Comme d’autres pays, la Chine sent l’inquiétude monter à propos d’
Ebola, virus découvert en 1976 au Zaïre (RDC), mortel dans 70% des cas, qui a déjà causé la mort de plus de 4400 personnes, en l’absence d’un vaccin. <p>Son arrivée possible menace la 116ème Foire de Canton : l’édition d’ automne pourrait souffrir une perte sèche en visiteurs et exposants (500.000 en mai dernier, dont 15.000 venus d’Afrique).Pourtant, sans avoir déclaré un seul cas, la Chine dispose d’une série d’atouts intéressants pour l’OMS, à commencer par l’expérience glanée lors de crises épidémiques, du SRAS en 2003 (Syndrome Respiratoire Aigu Sévère), puis de grippe aviaire (H5N1 en 2009, H7N9 en 2013).
En novembre 2002, la Chine s’était trouvée sans système de prévention ni coopération sanitaire, face à un SRAS que la censure permettait de se propager sans entrave. Une des 1ères tâches de Hu Jintao, à peine installé au pouvoir, avait été de débloquer 200 millions de $ pour créer un réseau de Centres de Contrôle et de Prévention des maladies (CDC) à travers le territoire et d’ordonner une transparence complète sur les données du SRAS. Une bonne surprise avait été l’aptitude démontrée par la population à isoler tout nouvel arrivant. Aussi si Ebola doit atteindre la Chine, le ministère de la Santé et l’OMS, en pleine synergie, peuvent compter sur plusieurs lignes de défense déjà en place.
A Pékin, la menace est prise très au sérieux : dans chaque province, un hôpital est désigné et formé en urgence, et à toutes les gares, aéroports et postes frontière, les détecteurs de température sont en alerte rouge.
Des négociations sont engagées avec les pays et les centres mondiaux de défense épidémiologique. En une coopération débutée en juillet, des médecins et infirmières ont monté au Sierra Leone (l’épicentre du fléau), un hôpital de campagne—ils sont aujourd’hui 174. Pékin a également investi 54 millions $ hors frontières (dont 8,3 millions $ en dons directs) et a envoyé 10.000 doses (15/10) d’un remède expérimental curatif et préventif « JK-05 », des laboratoires Sihuan et de l’Académie Militaire des Sciences Médicales. En cas de succès, cette molécule relativement simple serait aisée à produire massivement, affirment ses auteurs.
Ainsi, alors que l’hydre menace le monde, la Chine se profile avec les Etats-Unis comme un des deux principaux champions, aux coudes à coudes pour la défaire.
Sommaire N° 34