Portrait : Portrait : Li Keqiang, l’émule surdoué

Né en 1955 à Dingguan (Anhui), Li Keqiang, est envoyé en 1976 à Fengyang, même province. Cette même année, il entre au Parti et est nommé Secrétaire dans sa « brigade de production », signe d’un fonceur brillant. Certes, l’époque joue en sa faveur : après 10 ans de « Révolution Culturelle », le Parti est exsangue et déconsidéré. Mais Li a su deviner l’opportunité.

En 1978, il est envoyé à Pékin, inscrit à Beida qui vient de ré-ouvrir. Il se rapproche alors de dissidents, mais sait s’en écarter à temps. Il adhère bien sûr à la Tuanpai (团派), Ligue de la Jeunesse. Divine surprise, elle est dirigée par Hu Jintao, son aîné de 13 ans, lui aussi natif de l’Anhui. Hu le prend alors sous son aile, lui ouvre une carrière. En 1982, il obtient sa maîtrise de droit et en 1984 son doctorat. Il entre à l’école du Parti en 1991. Quand il quitte la Ligue en 1998, (à 43 ans), il en est le Secrétaire général. Pendant toutes ces années, il s’adonne au tennis avec des leaders réformistes, tels Hu Qili, Li Ruihuan – ou Hu.

D’abord nommé au Henan (1998-2004), il passe Secrétaire au Liaoning jusqu’en 2007. Par trois fois, sa carrière est menacée mais chaque fois, il franchit l’obstacle :

– En 2004, Secrétaire du Henan, il voit éclater le scandale du sang contaminé, plombant des centaines de milliers de paysans dans la province. Mais Hu lui sauve la mise.

– En 2007, au XVII. Congrès, Hu veut en faire son successeur en 2012. Mais l’espoir est brisé par une coalition menée par Jiang Zemin. Outre son déficit en charisme et son alliance avec Hu, on lui reproche sa formation de juriste – il n’est pas ingénieur. Il reçoit alors en « lot de consolation », un poste de vice-premier ministre, futur n°2 en 2012.

– Même pour cette fonction, en 2011 et 2012, il se voit talonné par une étoile montante, Wang Qishan. Soutenu parson Club de Shanghai, il propose pour Li Keqiang la présidence de l’ANP, le taxant de manque de vision d’avenir.

Pour se sauver, Li Keqiang, toujours soutenu par Hu, va multiplier les initiatives. Il plaide pour l’innovation et la recherche. Il avertit contre une inflation mondiale. Il veut que soient punis les fabricants d’aliments frelatés et réclame de l’équité dans la distribution des HLM.

Par cette attitude, on voit le caméléon-Li Keqiang : après s’être fait clone de Hu Jintao, se faire celui de Wen Jiabao, le premier ministre populiste, connu pour ses récurrentes envolées démocratiques, rarement suivies de passage à l’acte. Comme pour se préparer à jouer son rôle dans le couple « good cop/bad cop » que se partagent depuis 15 ans les deux grands édiles de la nation, Président dur (Jiang Zemin, Hu Jintao, voire Xi Jinping), et Premier ministre sympa (Zhu Rongji, Wen Jiabao, puis Li Keqiang).

Une autre de ses forces, qui l’a sans doute sauvé, a été son entregent : 23% des 371 membres du Comité Central, sont passés par la Tuanpai, ont été sous ses ordres, et placés grâce à lui. Enfin, Li a aussi sauvé sa place, en réussissant, bien plus que Xi Jinping, à se tenir à l’écart de la météorite Bo Xilai, véritable trou noir qui allait mettre en difficulté plus d’un, une fois l’homme tombé.

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