanghai (les 26-27 février) rendaient le statu quo de moins en moins tenable. Le leadership veut piloter la lourde machine avec plus de « flexibilité et réponse rapide », et « maintenir un environnement stable pour mener de front croissance et réforme structurelle », tout en poursuivant la dérégulation du marché. Le maître-mot nouveau est « changer l’offre », introduire la concurrence (étrangère notamment) dans les chasses gardées des conglomérats publics : énergie, télécom, mines, agrochimie…
Toutefois, trois jours avant la session du Bureau Politique, le « Forum 50 des économistes chinois » exprimait bien la bataille d’idées—et d’intérêts– au sein des sphères dirigeantes, sur les règles du jeu de l’économie de demain. Animé par des hommes tels que Liu He, son fondateur (ayant toute la confiance de Xi Jinping), Lou Jiwei (ministre des Finances) et Zhou Xiaochuan, Gouverneur de la Banque Centrale, il associait aussi Wu Jinglian, 86 ans, l’économiste le plus connu de Chine, aux idées très avancées. Tous ces hommes sont convaincus par la nécessité de laisser le marché reprendre le pas sur les instruments étatiques.
Or dès la première minute du Forum apparaissait la contradiction : le principe formel de réduction de l’initiative administrative est entériné de longue date au niveau suprême, mais en pratique, les positions restent gelées…
Le Forum a rappelé qu’en 2014, le débat sur la réforme des grandes entreprises d’Etat envisageait de privatiser ou fermer les unités, selon leurs mérites. Mais au lieu de faillites ou restructurations, on a assisté à des créations de « monstres », tel CRRC Corp. le groupe unique de construction ferroviaire à 24 milliards de $, issu de la fusion de CNR et CSR, les consortia du Nord et du Sud du pays.
De même, ces groupes ont reçu la consigne d’éliminer leurs surcapacités, mais sans comprimer le personnel. Ils ont été chargés de moderniser leur gestion (de recruter des cadres supérieurs issus du privé), mais le Parti s’est aussi réservé des postes « parachutés » pour ses propres cadres.
Enfin les provinces continuent à maintenir en vie leurs firmes « zombies », perdant ainsi des ressources précieuses pour la conversion des unités non viables. C’est dans l’espoir que la fermeture de surcapacité tombera « chez le voisin ». Ainsi, le marché unique en Chine, reste une utopie d’avenir, chaque province fonctionnant comme une entité économique morcelée, en rivalité avec sa voisine.
Le Forum 50 devait aussi dénoncer l’existence aujourd’hui-même de prix artificiellement hauts, tels ceux de l’électricité ou des céréales, ou bien trop bas, comme ceux de l’eau ou du carburant. Même la loi du travail, en encadrant strictement le licenciement, impose un frein sévère aux recrutements…
Une partie du problème provient d’un trait culturel de ce pays, combiné à l’absence du multipartisme : faute d’alternance au pouvoir, le régime est condamné à rechercher éternellement le compromis entre les tendances opposées, celle du marché, et celle des nostalgiques et des nantis, réclamant le maintien du statu quo, au nom de la stabilité.
En contrepoint à ce débat, vient s’ajouter la voix de la Chambre de Commerce européenne : dans son dernier rapport sur la surcapacité en 8 secteurs tels l’acier, le ciment ou la chimie, elle voit les usines tourner en moyenne à 65%/75% de leur potentiel. Or, commente son Président Joerg Wuettke, en Europe, toute unité tournant en dessous de 85%, fonctionnerait à perte…
Le résultat est accablant, sur l’incapacité du pouvoir central à faire appliquer ses décisions. D’après Wuettke, l’Etat central semble « plus intéressé aux réformes de l’armée ou du PCC, et à sa campagne anti-corruption qu’à l’économie et au protectionnisme interprovincial ». De ce fait, la surcapacité augmente, au lieu de reculer – comme dans les nouveaux projets de centrales à charbon.
La Chine, de plus en plus, tente d’exporter ses excédents, et les pays et régions du monde, l’un après l’autre, dressent leurs barrières. Seule solution, prédit Wuettke : « que l’Etat cède aux forces du marché les rênes de l’économie ».
