Politique : Corruption – « toutes les mains sales seront prises »

La campagne anti-corruption fait rage. Le 14/01 devant la CCID (纪律检查, jilüjiancha, police interne du Parti), Xi Jinping avertissait : « toutes les mains sales seront prises », et même « tranchées » – à l’image de ce héros antique, qui s’était mutilé de sa main envenimée par un serpent, afin de se sauver. 

<p>En 2013, la CCID annonce avoir frappé 182.000 membres corrompus, 13% de plus qu’en 2012. Traquant les « 8 vices » (dont le formalisme, la bureaucratie, l’hédonisme et l’extravagance), des armées d’inspecteurs visitent des milliers de bureaux et foyers, et les greffes des tribunaux peinent à transcrire les verdicts qui frappent les « mouches » et les « tigres », comme promis par Xi Jinping. 

Parmi les tigres figurent Gu Junshan, ex-n°2 de la logistique de l’APL, corrompu ET proche de Bo Xilai, Li Chongxi, ex-haut cadre du Sichuan ET proche de Zhou Yongkang, et Li Dongsheng, ex vice-ministre de la Sécurité publique, aux ordres de Zhou Yongkang. 

D’autres poursuivis sont des industriels privés : Deng Hong, promoteur de Central City à Chengdu (probablement le plus grand bâtiment du monde), a « disparu » depuis 11 mois (en prison) – également proche de Zhou Yongkang.
De même, deux dirigeants de Sinopharm, groupe public du médicament chinois, sont sous enquête.
Enfin, le malheureux Bai Zhongren s’est donné la mort le 05/01 : les Chemins de fer chinois qu’il présidait avaient 530 milliards de ¥ de dettes (85% des actifs), et dans certaines provinces, ne pouvaient plus payer les salaires. Son ex-patron, alors ministre, Liu Zhijun, écopa de la peine capitale avec sursis en juillet 2013, et bon nombre d’autres hauts cadres ferroviaires attendent leur procès.

D’autres mesures sont prises, pour prévenir l’affaiblissement du mouvement, la priorité majeure de la nouvelle équipe :  Zhang Yi, professionnel des groupes d’Etat, est nommé Président de la SASAC (tutelle des consortia publics), en remplacement de Jiang Jiemin.‚ Depuis le 1er janvier, au-delà d’un certain grade, tout cadre doit déclarer son patrimoine, y compris celui hors-frontière (ce dernier, auprès de la SAFE). Le département de l’organisation du PCC prépare des inspections par sondage aléatoire, avec sanctions bien sûr en cas de fraude. Enfin, des passe-droits ou mauvaises pratiques sont éradiqués : ni train gratuit, ni billets de faveur pour les 20.000 civils travaillant pour l’APL. 

Tout le monde attend le procès de Zhou Yongkang, 71 ans, le Deus ex machina de toute l’affaire. On le sait déjà en prison et sous enquête depuis décembre. En autorisant l’inculpation, Xi a brisé un tabou, qui octroyait l’impunité à tout membre (ou ancien membre) du Comité Permanent. Il devrait être accusé de corruption et abus de pouvoir, mais probablement pas de trahison ou de menées séditieuses.

Ainsi, la campagne de « frugalité » enregistre-t-elle ses premiers succès, mais apporte aussi, par rebond, un défi : près de deux tiers de jeunes fonctionnaires récemment sondés, ressentent une injustice : les « cadeaux » qu’ils ne reçoivent plus, compensaient « leurs besoins fondamentaux ». C’est l’instant de vérité inattendu. La suppression des bakchichs doit s’accompagner d’un alignement des salaires publics sur le privé. Faute de quoi, l’administration cessera de coopérer.

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