Editorial : Chine – l’appel du monde

Du 17 au 19 novembre à Manille, le sommet de l’ APEC s’ouvrira avec deux enjeux, tous deux susceptibles de changer les destinées de l’Asie et des 21 pays de la zone Pacifique. 

Pékin revendique presque entièrement la mer de Chine du Sud, sans reconnaître de droits aux autres pays riverains. Hôte de ce sommet de l’APEC, Manille a dû rayer le sujet de l’agenda, afin de s’assurer de la participation du Président chinois Xi Jinping.
Ce qui ne veut pas dire que les Philippines ne veuillent pas en parler, tout comme l’Indonésie qui semble tentée de les suivre dans leur manœuvre osée, et porter plainte auprès de la Cour d’arbitrage de La Haye. La Malaisie de même, se montre aujourd’hui plus vocale qu’hier dans la défense de ses propres revendications. 

Aussi, ce sommet part sur un « dialogue de sourds » : Pékin prétend « n’avoir pas connaissance » de pays souhaitant aborder à l’APEC ce sujet pourtant très chaud, depuis la construction d’îlots artificiels chinois dans la zone. Par contre, les USA qui protègent les revendications des pays riverains, prétendent que le thème figurera bien aux travaux, « en coulisse, sinon à l’agenda ». 

L’autre thématique, plus officielle, est quel accord de libre-échange pour la zone Pacifique ?
Avec 11 pays —les plus avancés— les Etats-Unis ont préparé leur Partenariat Transpacifique (TPP), désormais prêt pour la ratification, et dont la Chine est pour l’instant exclue. L’arrière-pensée initiale semble bien être de la « contenir » à l’écart. 

La Chine pourtant, ne s’en soucie pas trop. 
D’abord parce qu’en 2014, ses échanges commerciaux avec les Etats-Unis pesaient plus lourds (600 milliards de $), que ceux des USA avec les pays du TPP (400 milliards de $). 
Ensuite, car ses propres objectifs de réforme économique, sont conformes aux normes du TPP, tels qu’en protection des investissements, droits du travailleur ou environnement. Ainsi, la Chine pourra faire sa demande d’adhésion au TPP, lorsqu’elle le souhaitera—à la première occasion favorable. 
Enfin, la Chine a sa propre idée de zone pacifique de libre-échange, le «  RCEP », à 16 pays. Elle veut lancer les négociations en 2016. Nul doute qu’elle compte faire un maximum de concessions, pour présenter «  une offre qui ne se refuse pas ».

Autre sujet : il se trouve que début novembre, la Chine demandait à entrer à la BERD (Banque Européenne de Reconstruction et Développement).
Les pays de l’Union Européenne, en décembre, diront sans doute « oui ». En même temps, Pékin s’apprête à recevoir le feu vert (peut-être fin novembre) pour l’entrée du yuan aux DTS (Droits de Tirage Spéciaux), la quasi-monnaie du FMI (l’agence monétaire planétaire d’obédience européenne). 
Une chose est claire : la Chine veut travailler plus avec l’Europe à la remise à jour des circuits financiers du globe. 

Et la demande est réciproque : avec des outils de croissance tel «  Une route, une ceinture », Europe et Chine peuvent espérer pacifier le « voisin incandescent du Moyen-Orient » (selon le mot de la Chef de la diplomatie européenne F. Mogherini), et enrayer terrorisme et émigration massive. 

Mais pour y parvenir, il faut d’abord régler les soucis sécuritaires de l’Asie du Sud-Est et enterrer le conflit sur la mer de Chine du Sud. On en est loin sans doute.
A moins de rêver, avec Lee Li-heng, metteur en scène sino-taiwanais, commentant l’historique poignée de mains du 7 novembre entre Xi Jinping et Ma Ying-jeou, les Présidents des deux territoires « frères ennemis » : «  s’ils arrivent à faire ça, quels problèmes autour du détroit, ne peuvent être réglés par le dialogue à l’avenir » ?

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