Lundi 22 septembre vit, à 2700 km de distance, s’affronter deux âges et deux conceptions de Hong Kong. C’ était le combat du pot de fer contre le pot de terre, ou encore de David contre Goliath.
– Ce jour-là, au Palais du Peuple à Pékin, Xi Jinping recevait 70 fidèles soutiens du régime à Hong Kong : magnats tels Robert Kuok (groupe Kerry), Li Ka-shing (Cheung Kong, Swire), Peter Woo (Wharf), des cadres, politiciens, enseignants et Tung Chee-Hwa, Chef de l’Exécutif en 1997, aujourd’hui vice-Président de l’Assemblée CCPPC.
Xi leur répéta que le sésame du retour de Hong Kong à la Chine (« un pays, 2 systèmes ») ne changerait pas, ni la ligne politique (« pousser fermement développement démocratique, prospérité et stabilité»). Xi ajouta toutefois le petit mot qui changeait tout : «à l’avenir nous nous efforcerons de jouer un rôle plus actif dans les affaires hongkongaises ».
Il y avait de quoi ranimer les angoisses des insulaires, à cheval sur l’autonomie de leur « Rocher ». Pourtant l’idée n’est pas si mauvaise. Une faiblesse de la Région Administrative Spéciale est son manque de réseau. En dehors du cadre officiel, entre Hongkongais et politiciens pékinois, on discute peu, au risque de rester incompris à Pékin et de voir ses demandes ignorées. Or, cette intervention fréquente promise par Xi, pourrait accélérer des projets de Hong Kong, telle son interconnexion à Shenzhen et au Guangdong.
– Le 31 août, la Chine avait octroyé le suffrage universel pour l’élection du Chef de l’Exécutif en 2017, comme promis lors du Traité avec Londres en 1984. Mais le système que Pékin a imposé, privera les citoyens du choix des candidats—il ignore aussi le vœu de 22% de la population, exprimé par référendum informel.
Aussi ce même lundi 22/09 à Hong Kong, 13,000 étudiants de 20 écoles et universités, entamaient un boycott des cours et des marches à travers la ville. Ils espéraient attirer la majorité des 78.000 jeunes étudiants. La ville soutient ses jeunes, à 54% de ses habitants et 74% des moins de 35 ans : une douzaine de proviseurs permettent aux élèves de «sécher » les cours, moyennant une lettre des parents. Pétrie de courage sans illusion, l’opinion générale était résumée par cette étudiante : « Nous savons très bien que Pékin ne cédera pas, mais nous n’avons pas d’avenir de rechange »…
Autrement dit, ces étudiants veulent se battre sur le long terme : leur principal fruit, paradoxalement, pourrait bien être ailleurs: en réveillant leurs parents, restés groggy par le coup de force de Pékin, quant à l’avenir de leur ville.
Sommaire N° 32