Le Vent de la Chine Numéro 33 (XX)
Depuis janvier, l’agence Reuters rapporte quatre participations (directes, ou par envoi de couronnes de fleurs) du Président Xi Jinping, aux funérailles de grands disparus du régime.
Xi s’est rendu aux obsèques de Deng Liqun, décédé le 10 février à 99 ans. Deng (sans lien de parenté avec Deng Xiaoping) était un marxiste dur, opposé dans les années ‘50 à Xi Zhongxun, le père du Président. Ce qui n’empêcha pas Xi Jinping de venir s’incliner devant sa dépouille. Xi se rendit aussi aux funérailles de Zeng Yanxiu, décédé en mars, à 96 ans, qui était politiquement à droite du Parti et n’avait été proche ni de Xi, ni de son père.
Il honora aussi celles de Qiao Shi, légaliste en faveur de la réforme politique, décédé le 14 juin, à 91 ans, et du Général Zhang Zhen, ex–n°2 à la Commission Militaire Centrale (3 septembre, à cent ans).
Que faut-il en penser ? Xi s’efforce d’honorer ces vétérans de tous bords, afin de convaincre chaque faction de le soutenir, et ainsi de ressouder le PCC.
C’est pour lancer dès octobre ses réformes au Plenum du Comité Central, et d’ici 2017, faire accepter ses « poulains » au prochain Comité Permanent (l’organe suprême, 7 membres) et Bureau Politique (25 membres). Enfin, de 2017 à 2023, c’est pour pouvoir diriger le pays avec plus de marge politique : faire repartir l’économie, la diplomatie sur des bases plus soutenables. À bien y regarder, cette stratégie reste celle du Rêve de Chine (中国梦, zhongguo meng), qu’il défendait à son arrivée aux affaires fin 2012.
C’est cette même stratégie qui a inspiré la parade militaire du 3 septembre, voire dans une large mesure, le déploiement militaire en mer de Chine du Sud (la création d’îles artificielles dans des eaux plus proches des côtes de pays riverains).
Et pourtant pour la nation et son image « soft power », la démarche a été contre productive : la confiance des voisins et des puissances mondiales, n’en est pas ressortie renforcée. Mais l’important était ailleurs : ces opérations ont rassuré l’armée sur le soutien fort du chef de l’Etat et sur son propre rôle central dans la vie du pays. Elles ont fait oublier les arrestations et condamnations de plusieurs de ses patrons, tel le général Xu Caihou, corrompu, et trop proches des rivaux de Xi Jinping, Bo Xilai et Zhou Yongkang.
Au fond, selon cet expert, « Xi est un pragmatique, ni conservateur dur, ni libéral excessif ». Il croit en ce qui fonctionne, et fait en tout temps ce qu’il faut pour conserver la majorité.
La base, pour autant, n’est pas forcément convaincue. Il suffit de voir le sort du plan pour bannir la tabagie de la capitale : après quelques semaines d’obéissance aux consignes, les fumeurs reprennent rapidement la cigarette dans les restaurants. Faute de moyens, la mairie dépassée laisse faire. Un patron de bar explique : « Fatigués, les gens ne se dénoncent plus ».
Ceci n’est qu’une illustration du chaînon manquant à la réforme : l’absence d’esprit citoyen et de foi dans la réalité du changement.
Qu’elles frappent la tabagie, les abus administratifs, les privilèges des conglomérats ou bien défendent l’Etat de droit ou la santé publique, ces mesures de bon sens ne peuvent pas fonctionner sans l’adhésion de l’opinion. Laquelle n’est pas sollicitée, ni ne se voit confier la moindre délégation de responsabilité. Or, il faut bien l’admettre, à ce jour, on ne voit pas le moindre geste dans la classe dirigeante, vers un tel renouveau de gouvernance.
Traditionnellement offerts lors de la fête de mi-automne (中秋节 – zhōngqiūjié, 27 septembre), les gâteaux de lune (月饼, yuèbǐng) font vibrer une corde sensible chez tout Chinois.
