Face à cette révolution verte en route, se profilent dans l’ombre plusieurs zones de retard. On ne s’étonnera pas de voir que ces blocages sont ceux où se mêle le plus d’idéologie agraire issue de l’ère de Mao :
– Trop de subventions. En 2012, la Chine versait 165 milliards de $ de subventions, et 2,3% de son PIB—un chiffre en hausse, tandis que ceux des pays de l’OCDE baissent (0,9% en 2010-2012). Dans son obsession d’autosuffisance, la Chine crée des distorsions de concurrence, obstacle potentiel aux accords de libre-échange (ALE) qu’elle vise pour l’avenir avec Etats Unis ou l’UE. Ainsi, de l’ALE avec la Suisse, l’agriculture est exclue : le fermier suisse touche 50% de subventions, le fermier chinois 17%, primes qui sont incompatibles avec le « libre échange ».
– Une mécanisation « low-cost ». L’an passé, la Chine versa 3 milliards de $ pour du matériel de faible qualité, dont presque 30% en subventions directes. Ainsi le paysan perd l’occasion d’un saut technologique, ne bénéficiant pas d’un matériel plus sûr, multifonctions, ni moins polluant. Ce choix politique décourage aussi l’émergence d’une industrie de pointe : les constructeurs sont trop souvent des amateurs opportunistes, tels le fabricant automobile Chery, qui sortait son premier tracteur en 2010.
– Enfin, Pékin est conscient de devoir démanteler son stockage public des grains, cause de milliards de $ de fraudes par an. Mais provinces et cadres corrompus opposent une résistance farouche. Au moins, un pas a été franchi, avec la fermeture cette année du stockage public du coton.
Le grand problème en définitive, risque d’être comment ressusciter la vocation paysanne. En 2015, les campagnes continuent à se vider de 10 millions de jeunes vers les villes. Comment inverser la tendance ? Peut-être par la sécurité sociale et par le tourisme rural, qui connait un développement rapide et rémunérateur. Mais il y a du pain sur la planche…
Sommaire N° 27-28 (XX)