Le Vent de la Chine Numéro 20
La Chine fait face cette semaine à plusieurs échéances.
A commencer par le 8ème anniversaire du drame de la place Tian An Men. On en parle beaucoup moins à présent – oubli par la jeunesse de l’époque, à présent aux affaires, désintérêt de celle qui n’a pas vécu l’événement, et puis les autres dossiers «forts» ne manquent pas- à commencer par la succession, en cours, de Deng Xiaoping comme n°1 de l’empire, et les affrontements entre factions rivales. Tout ceci n’émeut, qu’au sein du Parti et des milieux intellectuels – le petit peuple comme la jeunesse, depuis longtemps, affecte de se désintéresser de toute chose publique. Ceci ne signifie pas que les événements du 3 juin ’89 aient disparu de la conscience collective.
Autre signe du temps: la saison des pluies (qui est le pendant, en Chine du nord, des moussons Sud-Est-asiatiques) est venue avec 6 semaines d’avance, offrant aux Pékinois un début d’été rafraîchissant et un air nettoyé de ses pollutions -mais menaçant en contrepartie le pays d’inondations d’une amplitude, plus atteinte depuis 1949. C’est paradoxalement ce moment que choisit le Min. de l’Agriculture pour annoncer une récolte record, sur les 32 M d’ha de terre emblavée.
L’Etat a besoin d’une bonne récolte, pour présenter au 15. Congrès d’octobre. Côté cour, à usage intérieur, Pékin avertit les structures de base de tout faire pour mener à bien cette récolte, malgré crues et intempéries!
Présenté à Pékin par son état-major, le tableau de Rhône-Poulenc contient de claires indications de la priorité N°1 mondiale donnée à la Chine.
En plus de la holding pékinoise et d’un centre de recherche qui ouvre en oct. à Shanghai, R.P. «pèse» 14 JV dans la grande Chine (9 provinces, plus HK et Taiwan), en pharmacie et produits vétérinaires, fibres textiles et polymères… JV phare: celle de Hangzhou (Zhejiang), qui produira en 1999 un pesticide (protégé par brevet jusqu’en 2001) d’avant-garde, bio dégradable et entraînant une hausse de récolte du riz de 20%…
Le groupe qui a vendu en 1996 pour 250 M USD en Chine, compte quadrupler ce chiffre d’ici 2002 – notamment par le réinvestissement systématique et la signature d’au moins 15 projets.
Ce faisant, Rhône-Poulenc suit un schéma suivi par de nombreux groupes: l’occupation du terrain chinois, afin d’exploiter la «faille historique» de l’ouverture au monde, pour se placer sur ce marché, qui n’est pas illimité!
Avec Shandong Electric Co., SITIC et China Light & power (HK), EDF signe une JV de 12,5 MM fr, de centrale à charbon de 3000 Mw dans le Shandong, construite et exploitée par la JV. C’est le plus grand projet en Chine de production indépendante d’énergie, avec étrangers.
Zhuhai (ZES dans le Guangdong, frontière Macao) vient d’autoriser le rachat d’entre-prises d’État par des intérêts étrangers, à fin de restructuration et de ré-enregistrement comme firmes étrangères (jusqu’alors, ces reprises n’étaient possibles que sous forme de JV, prises de participation etc). D’autre part, Zhuhai se prépare à enregistrer, dès que Pékin donnera son feu vert, des JV boursières, qui feront commerce des «B-shares» (réservées aux étrangers), sur les places de Shenzhen et de Shanghai.
Le futur avion euro-chinois de 100 places a 2 noms: AE316 (95 pl), AE317 (115 pl). Tous intégrés dans la gamme Airbus, qui compte sur eux pour faire passer sa part de marché chinois à 40%, d’ici 2000.
Suite à la visite de J. Chirac, Shanghai annonce que Paris offre des prêts bonifiés pour la construction de la 3. ligne de métro (25 km). Coût global du projet: 1 MM USD.
Sprint et Metromedia (USA) sont associés à Unicom (n°2 chinois des télécom), pour câbler des réseaux de téléphone au Sichuan et à Chongqing (25 MUSD) ainsi qu’à Tianjin. Autre réseau en discussion à Shanghai. Les PTT envisagent à terme, par ailleurs, la libération totale du secteur tél. mobile!