Ce gâteau farci de pâte de racine de lotus, souvent accompagnée d’un jaune d’œuf de cane, rappelle la pleine Lune et le dernier plaisir avant l’hiver. C’est aussi un cadeau que l’on offre aux puissants (espérant leur soutien) : patrons, maîtres d’école, cadres ou clients. Depuis 20 ans, des versions luxueuses de l’humble gâterie fleurissaient.
Mais tout cela, c’était avant le début de la campagne anti-corruption en 2013, qui bannissait les gâteaux de lune de la liste des cadeaux.
Or cet automne, la galette ronde fait un discret come-back, pour la joie d’une société qui reste fanatique de ses traditions, à la recherche de son âme.
Est-ce à dire que les gâteaux de lune de luxe sont de retour ?
Pas tout à fait…Ils sont moitié moins chers que ceux de 2013. Mais attention, le 6 septembre, la CCID, police du Parti, grondant un peu, avertissait ses limiers de surveiller magasins, acheteurs et bénéficiaires, d’éviter les « formules extravagantes » dans les publicités, et de dénoncer tout abus, telles les liasses de billets roses qui se perdaient parfois, dans les coffrets !
Le grand départ s’approche pour l’ ARJ21, premier né de COMAC, le consortium aéronautique d’Etat. Bâti à Shanghai, ce moyen courrier de 70-90 places verra sa 1ère livraison le 28 novembre, à Chengdu Airlines, filiale de COMAC. Il était temps, après 13 ans de travail, dont 8 de dépassement d’agenda. L’entrée en service chez Chengdu est pour février.
La grande nouvelle, le 17 septembre en marge de 2015 Aviation Expo (Pékin), est l’annonce de 10 commandes d’ARJ21 par City Airlines, compagnie thaïe, en leasing chez la branche aéronautique de la banque commerciale ICBC.
City optait aussi pour dix C919, second fer au feu de la COMAC, un « petit cousin » de l’A320 d’Airbus (1ère sortie au 25 octobre). Ces déclarations d’intention portaient les commandes chez COMAC à plus de 300 ARJ21, et 520 C919. Et, fait plus marquant, City Airlines était le 1er client réellement étranger, si l’on excepte Puren, start-up sino-allemande, et GECAS, filiale de General Electric.
À y regarder de plus près toutefois, ce deal pose bien des énigmes :
(1) La date de 1ère livraison, juin 2017 semble impossible : d’ici là, tous les appareils sortant de cette chaîne à capacité encore faible, sont déjà alloués. L’appareil de City devra sans doute être prélevé sur le quota de Chengdu Airlines, « déshabillant Paul pour habiller Pierre ».
(2) S’agit il d’une location ou d’une vente, et (3) à quel prix ? Ce dernier (si prix il y a) devrait être très attractif. « Des dizaines de % moins cher que la concurrence directe (le E-175 d’Embraer qui truste 52% du marché) », évalue ce professionnel du leasing. Il faut un tel « prix d’appel » pour intéresser les exploitants à un appareil encore certifié seulement en Chine (la certification FAA est en cours), sans vécu inventorié, ni garantie d’un SAV solide.
Autre souci : issu du bon vieux DC9 du siècle dernier, l’ARJ21 souffre d’un design dépassé. Quoiqu’allégé depuis, il reste lourd – même si ce travers est compensé par un équipement compétitif – moteurs GE dernier cri.
(4) Sur l’exploitant City Airlines, le mystère s’épaissit encore : sa seule ligne est Bangkok-Hong Kong, suscitant l’hypothèse d’une compagnie – écran enregistrée en Thaïlande mais de capitaux chinois. C’est en tout cas un transporteur habitué à vivre entre trous d’air et turbulences financières : Logistic Air, autre de ses bailleurs d’avions, reprenait le 18 septembre, son B737-400 confié en location 3 mois plus tôt, pour défaut de paiement. Et après BCI et AAR, Logistic Air est le 3ème leaseur en deux ans, à casser un contrat avec City Airlines, pour cette même raison. Ce qui n’empêche ICBC, pas découragé, de confier 20 appareils à ce mauvais payeur.
