Le 18/10 Chen Yongzhou, reporter au
New Express, de Changsha (Hunan) est arrêté, accusé de calomnie et de faux dans sa série de 15 articles accusant de fraudes le groupe Zoomlion, industriel en machines de construction.Or, avec une rare témérité, la rédaction en chef défendit son homme, affirmant avoir revérifié les allégations de Chen, elle réclama sa libération (cf photo). De nombreuses voix vinrent l’appuyer. L’Association nationale des journalistes enjoint le ministère de la Sécurité publique de garantir la survie du journaliste et de traiter le cas « dans l‘équité et le droit ». La SARFT, tutelle de la presse et du livre, rappelle son attachement aux « droits légitimes » des média…
Puis le 27/10, patatras : Chen paraît à la TV menotté, crane rasé et en tenue de détenu, pour avouer avoir reçu ses informations de concurrents (non précisés) de Zoomlion, et les avoir publiées sans rien vérifier, sous sa signature, grassement payé.
Du coup, la tutelle annonce des sanctions sévères contre…le journal privé, dont le rédacteur en chef va sans doute devoir partir.
On ignore cependant toujours la vérité. La vénalité est hélas monnaie courante parmi la presse chinoise, mais un « coup de Jarnac » ne peut être exclu.
Le résultat, en tout cas, est double : non seulement une lassitude envers la censure est universellement exprimée, mais les défenseurs de la presse libre (et privée) sont ridiculisés !
Sommaire N° 34-35