Avantage peut-être déloyal, pour la Zhejiang Electric Co., pour son lancement à la Bourse (Shanghai et Londres: exemption d’impôts sur le revenu. Rendement minimum escompté du titre: 15%. Recette attendue pour cette émission : 130-50 M USD.
JV entre la nippone NEC et Hua Rong (Shanghai) d’ 1 MM USD pour production de semi-conducteurs; le Président de Hua Rong n’est autre que Hu Qili, aussi ministre de l’électronique.
Mission difficile pour B. Anderson, nouveau PDG de Shell Chine: signer une JV pétrochimique à Canton (ce serait imminent), mais surtout relancer le projet mal aimé par Pékin, de complexe pétrochimie-raffinerie (6 MMUSD). Autre proposition de Shell-Chine: avec Keppel (Singapour): une unité de LPG (10MUSD) à Suzhou (Jiangsu).
British Petroleum (BP) construit (2MMUSD) une unité de craquage d’éthylène à Jinshan, BASF une autre à Nankin (3MMUSD).
L’investissement étranger retombera, cette année, à «30 à 40 MMUSD», soit moins 5,5%, le taux le plus bas depuis ’93. Pour le planificateur, c’est une mauvaise surprise – il avait annoncé au moins +16% (et 49,5MMUSD)»!
Un des innombrables bras de fer qui se livre en Chine, concerne rien moins que la clé de voûte de la Réforme de Deng -le partage des terres, effectif depuis 1982 – après avoir dissous les détestées communes populaires, le patriarche avait imposé ce «deal» d’une agriculture privée, les droits d’utilisation étant fixés à 15 ans. En 1997, le bail est en cours de renouvellement.
Progressiste, Pékin veut cette fois des contrats de 30 ans, pour inciter concentration de terres et investissement privé: 2 conditions sine qua non pour passer aux rendements de type occidentaux et nourrir sa population. Mais dans les villages, chefs et secrétaires du Parti renâclent, préférant renouveler pour 5ans, voire 2 à 1: plus de paperasserie plus de taxes locales et plus de pouvoirs pour les cadres- combat pour la survie de l’ancien monde. Combat sans espoir: Pékin, sur ce dossier, trouvera suffisamment d’appui populaire pour imposer la tranquille révolution foncière!
Ouverture en cours d’une base de données des marchés à terme.
Réseau entre six métropoles (Pékin, Tianjin, Shenzhen, Dalian, Xi’an et Changchun), bientôt 14. Sur le réseau, on line: les prix et demandes en produits agricoles, chimiques, textiles, matériaux de construction, électroménager et automobiles. Réseau réalisé pour le Ministère de l’Intérieur par Beijing-VSAT Satellite Info Network Ltd. But recherché : un pont entre ministères, producteurs, et les 4000 marchés de gros, du pays.
En 1995, le revenu de l’Etat est descendu à 14% du PNB (il en faisait 33% en 1978), et celui privé est passé à 69%. Par contre, le revenu salarial urbain ne faisait que 27%: la différence entre les 2, révèle les « revenus non salariaux», c’est-à-dire boursiers. Statistique qui traduit, de source officielle, une profonde inégalité.
Arrestation de 23 trafiquants de drogue à Taiyuan (Shanxi) avec 100 gr. d’héroïne.
La poudre blanche était de production locale – à 400 km de Pékin, 2000 km de la Birmanie!
A Canton, une rafle sur six semaines, a produit 18000 arrestations dont 2000 dealers. D’où 12 fusillés immédiats, 14000 envoyés en centres de cure, et 1300 en camps de travail. Une des prises : 522 kg de drogues.
A Pékin, la situation n’est guère meilleure: 24 fois plus de cas en 1996 qu’en 1992 et 2273 arrestations. Ceux qui, à Pékin, recréent la caste des drogués, viennent de la même tranche sociale : 87% hommes, 81% très jeunes, 99% sans bagage universitaire.
Malaise (bien connu en Europe) dans les écoles pékinoises : plus assez d’enfants – revanche de la politique de l’enfant unique. Au même moment, les enfants de la population flottante (semi-clandestine) ne sont qu’à demi scolarisés… Des solutions sont expérimentées (3896 scolarisés à Fengtai, banlieue sud), mais aussi freinées, par crainte que ceci n’incite plus de migrations vers la capitale -impopulaires auprès des pékinois!
