Graves ou légers, nombre de sujets se discutaient la semaine passée, aux deux plenums qui viennent de s’achever :
– Le cas de Li Tianyi s’aggrave. Accusé de viol collectif, ce fils du Général-ténor Li Shuangjiang est aussi convaincu de mensonge sur son âge, pour bénéficier d’une sentence allégée en tant que mineur. Il avait déclaré 17 ans, il en aurait 19, dit la presse. Si l’on s’acharne sur ce jeune, ce serait en raison d’un comportement d’enfant gâté, mais surtout de luttes de faction (cf Vdlc n°9)
– L’anglais fait des ravages à l’école, déplore devant la CCPPC le chercheur Zhang Shuhua. Trop populaire, il fait oublier… le chinois, dont le niveau se délite, sans pour autant améliorer celui des jeunes en la langue de Shakespeare, qui reste obligatoire même lorsque l’on se destine à la médecine ou à l’histoire ancienne…
– Corruption et évasion fiscale sont au cœur des deux assemblées. Un professeur, Zhu Lijia, estime à 1,2 million le nombre des hauts cadres « nus », dont fortunes et familles sont déjà sorties du pays, et les attendent au chaud. En 2011, selon une étude de Boston Consulting et de CCB, les riches avaient mis au frais 446 milliards de $ hors frontière, 3% du PIB, chiffre qui devrait doubler sous 5 ans. Certains préparent l’émigration pour éviter enquête et emprisonnement, d’autres pour contourner le futur impôt sur l’héritage.
Mue par la même préoccupation, une autre fraude fiscale réside dans l’épidémie de divorces comptables : ces couples comptent poursuivre leur vie maritale, mais se séparent afin de contourner l’imminente taxe foncière, chacun conservant un seul appartement, plafond de l’exemption.
D’ici 2015, à +20%, les millionnaires en $ seront 2 millions, et les multimillionnaires (15 millions de $ et plus) 130.000…Or selon l’économiste Wang Xiaolu, cette classe cache au fisc un total de 2340 milliards de $ par an, oist 20% du PIB. Mais Ma Kai, patron du Conseil d’Etat, annonce sa riposte avec un registre unifié des biens fonciers et des patrimoines (dit « code de crédit social ») pour les suivre à la trace. On prête aussi à Wang Qishan, nouveau patron de la police du Parti, le projet d’une campagne, à peine les plenums achevés, grand « coup de torchon » sur cette caste hors de contrôle depuis 10 ans.
– Pas étonnant dans ces conditions, que plus de 50% des cadres, selon un sondage fin février, souffrent de weibophobie, de terreur du twitter chinois, outil de masse qui risque de dénoncer leurs fredaines. Ce qui ne les empêche, en tout illogisme, d’approuver à 70% son usage, pour dénoncer ces enrichissements abusifs…mais pour débusquer les autres !
– Dernier sujet qui émeut les édiles : la noirceur des cheveux des plus âgés d’entre eux, artifice pour réparer des ans l’irréparable outrage ! Pour les uns, cette teinture témoigne d’hypocrisie et applaudissent Zhu Rongji, l’ex-1er ministre qui, à 84 ans, vient d’oser s’exhiber en poivre et sel, sincère et naturel. « Mais, disent les autres, le gris, c’est le vieux, la porte de la mort—le noir, c’est la discipline, la force du pouvoir » … Faites votre choix !
Sommaire N° 10