En économie, l’ année du Cheval va rapidement voir l’Etat être obligé de se confronter sans retard à l’avalanche de dettes des provinces.
Dès le lendemain du chunjie (31/01), le titre China Credit Trust (CCT), mature après 3 ans de circulation (intérêt de 10%), ne pourra plus être remboursé et l’ICBC, qui l’a vendu à l’époque, n’envisage pas d’en assumer la responsabilité. Le bon CCT avait servi à refinancer la dette de Zhenfu. Aujourd’hui en faillite, ce groupe minier du Shanxi accuse 5,9 milliards ¥ de dettes pour 500 millions ¥ d’actifs (moins du 10ème). On prête à l’Etat l’intention de laisser faillir le titre CCT, pour inculquer la prudence aux spéculateurs. Et si la rumeur court, c’est avec la bénédiction publique.
Autre mesure « anti-dettes »: Pékin veut précariser les faillis frauduleux. La Cour Suprême crée une liste noire, et les interdits d’avion, de train 1ère classe, de cartes de crédit. Et la Banque Centrale annonce qu’elle fermera les groupes publics « incompétents ».
Xi Jinping mène depuis son début de mandat une double campagne contre corrompus et dissidents.
Elle va se durcir en 2014, au risque de mettre fin à l’« état de grâce ». Résolument optimiste, l’économiste M. Pettis voit dans ces campagnes l’outil du grand plan de Xi, dit « Rêve de Chine ».
En étouffant critiques et lobbies, Xi veut accélérer la dérégulation du crédit et des taux d’intérêts, l’innovation, la réforme du droit foncier, voire la redistribution d’actifs publics aux ménages. L’idée est de réduire la croissance à 3-4% (contre 7,7% en 2013) en compensant par une hausse de productivité, de supprimer les transferts cachés offerts aux riches et aux consortia publics, par l’accès au crédit, le droit à polluer, l’entente sur les prix et le taux d’intérêt trop bas.
S’il réussit, les PME vivraient un âge d’or d’accès au crédit, et les consortia devraient devenir compétitifs, y compris face aux groupes étrangers dont la concurrence se renforcerait dans les services. En tout cas, le temps des taux de croissance à 10%, voire 7%, aura vécu.
Quid de l’immobilier ? En 2013 encore, l’effort de l’Etat pour calmer le marché n’a pas suffi, face aux pressions des provin-ces pour maintenir les ventes, source de revenus. Elles atteignait 1340 milliards de $ en 2013, soit +26% et les prix grimpaient de 9,2% (20% à Shenzhen). Selon les experts, la demande et les revenus en hausse, devraient maintenir une croissance « modérée ».
Concernant les zones de libre échange, un des nouveaux outils de croissance, Pékin vient d’en autoriser 12 nouvelles (dont Canton et Tianjin).
La zone de Shanghai recevra la libre convertibilité du RMB dans ses banques (par la technique du « sweep », directe et sans paperasserie). Citibank le propose déjà à son client Roche (laboratoire helvétique), et HSBC à son client Dover.
On verra aussi de nouvelles zones d’urbanisation , surtout dans le Centre-Ouest, par noyaux autonomes (« clusters »), témoins d’un effort de création de modèles de villes du futur.
En environnement enfin, va s’accélérer la mise en place des quotas d’émissions de CO2, et de centrales d’énergies renouvelables.
Le gouvernement semble vouloir être prêt d’ici 2015, à rejoindre le système mondial de lutte contre le dérèglement climatique lors du COP 19 à Paris. Le temps du refus de l’action internationale est compté, et Pékin le sait.
Sommaire N° 4-5