Aussi la situation actuelle apparaît ambiguë et non tranchée : une tendance a obtenu le principe de la poursuite ou de la reprise de la restructuration, mais le blocage dans les provinces ressemble à un effort ultime pour maintenir en vie le mode productif traditionnel.
Wang Jianlin, le milliardaire chinois, entre en France par la grande porte le 26 février, en confirmant son entrée dans EuropaCity, près de Gonesse entre Roissy et le Bourget.
Dans ce projet, tout est immense. Sur 80 hectares, ce parc paysager intégrera une gare de RER vers Paris (ligne 17) à 16km, un hypermarché, une station de ski et une plage artificielles, des parcs, musées, hôtels, galeries commerciales (500 boutiques), un palais des Congrès… Wanda, le porte-avions financier de Wang Jianlin sera associé sur ce chantier à Alliages et Territoires, filiale d’Immochan, branche immobilière d’Auchan.
EuropaCity sera au cœur du projet de redéploiement du Grand Paris en plaine de France, voté sous la présidence de N. Sarkozy.
La première pierre est prévue pour 2019, l’inauguration pour 2024—à temps pour les JO de Paris, si la ville les remporte. Conçu pour attirer 31 millions de touristes par an, le projet doit créer 11 800 emplois, sans compter les 4200 nécessaires à la construction.
Plusieurs détails attirent l’attention dans ce contrat. En achetant en 2012 la chaîne américaine de cinémas AMC puis en prenant des parts en 2016 dans Legendary Pictures, le studio hollywoodien, Wang avait donné l’impression de ne s’intéresser qu’aux Etats-Unis. Mais ses autres acquisitions au Royaume-Uni, en Espagne et à présent en France, permettent de constater une stratégie d’achats ciblés non sur une zone, mais sur une gamme d’activités autour de l’immobilier, du sport et des loisirs.
Sa branche « loisirs » en Chine détient ou fait construire 10 parcs d’attraction, sans compter des « Futuroscopes » et simulateurs de vol grand public. Ses centaines de centres commerciaux comportent tous des espaces « loisirs », du parc pour enfants au karaoké. Wang débauche en masse les concepteurs ou designers de Disney, dans l’ambition avouée de concurrencer ses Disneylands.
Il fait bâtir aussi une ville-studio à Qingdao, Hollywood chinois qui se revendiquera, à terme, le plus grand au monde.
Côté « sports », il détient des parts de l’Atletico de Madrid, le groupe suisse Sports & Media, détenteur des droits de diffusion sur les Coupes du Monde de football vers l’Asie, et World Triathlon Corp., organisateur d’un événement annuel (Ironman).
Or, nombre des savoir-faire de Wanda dans ces disciplines, seront utiles pour faire tourner EuropaCity : événements sportifs ou de cirque acrobatique, et toutes sortes de parcs à thèmes, pourront être conçus et implantés depuis la Chine.
Dernière indiscrétion savamment calculée, Wang Jianlin est en négociation en France pour racheter le groupe Amaury, organisateur chaque année du Tour de France, l’épreuve reine de la petite reine. Avec cela, il s’imposerait définitivement comme ténor du show-biz sportif mondial. Tout en s’envolant de l’immobilier chinois qui a fait sa fortune, mais qui aujourd’hui se grippe !
L’obésité menace 8% des jeunes chinois (10-12 ans) – taux extrême. Le sucre et le gras sont les causes premières.
La recherche médicale pourtant braque le projecteur sur deux autres causes inattendues de prise de poids :
Les antibiotiques, dont la Chine est première consommatrice mondiale avec 162.000 tonnes par an (50%), y compris 50.000 tonnes en antibiotiques vétérinaires qui passent du bétail dans les rivières, puis au robinet. En 2015 dans une école shanghaienne, 586 enfants testés par l’université Fudan s’avérèrent à 80% positifs. Les chercheurs remarquèrent aussi que ceux aux concentrations les plus élevées, se trouvaient être obèses…
Autre coupable à l’excès d’antibiotiques : le médecin, qui en prescrit à un patient sur deux, à sa demande ! Deux tiers des Chinois pensent que l’antibiotique est efficace contre la grippe, un tiers contre le mal de tête.
