C’est décidément une nouvelle phase d’une très vieille guerre menée par des séparatistes ouighours contre l’ordre Han au Xinjiang.
Jeudi 22 mai à 7h50 du matin à Urumqi, dans un marché Han rue Beigongyuan, deux 4×4 se jettent dans la foule, fauchent camelots et chalands, accompagnant leurs tueries de jets d’explosifs. En fin de course, les deux véhicules se percutent et un explose. Bilan : 34 morts (dont les assaillants) et 94 blessés, surtout des femmes et des vieillards.
L’attaque-suicide a été conçue sur le modèle de celle de Pékin fin octobre 2013, à savoir : faire un maximum de victimes. Heureusement, l’attaque place Tian An Men n’avait fait « que » 5 morts, du fait que les dizaines de kilos de carburant et mélange chimique à bord, n’avaient pas explosé.
Deux jours plus tôt, le 20 mai, près d’Aksu (Xinjiang), une manifestation revendiquant la libération de femmes incarcérées pour port de voile, avait dégénéré : la police armée avait tiré dans la foule, causant 4 morts et des dizaines d’arrestations.
La veille, le 21 mai, 39 Ouighours inculpés pour faits de terrorisme, avaient été condamnés à jusqu’à 15 ans de prison.
La proximité de ces deux dates avec celle de l’attentat du marché d’Urumqi, pourrait faire penser à une vengeance des séparatistes.
Une source des tensions récurrentes, est la campagne en cours au Xinjiang, pour empêcher les Ouighours de porter les signes extérieurs de leur religion, voile pour les femmes et barbe pour les hommes. Mais ces attributs sont devenus, pour beaucoup, un symbole de résistance à l’ordre chinois – et de plus en plus de Ouighours, hommes ou femmes, ne craignent plus la mort pour défendre leur cause. Ce qui explique cette spirale de violences.
Lors de notre premier passage au Xinjiang il y a 20 ans, l’atmosphère était tendue, les hôtels protégés par des barbelés et casemates, et le couvre-feu était de rigueur. Hélas aujourd’hui, cette ambiance peu paisible est toujours bien présente : rien n’a changé…
Retrouvez la version anglaise de cet article sur le blog d’Eric Meyer – Forbes
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