Aussi ce leasing apparaît moins commercial qu’éminemment stratégique. Il pourrait aussi résulter d’une offre politique que Bangkok ne peut pas refuser à Pékin, par exemple au titre de compensation « hyper généreuse » dans le cadre d’un autre contrat : la ligne ferroviaire Nong Khai-Bangkok-Rayong, dont le chantier débutera en décembre.
En tout état de cause tout se passe comme si la COMAC, avec City Airlines (comme avec Puren ou Chengdu Airlines), investissait à perte pour faire voler ses avions de par le monde, histoire d’habituer le marché à sa présence. Le but, à moyen-long terme, étant d’offrir une gamme d’avions compétitifs, puis de chasser sur les marchés d’Airbus et de Boeing.
Au même moment le 21 septembre, Fabrice Brégier, Président du consortium aéronautique européen, effectuait un discret voyage en Chine. Sans doute pour annoncer la sortie d’un système « Sharp », permettant aux A320 de réduire la longueur de la piste d’atterrissage à 1300m.
En même temps, Airbus livrait à China Eastern son cinquantième A330, configuré pour recevoir 30 passagers en classe « affaires » et 203 en « économie ».
Surtout, le président du groupe pouvait venir lancer le projet, signé le 2 juillet, d’une seconde usine à Tianjin, dédiée à la finition et distribution de des A330 long-courrier, en plus de celle consacrée aux A320. Cet été, F. Brégier se félicitait d’une délocalisation ayant permis à Airbus de porter de « 30 à 50% » ses parts du marché chinois. Et le 14 septembre à Mobile (Alabama), il inaugurait une chaîne de montage Airbus, s’assurant ainsi d’une part de cet autre segment essentiel du marché mondial.
Cette stratégie, Boeing la refusait depuis 10 ans. À présent, vu les résultats d’Airbus en Chine, il semble devoir y venir. Tandis que Xi Jinping visitait le QG de Seattle (22 septembre), son CEO D. Muilenburg confirmait le projet d’ouvrir à Zhoushan (Zhejiang) une usine de finition des B737 : « Pour résister, nous devons nous adapter… nous diversifier à travers le monde, avec des collaborations dans toutes les régions du globe ».
Ces paroles donnent l’impression d’un modèle industriel désormais quasi-identique entre les deux ténors mondiaux, et vise à résister à une arrivée chinoise désormais inévitable. La différence par rapport à hier, est qu’il tente de le faire en intégrant la Chine, plutôt que de l’exclure derrière une illusoire Grande muraille industrielle.
Le départ de Xi Jinping aux Etats-Unis fut l’occasion d’un événement passé inaperçu, mais inattendu : le rapprochement de géants américains et chinois du cinéma et de l’audiovisuel du divertissement, amorçant la relance d’une coopération en panne depuis des lustres.
Censure et frilosité culturelle obligent, Hollywood et la Chine du 7ème art ne faisaient pas bon ménage -jusqu’à hier.
En 2005, après 3 ans d’efforts, Time Warner jetait l’éponge dans sa tentative de créer son réseau de salles de cinéma : Pékin limitait la participation étrangère en ce secteur à 49% des parts. Le groupe voyait aussi s’évanouir son rêve d’inonder la Chine de ses films d’action : la tutelle SARFT bloquait le quota mondial à 20 titres par an.
Or voici que le 20 septembre, Warner Bros Entertainment fait son come-back sur le marché chinois en JV avec China Media Capital (CMC, du tycoon Li Ruigang).
Avec ses studios à Hong-Kong et ses bureaux à Los Angeles et à Pékin, Flagship (nom de la JV) va tourner et distribuer des longs métrages pour la Chine et le monde entier. CMC financera (51% des parts) et ouvrira son vivier de légendes, talents et paysages. Warner fournira scenarios, acteurs et son réseau de distribution. Cerise sur le gâteau, Flagship aura un client privilégié : la chaîne hongkongaise sinophone TVB (filiale de CMC), qui détient 10% des parts de Flagship.
L’idée n’est pas exactement nouvelle – un nombre de coopérations sino-étrangères, y compris françaises ont éclos ces dernières années. Mais le moment rend cette vague plus excitante que jamais. La jeunesse chinoise qui s’enrichit, s’ennuie, d’autant que son accès à l’information est aussi muselé que celui au cinéma ou à l’audiovisuel. Or, la Chine urbaine de demain, affranchie du souci de subsistance et ayant dit adieu au plein emploi, sera avide de loisirs.
