Editorial : Shanghai, le Phoenix renaît de ses cendres !

Comme chaque été, amis lecteurs, Le Vent de la Chine reprend son souffle. Merci de votre fidélité et rendez-vous au 31 août, pour le n° de rentrée. 
Pour ce numéro estival, nous avons voulu vous offrir une perspective, et un ton autre : un n° entièrement consacré à Shanghai et à différentes entreprises françaises qui y sont implantées. Très différentes par leurs tailles et objectifs, toutes partagent l’énergie de la ville, sa foi en l’avenir. Bonne lecture !

Jusqu’en 1949, Shanghai était la fière métropole du Yangtzé, vrombissante d’usines, 5ème place financière du mon-de, et rendez-vous glauque des jardins des fleurs et des fumeries d’opium. Puis quand Mao eut acquis la Chine au socialisme, vint pour la « grande catin capitaliste » le temps du châtiment : démontées, les usines partirent pour le Centre. Tout ferma, banques et bordels…Les riches trop lents à s’exiler, furent exécutés. 

Quarante ans suivirent en léthargie. Le réveil sonna en 1989, comme sous le baiser d’un prince charmant étranger : au nom de la réforme et de la politique d’ouverture, la « tête du dragon » pouvait quitter son antre. Toutes griffes dehors elle bondit alors, sortant les plans d’urbanisme qu’elle ressassait depuis des décennies. Par trois ponts géants, elle terrassa l’impétueuse rivière Pu et se lança à la conquête des sols vierges de l’autre rive, sur Pudong. Mille gratte-ciel y surgirent en 10 ans, aux designs les plus audacieux. Depuis sa « City » de Liujiazui, elle relança le crédit, les assurances, les investissements, sur le Yangtzé en amont jusqu’à Chongqing, tout autour d’elle entre Jiangsu, Zhejiang et Fujian, provinces les plus riches. 

Depuis lors, elle est redevenue la perle de l’Asie, musée vivant d’architecture coloniale ou futuriste, l’argent y coule à flot, mais aussi le savoir-faire, la tradition européenne précieusement préservée. 1ère place d’ingénierie d’Asie, 1er port mondial de conteneurs, Shanghai fait danser camions et navires à en perdre le souffle. Son métro rivalise avec celui de Hong Kong, rival qu’elle rêve d’évincer. Les multinationales y pullulent, avec leurs centres de R&D bien équipés. En un mot, Shanghai c’est la ville où tout Chinois comme étranger, n’hésite pas à quitter sa place bien payée pour se mettre à son compte, devenue l’incubateur de tous les possibles… 

Pourtant, impossible de s’y tromper, la ville souffre aussi. Les grands projets sont en panne, faute de crédit. L’immobilier stagne. Les boutiques de luxe hèlent le client, qui se garde d’entrer par peur d’être happé par les sbires de l’anti-corruption. La crise se lit aussi la nuit, sur les façades sombres des résidences désertes : pour ces dizaines de milliers de F3/F4, ni acquéreurs, ni locataires. Et tel un monstre du Loch Ness, la nouvelle Zone de Libre Echange lève parfois la tête, mais n’émerge toujours pas. Pour la première fois, pour travailler, les Shanghaïens doivent accepter de partir. Beaucoup trop tôt, à peine 20 ans après avoir «fauché» les métiers textiles de France ou d’Italie, la ville les revoit repartir pour Wuhan ou Chongqing. A son tour, après Francfort ou Paris, elle doit batailler pour trouver sa nouvelle place, comme plateforme de services, d’arts, ou de finance. 

Mais pour cet homme d’affaires qui me reçoit aimablement mais trop vite, faute de temps, la vie continue – pas le temps de se plaindre ! Avec une énergie vitale qui semble sans limite, Shanghai traverse aisément la récession mondiale – simple douleur de croissance, le squelette qui grandit !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
15 de Votes
Ecrire un commentaire