Du 15 au 17/11, Meng Jianzhu, patron de la Sécurité intérieure, était reçu à Téhéran, par de hautes autorités, ainsi que Wang Zhaoguo, du Comité Central. Deux visites liées à l’ouverture à Genève, d’une semaine de négociations (16-24/11) sur le démantèlement nucléaire iranien.
Malgré l’embargo mondial contre l’Iran, la Chine est premier client de son pétrole. Pourtant, elle ne souhaite pas la dissémination de l’arme atomique au Proche-Orient, ni la diffusion mondiale d’un Islam terroriste. Justement, après 30 ans d’une fière isolation qui l’a laissée financièrement exsangue, l’Iran tente de négocier son retour sur la scène internationale.
Tout ceci incite Pékin à modifier la relation sino-iranienne : elle envoie ses émissaires négocier l’abandon par Téhéran de tout soutien à des groupuscules séparatistes ouighours sur son sol. Fait très parlant : la visite des deux hauts cadres est immédiatement suivie par la « découverte » d’une fausse banque à Shenzhen, qui transférait les fonds d’une cellule terroriste iranienne Quds. Ce nettoyage d’un financement intégriste, qui pourrait faire suite à un « lâchage » par Téhéran, ne peut que satisfaire Pékin.
Entre-temps, depuis quelques mois Etats-Unis et Arabie Saoudite (leur al-lié et un ennemi de l’Iran) produisent des hydrocarbures en volume supérieur aux besoins, faisant ainsi chuter de 25% le cours mondial. C’est pour casser les revenus du Qatar, un des soutiens de l’Etat Islamique – et ceux de l’Iran, afin de l’acculer à l’abandon de sa course à la bombe. Or à ce moment critique, Pékin offre à Téhéran le doublement (17/11) des investissements chinois d’infrastructures, à 52 milliards de $. Autrement dit, un soutien indirect contre les sanctions. Ces fonds serviront à restaurer des oléoducs, raffineries, mais aussi à la production d’électricité et d’autres sources d’énergie.
Ainsi, les temps changent. À l’unisson avec Obama, Xi Jinping semble d’accord pour encourager Téhéran dans sa normalisation. À condition que ce dernier accepte d’immoler ce qu’il adorait encore hier : l’exportation d’un réveil islamiste violent. Mais l’Iran peut le faire d’autant plus aisément que la cible, l’Etat Islamiste, est sunnite, alors que lui-même est chiite.
Sommaire N° 38