Dès lors, elle exprime une soif de TV (2000 réseaux câblés et des dizaines de chaînes), d’internet sur ordinateur ou smartphone (près d’un milliard de spectateurs, entre les deux).
Rien qu’au cinéma, le box-office chinois engrange 4,8 milliards de $ en 2014 (+34%), là où l’Amérique du Nord avec 10,4 milliards, recule de 5%. Warner et CMC donnent quatre ans aux salles obscures chinoises pour passer n°1, en terme de recettes. Dès maintenant, comme pour s’y préparer, des milliers de PME produisent des films en tous genres ; d’autres adaptent, traduisent, re filment des séries issues de Corée, Hong Kong, Taiwan…
Autre grand coup de gong de l’univers anglo-saxon du divertissement : le 18 septembre, Rupert Murdoch était reçu à Pékin par le chef d’Etat.
C’était frappant car le magnat australien des média revenait de loin, beaucoup plus loin que Warner. Qu’on se rappelle : en 1993, mal informé sur les chances réelles de la TV par satellite d’atteindre les foyers chinois sans le consentement de leurs dirigeants, Murdoch avait lancé son groupe en croisade solitaire, pour la « liberté de la presse par satellite, contre le totalitarisme ». Isolé et banni, il payait encore cette erreur 13 ans plus tard, en 2005, alors chassé d’une JV avec Netcom, réseau de télécom mineur… Le renversement d’attitude du régime à son égard s’explique par la conscience claire chez Xi, des besoins futurs chinois en « culture de masse ».
Xi a assuré Murdoch que « la Chine poursuit son ouverture aux media étrangers, bienvenus… » Un comble, quand on sait que le Wall Street Journal, fleuron de son groupe News Corp, reste interdit en Chine en dépit d’une ligne éditoriale modérée et tout sauf anti-chinoise.
Mais Murdoch, n’était pas venu à Pékin que pour voir le chef de l’État. Il annonçait aussi une synergie avec Xiaomi, n°1 du smartphone en Chine : l’étoile filante du secteur, dernier venu qui vend au tiers du prix d’Apple ou Samsung et réalisait 80 millions de ventes en 2014 – son dernier Mi 4c, sorti le 22 septembre, à un prix étiquette de 1300 à 1500 yuans. News Corp fournira du contenu digital exclusif, en chinois en vente exclusive aux porteurs de Xiaomi.
C’est conforme au vœu de Xi Jinping d’offrir au peuple du film et des jeux en abondance. Et News Corp pourra utiliser Xiaomi comme tremplin vers d’autres partenaires locaux.
Par cette audience courtoise, Xi a certes pu vouloir ravaler son image à bon compte, un pied sur le marchepied de son avion vers la Maison Blanche, et se peaufiner une image éphémère de démocrate. Mais au-delà de ces deux contrats, on est tenté de décrypter un projet politique audacieux : accueille-t-on les bras ouverts deux géants américains du divertissement, refoulés aux portes de la Chine depuis 15 ans, pour finalement se plier à la censure ? Il est permis d’en douter. Le vrai but ne peut être que parvenir au bon niveau de technicité et de qualité dans la création culturelle—ce qui ne va pas sans liberté de création et ouverture à l’influence étrangère.
A tout le moins, on s’émerveillera du chemin parcouru, depuis la guerre froide de 1993 et l’ouverture de 2015, entre l’Est chinois et l’Ouest américain. Aujourd’hui, dans l’oubli des grandes envolées idéologiques, on ne veut plus, des deux côtés, que deux choses simples : faire de l’argent et amuser les masses.
Durant sa visite aux Etats-Unis, Xi Jinping s’efforça de sourire, rassurer et maintenir pour l’avenir la porte ouverte à une coopération stratégique étroite. Et en attendant, de dissiper les méfiances dues à l’antagonisme d’une puissance mature face à une puissance émergente.
