L’offre de contribution chinoise à la lutte anti-réchauffement climatique (partie du plan de l’ONU, qui doit être débattu et avec un peu de chance, adopté en décembre à la conférence « COP21 ») fut présentée par le 1er ministre Li Keqiang, lors de sa visite d’Etat en France (29 juin-2 juillet). Par cette annonce hors frontières, la Chine apportait son soutien au pays-hôte de la COP21, au point de mettre son poids au service d’un « lobbying » pour une cause commune – indice d’une relation franco-chinoise au beau fixe.
Autre tournant : la Chine renonçait à faire obstruction aux tentatives de l’ONU de réglementer les émissions de gaz à effets de serre - une méthodologie qui heurtait la sensibilité chinoise et son idéologie. A vrai dire, sa position héritée de l’histoire (qui imputait aux Etats « bourgeois » la responsabilité historique de nettoyer la pollution planétaire), était devenue intenable, une fois devenue émettrice de presque
30% du CO2 mondial. À présent, elle est prête à agir, et vite, assumant sa part avec des pays alliés tels l’Union Européenne (France en tête) ou les Etats-Unis. Voici son offre à la COP21. D’ici 2030, elle veut : - réduire son
intensité carbone de 60-65% par rapport au niveau de 2005, avec un
pic d’émissions de CO2 de 12,7 milliards de tonnes (9,8 milliards en 2014), au plus tôt en
2027. Suivra un plateau de plusieurs années, avant une lente redescente ;- augmenter à 20% sa part d’énergies « propres » à bas carbone. Elles monteront en capacité à 800-1000GW, dont 200GW en éolien (doublés depuis 2014) et 100GW en solaire (qui atteignaient 28GW en 2014);- élargir de 20% ses surfaces boisées, façon d’absorber 2,2 milliards de tonnes de CO2 de plus par an d’ici 2030.Pour l’ONG
Réseau Action Climat, l’offre de la Chine aurait pu être plus ambitieuse, celle-ci ayant dès 2014 parcouru la moitié du chemin (-33,8% d’émissions sur 2005). D’autant qu’à ce stade, les offres nationales ne pourront assurer l’objectif commun de limiter le réchauffement global à
2°C d’ici 2100. Mais il faut dire que ces derniers temps, Pékin habitue le monde à réaliser plus qu’elle ne promet : en 2014, elle a grillé 3% de charbon en moins, et moins 8% entre janvier et avril par rapport à la même période il y a un an. Dans son nouveau schéma, la Chine intègre l’idée d’une
décarbonisation de son économie, en collaboration internationale pragmatique, pour abaisser les coûts des technologies nouvelles à bas carbone. Ainsi symboliquement le 29 juin, la Chine s’engageait avec les Etats-Unis sur deux projets de séquestration de CO2 (émis par des centrales thermiques, et stocké dans des formations rocheuses sous-terraines). Le même jour à Bruxelles, Li Keqiang réaffirmait que son pays était prêt à investir dans le fonds Européen d’Investissements Stratégiques (EFSI), appelé à gérer 315 milliards d’euros. Ici, le projet chinois des « Routes de la soie » n’est pas loin… Ultime signe de conversion à cette coopération multinationale, la Chine veut bien contribuer « dans la mesure de ses moyens » à un
fonds de soutien technologique à la décarbonisation des pays en développement de 100 milliards de $ par an, à verser par les pays du Nord à ceux du Sud. Le coût du plan pour la Chine d’ici 2030 est estimé par
Xie Zhenhua (l’ex-négociateur chinois à la COP-21, chargé du changement climatique) à 6600 milliards de dollars. Mais les retombées pour la Chine seront à l’avenant : elles lui assureront sa place au soleil sur le marché technologique des industries à bas carbone de demain, notamment à l’export dans le tiers-monde.
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