Le 04/06 Yin Hong, la vice-ministre des Forêts annonça que les bois du pays avaient regagné 60 millions d’hectares, fruit de 20 ans d’efforts. La Chine gagnait la bataille contre le désert, qui ne s’étendait plus comme à la fin du XXème siècle, au rythme de 3436km²/an, mais reculait désormais de 1717km²/an.
Le 05/06,Wu Xiaoqing, son collègue de l’environnement, célébra à sa manière la journée mondiale de l’environnement en intimant aux ambassades l’interdiction de diffuser sur internet les niveaux de pollution de la capitale, dénonçant une violation de la Convention de Vienne (une telle diffusion serait du seul ressort de l’Etat), et des normes trop sévères des USA où 35 microgrammes/m3 de microparticules de 2,5μ sont acceptables, contre 75 mg en Chine.
Démarche bizarre, car forcément impopulaire. En 10 ans, du fait de la prolifération de ces microparticules, les cancers du poumon à Pékin ont augmenté de 60%, quoique la tabagie elle, reste stable. Émis via Twitter, repris par les smartphones, ces relevés horaires sont suivis par 19.000 citoyens chinois (contournant la censure), et depuis peu, par beaucoup plus, grâce à l’application qui met face-à-face les relevés américains et ceux du ministère chinois – comparaison cruelle, car ces derniers sont invariablement plus optimistes, posant un vrai problème de crédibilité.
Une autre annonce du vice-ministre, le 06/06, permet de mieux deviner l’exaspération de l’administration : en 2011, le pays a manqué d’1,5% ses objectifs de réduction de pollution. 24,04 millions de tonnes d’oxynitride ont été émis dans l’air ou l’eau (+5,73%), 22,2 millions de tonnes de dioxyde de soufre et 65 milliards de tonnes d’effluents, dont 2,6 millions de tonnes d’ammoniac.
Plausible, la raison alléguée est l’industrialisation des campagnes (peu sensibles à la protection de l’environnement), et la progression des nouvelles zones « rurbaines », mi-industrielles, mi-agricoles. Selon un test sur 364 villages, 82% de l’air était « aux normes », mais 21,5% de leurs sols étaient pollués (déchets, pesticides, plastiques).
Le ministère est conscient des risques, surtout des gaz à effets de serre dont la courbe ne s’infléchira qu’après 2030. La production de grain pourrait reculer de 20% d’ici 2050, l’eau disponible par habitant diminuer, et les mers monter…
Aussi, le ministère prépare l’avenir. Avec ses homologues des Finances et de l’Administration des taxes, il annonce (05/06) une loi de taxation de la pollution qui, une fois votée, ouvrira la voie à des taxes et standards techniques, destinés à guider les firmes vers des pratiques environnementales plus responsables d’économie durable, selon le principe du « pollueur-payeur ». Le tout serait en place d’ici 2015.
Enfin, de façon inattendue, Wu critique divers chantiers de barrages, dont Xiaonanhai, l’enfant-chéri de Bo Xilai, le leader déchu de Chongqing. Ce projet à 32 milliards de ¥ sur la rivière Jinsha vient d’obtenir, « à la hussarde », le feu vert des travaux préparatoires. Pourtant, « il est important de ne pas oublier les leçons du passé », affirme Wu, « et nous avons encore à octroyer notre approbation formelle ».
NB : Dans le même ordre d’idée, une autre application Apple rencontre un succès spectaculaire auprès des Chinois.
Téléchargée 200.000 fois depuis son lancement en mai, ce « manuel de survie » alerte ses utilisateurs en temps réel sur 12 types de risques alimentaires (lait, viandes, boissons, additifs…) en ce pays.
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