En protection de l’environnement, comme prévu, Obama et Xi annoncèrent un paquet de mesures fortes, fortes pour renforcer les chances d’accord à la conférence climatique COP-21 de Paris en novembre. Parmi celle-ci, la confirmation du déploiement dès courant 2017 d’une bourse nationale des crédits carbone, couvrant les secteurs gros émetteurs de CO2 –génération électrique, sidérurgie, chimie ou ciment ; et surtout, la participation par la Chine au fonds d’aide aux pays en développement.
Elle s’engage pour 2,8 milliards de $ : c’est un début modeste (l’accord vise 100 milliards par an), mais un tournant fondateur, pour une Chine qui jusqu’à présent, pensait que payer pour l’environnement des pays pauvres, était de la responsabilité unique des pays « capitalistes » !
De même, sur le futur traité de protection des investissements, de nouvelles offres furent échangées, en préparation d’une prochaine phase de discussions.
Dans les matières sécuritaires et de défense, l’entente fut moins nette : contre la fraude financière, Washington déclara que toute demande de déportation de fraudeurs chinois en fuite sur son sol, devrait être documentée et en adhésion stricte avec la loi américaine. De même, déplorant le « hacking » par des chinois de nombreux sites américains, Obama déclara sèchement avoir signifié au N°1 chinois que « ca devait arrêter » – c’est un dernier avertissement, avant des sanctions !
Par contre, en fait de lutte anti-terroriste islamique, Obama et Xi Jinping s’engagèrent à renforcer la coopération, au vu de la dégradation de sa sécurité au Xinjiang.
Avec divers patrons de groupes américains, Xi échangea, suggérant aux uns et aux autres une relaxation des conditions d’accès au marché chinois.
Ce qui d’ailleurs donna lieu chez à des contorsions amusantes de certains CEO pour le convaincre de leur attachement à la Chine : pour se présenter, le 23 septembre, M. Zuckerberg, le PDG de Facebook (interdit en Chine) avait troqué son jean pour un costume- cravate. Et au dernier moment, Microsoft, dans la version chinoise de son système d’exploitation Windows 10, remplaçait comme moteur de recherche principal, son moteur Bing par Baidu, qui possède déjà le quasi monopole du marché chinois.
Comme attendu, les rituelles signatures de contrats eurent lieu :
– Boeing obtint une commande de 250 B737 et 50 B787 Dreamliners d’une valeur probable réelle de 18 milliards de $. Le groupe de Seattle reprenait ainsi la tête des fournisseurs d’avions à la Chine – position consolidée par l’annonce d’une usine Boeing à Zhoushan.
– CRRC, le groupe ferroviaire chinois récemment fusionné, confirma avec ses partenaires locaux, la création future d’une ligne de TGV Las Vegas-Los Angeles pour un marché d’équipement de 5 milliards de $. Un contrat peu rémunérateur, mais prestigieux et qui devrait en ouvrir d’autres, aux Etats-Unis et ailleurs. Sous réserve d’un feu vert du régulateur, le chantier pourrait démarrer dans 12 mois. - Parmi d’autres projets d’investissements,
– Dell le 3ème producteur mondial de PC, promit d’investir 125 milliards de $ d’ici 2020 dans ses usines chinoises, générer 175 milliards de $ d’import-export et assurer un millions de postes de travail en ce pays. Voici donc une longue liste de projets, industriels ou diplomatiques, reflétant bien l’immensité et la puissance des deux pays. Certains (tels ceux de protection de l’environnement) sont d’application immédiate.
D’autres, tous neufs comme ceux sur la protection des investissements, ne donneront des fruits que bien plus tard. Mais tous, en fin de compte, dépasseront largement en influence les frontières des Etats Unis ou de la Chine : ils modifieront les échanges de la Terre entière !
(Légende photo : « Ce soir, je t’invite au resto, c’est le patron qui paie ! »)
Du passage de Bo Xilai aux commandes de Chongqing (2007-2012), la métropole sur le Yangtzé a gardé le goût d’expériences sociales parfois échevelées. Qu’on se souvienne, sous Bo Xilai, une vague de pratiques post-maoïstes avait refleuri, éphémère : les étudiants étaient envoyés à la campagne et les habitants se réunissaient dans les parcs pour entonner de longs répertoires de chants révolutionnaires.
