Progrès technologique et réchauffement climatique se combinent pour promettre à l’ Europe et à la Chine deux futures routes d’échanges:
– Premier transporteur maritime chinois, COSCO annonce (27 octobre) une ligne régulière vers l’Europe via l’Arctique, par le passage Nord-Ouest.
L’annonce suit l’aller/ retour de son cargo Yong Sheng sur cette route en 55 jours, soit 9 jours (et 4000 km) de moins— perspective tentante.
– Le groupe néerlandais Rabobank prédit un rebrassage des cartes pour les transports alimentaires, grâce à la ligne ferroviaire Yu’Xin’Ou, Chongqing-Duisburg (Allemagne).
Par rapport à la route maritime, cette liaison économise les deux tiers du temps—le trajet par train ne prend que 12 jours (fin 2015).
De 2011 à 2014, 233 convois ont empruntés cette route, soit 5,4 milliards de tonnes de marchandises (jouets, ordinateurs…), pour une valeur de 6,8 milliards de $, voyageant surtout vers l’Ouest, et retournant souvent à vide.
Pourtant bon an mal an, la Chine importe d’Europe 6-7 milliards de $ de produits frais (porc, laitages, fruits, fruits de mer), volume qui augmentera de 50% sous 5 ans.
Pour l’heure, Yu’Xin’Ou coûte le double du bateau et 60% de moins que l’avion, mais baisse de 45% depuis 2011, à 0,55$/t/km. Avec de tels atouts, il devrait pouvoir reprendre une partie des 10 millions de tonnes du trafic de périssables convoyés par bateau.
Cependant, aucune de ces deux routes n’est opérationnelle. En Arctique, une étude de l’université d’York de 2015 le confirme : hormis 3 mois d’été, le passage Nord-Ouest, restera, pour des décennies encore, impraticable pour cause de gel trop élevé (2m à 4m de glace). Et de son côté, Yu’Xin’Ou ne sera ouvrable à l’alimentaire, qu’une fois équipé sur tout son parcours d’un réseau d’ entrepôts frigorifiques.
Résultat, pour cause de trop de froid d’un côté, et pas assez de l’autre, ces deux routes restent pour l’instant un mirage. Notons que dans les deux cas, la partie chinoise est la plus impliquée : pas par hasard, mais en raison de son programme à long terme de redéploiement industriel mondial, dit des « Routes de la soie ».
Sommaire N° 36 (XX)