Le grand danger ici n’est pas l’obésité, mais la résistance des bactéries infectieuses à l’antibiotique : l’OMS craint un million de décès en Chine en 2050.
L’autre source d’obésité nouvelle est la pollution, selon l’étude de la Duke University (Caroline du Nord).
Des rattes en gestation ont vécu, les unes sous air pékinois, les autres sous air filtré : après 19 jours, celles sous air pollué accusaient +97% de cholestérol par rapport à celles sous air pur, +46% de triglycérides (gras dans le sang) et une résistance à l’insuline supérieure—tous ces facteurs étant ceux de l’obésité.
Enfin, évoquons ce risque qui fait des ravages en Chine : le sel, dont les Chinois absorbent 12g par jour, alors que le plafond de l’OMS est de 5g par jour. Du fait de cet excès (dû aux légumes en saumure et à la sauce soja), le pays compte 270 millions d’hypertendus, perd 2 millions de vies chaque an, par arrêt cardiaque et AVC. Mais bonne nouvelle : le sel a reculé sur la table chinoise, de 22% en 10 ans.
En 2013, une expérience menée sur 4 mois par le George Institute (USA), sensibilisait 286 enfants chinois de 11 ans, qui firent « la guerre » à leurs familles contre le sel, obtenant un déclin de consommation de 25%, à 10g. Si l’on répliquait à l’échelle nationale ce régime moins salé, ce serait 500.000 vies qui pourraient être sauvées.
Résumé 1ère Partie : Millionnaire à sa naissance, Li Lijuan a voulu se consacrer à l’accueil d’enfants abandonnés. Désormais « mère » de 75 petits, elle se retrouve criblée de dettes, et sa santé, minée…
Au village de Shuanquan près de Wu’An, (Hebei), Li Lijuan paie très cher d’avoir adopté ces 75 orphelins en 19 ans, la plupart handicapés. Tant de difficultés lui sont tombées dessus depuis lors, comme si le destin jaloux, après l’avoir fait naître riche, voulait la punir d’avoir redistribué sa fortune au lieu de la garder jalousement.
Usée à 46 ans, elle en parait 60 : son visage délicat mais parcouru de profondes rides, ses mèches blanches trahissent ses deux décennies d’efforts pour nourrir et loger, éduquer et soigner tout son monde en ne comptant que sur ses forces. Et ce ne sont pas ses comptes en banque qui vont contredire le tableau : tous sont au rouge, avec au total 2 millions de yuans de découvert.
Loin de se plaindre pourtant, Lijuan garde le sourire, et se croit bénie des Dieux : « après mon mariage malheureux il y a 20 ans, se rappelle-t-elle, je ne pouvais plus croire en la bonté humaine, mais sans cette foi, comment poursuivre ma vie ? Puis j’ai adopté ma première fille et, sans le savoir, j’allais recevoir le seul remède possible pour guérir ma maladie spirituelle : la dévotion que me vouait cette enfant allait me réconcilier avec la vie ».
« Village d’amour », comme elle appelle son orphelinat, respire le bonheur. Bâtie avec les derniers lambeaux de sa fortune familiale, cette maison possède une large salle de vie éclairée de baies vitrées et de parois chamarrées de dessins, colorés et naïfs, œuvres des enfants. Ployant sous les BD et livres d’images très usés, la bibliothèque reçoit fréquemment de la visite, et les enfants y ont chacun leur casier. Ajoutons l’eau chaude courante et le chauffage, les 75 pensionnaires sont parfaitement à l’aise dans ce petit palais.
Entre 2007 et 2011, Lijuan avait presque fait faillite, suite à l’expropriation de la mine héritée de ses parents et l’absence de soutien public. Mais le vent a fini par tourner. Par vagues successives, sa célébrité de « mère universelle » a gagné le pays. A mesure des reportages dans les journaux et à la TV, les dons affluent, anonymes le plus souvent : cageots de pommes, caisses de poulet, sacs de riz, œufs par casiers entiers. D’un hôpital de Shijiazhuang, des hommes en blanc viennent suivre les enfants – sans réclamer d’honoraires. Au passage, ils soignent Lijuan pour son cancer, et lui ont ainsi probablement sauvé la vie—pour l’instant.