Aujourd’hui, la vague rouge est terminée et les défuntes « danwei » (单位, unités de travail) ne jouent plus les entremetteuses. Mais parmi certaines firmes, dans les services et l’électronique notamment, la dernière tendance —et la plus déroutante – consiste à subventionner le flirt chez leurs jeunes.
Dans cette compagnie de logiciels, Wang Hao, jeune ingénieur, a invité sa petite amie et a fait passer sa facture en note de frais. Sans sourciller, le comptable a remboursé les 544 yuans grillés en une soirée, entre le bouquet de fleurs et un bon dîner. L’entreprise réserve l’offre à ses 50 ingénieurs, la limitant à 3000 yuans par an, et s’étendant à tous types de frais, sauf ceux d’hôtel. En retour, la société n’a pas demandé la photo de la dulcinée, et privilégie la confiance.
Une autre entreprise d’équipement médical offre une prime pour quitter le dortoir et se mettre en ménage. Quoique très modeste (300 yuans), elle semble avoir du succès : en faisant évoluer l’idée, chez son personnel, que l’adolescence ne dure qu’un temps.
Cette pratique sociale a plusieurs objectifs : fidéliser le personnel (qui, autrement, change de métier et d’employeur à toute saison), et soutenir le moral des employés, pour la plupart encore très jeunes et immatures dans les relations sociales. Une approche pionnière—reste à voir si elle fera des petits à travers la Chine !
A Chongqing (Sichuan), à 18h en ce jour de juin 2013, Liu Xiang traînait dans un bar du centre-ville, au lieu de rentrer à sa cité-dortoir, à 90 minutes en bus. Car avec Yuan Li, son épouse depuis trois ans, les choses n’allaient pas fort : mariés trop jeunes, ils s’étaient déjà depuis longtemps tout raconté – ou du moins le croyaient-ils. Ils avaient peu de choses en commun (elle, les voyages, lui, les bars et les longues heures sur internet). Résultat, ils se disputaient pour un rien, jours et nuits.
Or, voilà qu’au bar, deux tabourets plus loin, Liu Xiang reconnut l’aguichante brunette en train de siroter son verre. C’était Xiaohua, son ex–de jeunesse. Ils se sourirent, se rapprochèrent. Deux verres plus loin, ils se tenaient la main. Elle n’habitait pas loin : il vint se consoler chez elle.
De retour à la maison, à minuit, il prétexta une réunion de dernière minute au bureau. Mais Yuan Li, toujours éveillée, fut intriguée par son regard en biais qui lui mit la puce à l’oreille… Liu Xiang avait une maîtresse !
Dès lors, la relation se dégrada rapidement, de regards fâchés en explosions furieuses, en désertion toujours plus fréquente du lit conjugal.
A l’été 2014, Liu Xiang prenait ses cliques et ses claques, laissant à Yuan Li leur petit deux pièces. Il eût bien voulu reprendre sa liberté légale, elle aussi d’ailleurs – en Chine, 80% des divorces sont demandés par l’épouse, et pour cause d’infidélité presque invariablement. Mais bornée, elle refusa—et toute la colère et les menaces de Liu Xiang se brisèrent devant sa détermination : c’est qu’il voulait la quitter, en lui laissant 250.000 yuans de dettes ! Or, il n’était pas question pour elle de le laisser filer.
Voilà pourquoi ouvrant sa porte six mois plus tard en février 2015, elle ne sut contenir sa surprise, devant un Liu attifé d’une cravate, tenant maladroitement un bouquet de quatre sous (ce qu’il n’avait jamais fait de toute leur union) pour lui présenter l’offre la plus saugrenue qu’elle eût pu concevoir.
Lion superbe et généreux, il acceptait à présent de régler leurs dettes, entièrement, d’un trait de plume, moyennant une toute petite formalité : qu’ils mettent leur état civil à jour, qu’elle vienne signer le divorce – maintenant, de ce pas. C’était à prendre ou à laisser ! Yuan Li fut désarçonnée. Connaissant son oiseau, rien qu’à son ton mal assuré, à ses yeux fuyants, elle flairait l’embrouille. Mais l’offre était alléchante : il avait apporté le cash, qu’il déposait sur la table, en liasses roses. Aussi, elle accepta : ils partirent de ce pas pour le bureau des mariages, et firent certifier sur leur Etat-civil leur rupture et célibat retrouvé.