L’enrichissement peut causer des dégâts écologiques, même à la campagne: au Sichuan, ces paysans de la «ceinture verte» de Chengdu brûlant les restes de leur moisson, enfument la ville durant des jours, bloquant même le fonctionnement de l’aéroport. C’est qu’ils cuisinent au butane, et non plus aux chômes, comme 3 ans plus tôt, du temps où ils étaient sur la paille.
A Fangshan près de Pékin, tourne depuis 1995 une «école de survie» très à la mode: déjà 2000 cadres du Parti, employés de JV (le groupe américain HP (Hewlett Packart) est mentionné) crapahutent dans la boue, de 3 jours à 2 semaines pour renforcer leur «volonté de puissance» (sic) et «solidarité».
Depuis mars municipalité autonome de 30 M d’âmes, Chongqing prend son envol avec les pouvoirs et les espoirs qu’aurait, ailleurs au monde, un État à part entière – rejoignant dans ce privilège Tianjin et Shanghai.
Pourquoi cette émancipation? En compensation pour l’impopulaire barrage des trois Gorges, selon les uns. Pour diviser le Sichuan, 1ère province en taille et en population, disent les autres. Ou peut-être simplement suivant cette dynamique ambiguë (faiblesse d’un État central sclérosé? décision visionnaire d’un leadership réformateur?) de régionalisation qui a déjà donné à Shanghai en 1992, avec Pudong, les pleins pouvoirs d’un 1er poumon économique national!
Quoiqu’il en soit, Chongqing vient de tenir son 1er Parlement (750 édiles) de ville libre. On y a parlé moins de politique que d’économie, vouant de prendre la place, ouverte par l’électricité du futur barrage, de «développeur» de toute la Chine de l’intérieur. Chongqing veut quadrupler en 12 ans son PNB (15 MM USD en 1995), avec une longue série de projets (agro-alimentaire, protection de l’environnement, high tech)… Programme comportant 2 spécificités, atouts de Chongqing à l’avenir: une zone nouvelle pour accueillir 1 M de «pieds noirs» chassés par le barrage, et l’autonomie législative et financière notamment, supérieure à Chengdu, sa rivale et ex- « maison mère »!
Arrestation de 23 trafiquants de drogue à Taiyuan (Shanxi) avec 100 gr. d’héroïne.
La poudre blanche était de production locale – à 400 km de Pékin, 2000 km de la Birmanie! A Canton, une rafle sur 6 semaines, a produit 18000 arrestations dont 2000 dealers. D’où 12 fusillés immédiats, 14000 envoyés en centres de cure, et 1300 en camps de travail. Une des prises : 522 kg de drogues. A Pékin, la situation n’est guère meilleure: 24 fois plus de cas en 1996 qu’en 1992 et 2273 arrestations. Ceux qui, à Pékin, recréent la caste des drogués, viennent de la même tranche sociale : 87% hommes, 81% très jeunes, 99% sans bagage universitaire.
Malaise (bien connu en Europe) dans les écoles pékinoises : plus assez d’enfants – revanche de la politique de l’enfant unique. Au même moment, les enfants de la population flottante (semi-clandestine) ne sont qu’à 1/2 scolarisés… Des solutions sont expérimentées (3896 scolarisés à Fengtai, banlieue sud), mais aussi freinées, par crainte que ceci n’incite plus de migrations vers la capitale -impopulaires auprès des pékinois!
L’enrichissement peut causer des dégâts écologiques, même à la campagne: au Sichuan, ces paysans de la «ceinture verte» de Chengdu brûlant les restes de leur moisson, enfument la ville durant des jours, bloquant
9-15 juin, le Bourget : Salon international aéronautique – 150 exposants chinois!
11-26, Shanghai : salon de l’auto
Juillet : conférence international de la science fiction – 1ère en Chine. 1000 écrivains et éditeurs du monde entier. Song Jian, ministre de la Comm. des Sciences et Technol. approuve : « Il faut nourrir l’esprit scientifique de la nation »!