Entourée de ces grappes d’enfants en perpétuelle vibration, Lijuan est la reine de sa ruche. Typiquement, sa journée débute à 5 heures : titubante de sommeil, elle collecte les paniers linge sale, les répartit en sa batterie de machines à laver, dont elle en a grillé une demi-douzaine en 20 ans.
À 6 heures, les premières nourrices arrivent pour l’aider : avec Lijuan, elles préparent une grande marmite de « zhou », soupe de riz du matin, ainsi que les médicaments des enfants sous traitement.
A 8 heures, le petit bus crisse devant le portail, d’un gémissement de freins. C’est pour embarquer 22 petits, vers une école de Wu’ An. Car pour Lijuan, cette phrase est un axiome : « sans éducation, mes enfants n’auront pas d’avenir ».
Le bus dépose aussi Lijuan à son magasin de chaussures, son principal gagne-pain. Elle y travaille neuf heures, ponctuées d’appels téléphoniques avec des éducateurs et médecins, au sujet, bien sûr, des enfants.
A 18 heures, de retour, elle cuisine avec l’équipe du soir le riz et les légumes.
De 19 h à 22 h, elle dorlote, materne, écoute les garçons et les filles en mal de se raconter, les aide à faire leurs devoirs. A 23 heures, elle retourne au linge : séchage, ravaudage, reprisage, avant de rejoindre son lit à 1 ou 2 heures du matin.
Presque chaque semaine, des journalistes se relaient à sa porte – journaux, TV ou internet. Les commentaires sont souvent pleins de compassion – quoique certains apparaissent aussi acides, soupçonnant Lijuan de chercher la célébrité – mais ce genre de méchanceté n’a pas prise sur elle.
Paradoxalement les autorités, face à cette montée de sa renommée, cherchent à aider Lijuan. Mais elles se voient bloquées par un vide juridique absurde : dès qu’ils sont adoptés, ces petits perdent leur statut d’orphelins, et l’Etat perd sur eux toute responsabilité légale. Sa loi ne lui permet même pas de laisser Lijuan transférer un de ces mômes à une famille d’accueil quand cela se présente… Heureusement, sous la pression des média, aider le « Village d’amour », devient pour les cadres une obligation : depuis 2012, le Bureau des Affaires civiles de Wu’An lui verse 100 à 400 yuans par enfant par mois, complété par des livraisons de farine et de riz.
Et puis un autre soutien lui provient des enfants eux-mêmes, à force de devenir grands. Déjà cinq sont diplômés de l’université, dont une fille devenue fonctionnaire. Et les plus grandes ont déjà, ensemble, fait le serment, quand elles se marieraient, de prendre dans leur foyer un petit frère ou une petite sœur, pour alléger la charge de Lijuan.
Le ciel voit donc une embellie toujours plus forte chaque jour, et la malchance recule : Li Lijuan, un enfant dans chaque bras, se rappelle ce proverbe qui ne l’a jamais trahi : « le saule donne l’ombre, et la fleur, la lumière » ( 柳暗花明, liǔ àn huā míng). Aux heures les plus sombres, l’espoir ne cesse jamais de luire !
4 – 6 mars Pékin : Asia GOLF Show, Salon de l’industrie du golf
5 – 10 mars, Shanghai : Shanghai Spring Real Estate Market, Salon de l’immobilier à Shanghai
6 – 9 mars, Xiamen : Stone Fair, Salon international de la pierre naturelle
7 – 10 mars Shenzhen : Home Furnishing Expo, Salon de la décoration d’intérieur
8 – 10 mars, Canton : Aluminium window door facade Expo, Salon de la porte, fenêtre, façade en aluminium
8 – 10 mars, Canton : SIAF Guangzhou, Salon international pour l’automatisation des procédés
9 – 11 mars, Canton : Aggregates China, Salon des équipements et des technologies des aggrégats et granulats en Chine
9 – 11 mars, Canton : BBE – Block & Brick Equipement, Salon international de la brique et du bloc de construction