Trois jours après, nouvelle surprise : un copain, perdu de vue depuis quelques temps, appela Yuan Li pour la féliciter, la laissant bouche bée :
- Mais de quoi parles-tu ?
- Quoi, tu ne sais pas ? Mais c’est un comble ! Avec Liu Xiang, vous avez gagné le gros lot au loto !
Chez Liu Xiang, le parfait amour avec Xiaohua avait connu des craquelures en 8 jours à peine, portant ce garçon faible et indécis à rêvasser à d’autres vies, femmes et fortunes. Ainsi, il s’était mis à jouer au loto des Sports, et ce mois-ci, pour le grand tirage du « Chunjie » (fête du printemps), il s’était fendu d’un billet entier.
Trois jours après, lors du tirage à la TV, il hurlait de jubilation : il avait gagné 4,6 millions de yuans, le prix d’une superbe garçonnière de 180m² avec vue sur le Yangtzé. Pour lui seul… à condition de divorcer, « ici et maintenant ». Ce qu’il avait réussi à faire en pratiquant la ruse du sourire de miel !
Mais Yuan Li ne se laissa pas faire. C’était pour elle « un coup de poignard dans le dos » (暗箭伤人, ànjiàn shāngrén).
Elle fonça chez un avocat de ses amis réclamer la moitié du gros lot. Le couple existant encore légalement lors de l’achat du billet, le magot tombait sous le régime de la communauté de biens.
Liu Xiang tenta de se défendre : s’il avait été percevoir son chèque le lendemain du divorce, c’était par pure coïncidence.
Mais le juge ne l’entendit point de cette oreille, et son verdict témoigna d’une subtilité digne de Salomon. Certes, la séparation était effective depuis plus d’un semestre, mais pas aux yeux de la loi, puisque le jour du tirage, ils étaient bien mari et femme.
L’épouse d’autre part, sans la moindre faute de sa part, avait subi un indiscutable et double préjudice depuis la séparation : émotionnel (c’était une femme abandonnée), et matériel, son niveau de vie baissant suite à la disparition de leur cumul de salaires. Nonobstant, elle avait quand même aussi des besoins incompressibles, et des droits. Erga, le juge lui octroya la moitié de ce qu’elle réclamait.
La photo du journal local montre une Yuan Li au sourire triste (cf photo), mais arborant la dignité d’avoir vu ses droits reconnus. Toute cette affaire ne lui aura certes pas redonné un mari. A tout le moins, Liu Xiang n’aura pas emporté le magot entier au paradis.
23 septembre au 7 octobre, Beijing Design Week. Retrouvez l’intégralité du programme ici !
23-25 septembre, Shanghai : Ligthing Fair, Salon des produits et technologies d’éclairage
23-28 septembre, Shanghai : SIBT, Salon professionnel des technologies de construction intelligentes
3-10 octobre, Shanghai : OPIIS, Salon international de l’expatriation, de l’investissement et de l’immobilier à l’étranger
5-6 octobre, Shanghai : Salon de l’immobilier et de l’investissement de Shanghai
5-11 octobre, Pékin : Tennis China Open (ATP World Tour 500)
10-12 octobre, Pékin : CIAME – China Int’l Automobile Manufacturing Exposition, Salon chinois de l’automobile et Forum mondial de l’innovation
10-13 octobre, Canton : CISMEF, Salon int’l des petites et moyennes entreprises
10-14 octobre, Shanghai : Shanghai Mode Lingerie
13-15 octobre, Shanghai : CHIC China , Salon mondial de la mode
14-16 octobre, Pékin, CIGE : Salon du verre
14-16 octobre, Shanghai : EP China / EP Shanghai / EPA, Salons internationaux de la production et de la distribution d’énergie
14-16 octobre, Shanghai : Electrical China : Salon int’l des équipements électriques