Avant de s’enfuir des USA vers Hong Kong le 20/05, Edward Snowden, transfuge de la NSA, lançait une bombe en accusant son agence de hacker des millions d’individus à travers le monde, y compris à HK et en Chine. Sous l’angle de sa sécurité, le choix de cette retraite est subtil : Snowden se retrouve dans un « no man’s land » politique où pour l’instant ni Chine ni USA n’ont osé venir le chercher. Il dispose ainsi d’un peu de temps pour mener sa croisade morale. Pour lui, comme pour Julian Assange (Wikileaks), la mainmise croissante des Etats sur internet menace toujours plus les libertés individuelles.
Pour Pékin, l’affaire pourrait être alléchante : elle lui permettrait de débriefer un des rares hommes qui connait l’architecture du système d’espionnage américain sur internet. Car pour « payer » sa protection, le hacker de 32 ans devrait, telle Shéhérazade, raconter « tous les soirs une histoire », des noms, des réseaux…
Mais cela suppose aussi de lourds risques pour la Chine : elle se mettrait à dos un pays avec qui elle cherche à conclure une alliance ambitieuse, et encouragerait la trahison des secrets d’Etat, suivant un modèle « Robin des Bois » – une initiative qu’elle veut à tout prix décourager chez elle.
Ainsi, depuis son arrivée, Snowden se terre et distille ses interviews, tandis que la Chine se tait, prudente. Hong Kong elle, par son Chief Executive, Leung Chun-ying, s’apprête à « gérer toute demande d’extradition…selon son système juridique ». Une formule ambigüe, qui devrait signifier qu’elle attend les ordres de sa tutelle, la Chine.
Sommaire N° 21