Editorial : La Chine au bois dormant

Wal-Mart ferme 29 magasins en Chine, dû à de longs mois de mévente ! L’huile et le porc voient leurs prix chuter de 15%… « C’est du jamais vu ! », commente ce professionnel. En cause, principalement : la disparition des cartes de crédit « cadeau » que l’employeur offrait aux salariés, jusqu’à 40% de salaire « au noir », à dépenser, entre autres, au supermarché. Dépossédée de ce pécule, la ménagère désormais remplit moins son caddie… Sous le vent du boulet de la campagne anti-corruption, les firmes n’osent plus ces pratiques qui flouaient l’Etat de taxes et parts sociales. Du coup, dans le pays, des dizaines de milliards de yuans, budget dormant, disparaissent du radar. 

Pékin veut, on le sait, briser l’opposition aux réformes des ultraconservateurs. Mais en attendant, la Chine se mue en belle au bois dormant. Pour éviter la faillite des provinces, le 1er ministre n’a d’autre choix que de retourner, à petite échelle, aux mauvaises habitudes : rendre aux provinces le droit d’émettre des obligations, et les laisser vendre du terrain aux promoteurs. Au 1er trimestre, elles auraient augmenté leurs ventes foncières de 40% : exactement ce que Li Keqiang avait promis d’interdire, pour prévenir la surchauffe et l’éclatement de la bulle immobilière… 

Tout le monde en Chine, cependant, ne grimace pas. L’industrie de l’équipement sourit : surtout celui dédié à l’environnement, qui bénéficie d’un mini-stimulus -autre recul des engagements du 1er ministre. Un exemple est ce plan de 3,35 milliards de $ au Heilongjiang en 2014, pour la restauration des canaux d’irrigation ; un autre, la centrale thermique « ultrasupercritique » de 2GW qu’EDF va bâtir en 2016 dans le Jiangxi, en JV (49/51%) avec Datang, pour 900 millions d’€. Une centrale plus propre, plus performante, mais malgré tout trop sale pour être admise en Union Européenne… 

Un autre secteur se porte plutôt bien en Chine : le cinéma. 20.000 salles obscures récoltaient 2,6 milliards d’€ de recettes en 2013, et + 30% au 1er trimestre 2014. Or, le cinéma français y trouve un certain succès, avec 5,2 millions d’entrées en 2013. Après « Un plan parfait » avec Dany Boon l’an dernier, l’acteur récidive avec « Volcan » qui sort sur 3000 écrans. Pourtant, le cadre règlementaire protectionniste ne favorise pas les films étrangers : seuls 5 à 7 films européens passent chaque année en Chine, contre une douzaine pour Hollywood. Le 16/04, le Festival international du film de Pékin mettait la France à l’honneur, avec en ouverture « La Belle et la Bête », par le réalisateur Christophe Gans et l’actrice Léa Seydoux (cf photo). Année du 50naire des relations franco-chinoises oblige, la tutelle (SARFT) envisagerait d’ajouter 2 à 3 licences. Surtout, comme Hollywood, 8 producteurs français multiplient les coproductions, dont Jean-Jacques Annaud (« le Totem du loup »), Philippe Muyl (« le Promeneur d’oiseau »), et Luc Besson (Europa Corp et Fundamental Films, un groupe chinois) qui tourne avec Jean Reno, très populaire en Chine.
Contrairement aux Etats-Unis, le public chinois apprécie les superproductions européennes, même les comédies ! Une tendance qui, selon JP. Salomé, président d’UniFrance (l’organisme de promotion des exportations de films) pourrait permettre à terme aux ventes en Chine, de dépasser celles aux Etats-Unis !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
16 de Votes
Ecrire un commentaire