Le 20 mars, une fuite apparait dans Epoch Times, journal de dissidents chinois en exil : suite à sa mise aux arrêts 12 mois en arrière, Bo Xilai serait accusé d’avoir fomenté un coup d’Etat. Au même moment, pas par hasard, le journal Caixin accuse lui aussi Bo Xilai, mais d’un délit moins grave, la débauche – 170 maîtresses, parfois mineures, avant sa chute. Deux chefs d’inculpation possible, pour deux voies judiciaires fort différentes, politique ou de droit commun.
Si le chef d’inculpation de tentative séditieuse est retenu, cette faute très lourde contre le régime ne peut avoir pour verdict qu’une peine capitale, et contrairement à sa femme Gu Kailai (condamnée pour l’assassinat d’un homme d’affaires britannique), sans sursis de deux ans. Si elle est appliquée, une fraction importante du pays, notamment à l’intérieur, dans les milieux ruraux et au sein des très influentes familles des « princes rouges », seraient veuve d’un passé révolutionnaire que Bo incarnait : un tel procès du type « bande des quatre », aurait l’effet d’une démaoïsation.
À la perturbante rumeur, Epoch Times ajoute que des personnalités militaires et de la sécurité publique seraient impliquées dans le complot : si tel est le cas, le pouvoir pourrait souhaiter, par réalisme politique, s’en tenir au chef d’inculpation de licence sexuelle. Ce serait, en chinois, « épargner le rat pour sauver le vase » (tóushǔjìqì, 投鼠忌器), ou encore, « éviter d’agiter la barque » (bié huàngdòng zhè chuán, 别晃动这船). En tout cas, le silence prolongé du pouvoir, depuis juin dernier, suggère des tractations ’ intenses, inévitables vu l’enjeu.
Sommaire N° 11