PV allemands, étude comparée Chine – Allemagne
L’autre jour, je regardais sur Deutsche Welle, la télévision allemande, une émission sur une équipe de police en train de sévir sur une bande passante limitée d’infractions : celles des vélos , dans une ville moyenne de province comme Würtzburg ou Bielefeld. C’était très instructif, sur le décalage culturel avec la Chine.
Impeccablement sanglés dans leurs uniformes, bien équipés, nos agents d’Outre-Rhin ne traquaient pas la limite de vitesse, ni l’ébriété sur la route, mais toutes les fautes que l’on peut commettre juché sur un deux roues – curieusement, la totalité des contrevenants s’avérèrent être du sexe fort, et des jeunes. Accréditant ainsi la thèse peut-être fallacieuse d’une femme plus obéissante face à la loi, plus raisonnable, et d’un homme aisément anarchiste, surtout entre 25 et 35 ans. Certains ne portaient pas de casques. D’autres ne tenaient le guidon que d’une main (s’ils téléphonaient), ou sans les mains, fiers comme Artaban en se guidant à l’équilibre. La plupart se spécialisaient dans le « ni xing » ( 逆 行 en chinois), le roulage à contre-sens, par paresse de traverser l’axe.
Un péché qui semble pourtant véniel : ces belles artères tirées au cordeau étaient vides de trafic comme de passants, le danger semblait loin. Mais rien à faire : chacun écopait de 15€ de PV (10 d’amende, 5 de frais de traitement). Ce dernier se limitant à remplir la contredanse avec ses impeccables gants blancs, et à administrer l’homélie au récalcitrant, lequel le regardait en face, discutait, rigolait parfois pour mieux avaler la déconvenue, ou bien objectait fièrement, tentant de faire valoir (sans succès bien sûr) qu’il n’avait eu l’intention de parcourir que 50m en infraction – comme si la faute était fonction de sa durée, concept d’une valeur juridique nulle !
Par rapport à la Chine, quel abîme de différence ! <p>La rue chinoise grouille de trafic qui parvient de toutes les directions, même du dessus et du dessous.
En matière de bicyclette, c’est le chacun pour soi sans loi. Le policier, pourtant tout sauf tendre par ici, n’essaie même pas, réservant toutes ses forces pour la voiture et épingler notamment, l’interdit hebdomadaire de circuler ou le verre dans le nez. Le contrôleur du trafic allemand ressemblait tant à sa réputation : ordonné, courtois mais inflexible, réglant les fins détails d’une circulation déjà extrêmement subtile et affinée. Devant lui, contrairement à son frère chinois, le contrevenant n’était pas gélifié par la peur ou la prudence, à un monstre surhumain ayant tous les pouvoirs sur lui. Ces verbalisés teutons avaient tous un petit quelque chose d’un Charlie Chaplin, tentant crânement toutes les ruses pour échapper à la nasse. Ils étaient en un mot des citoyens, égal à égal avec l’homme en tenue de la loi, conscients de l’être. Et malgré tout, une fois le calice amer avalé, on restait dans le même bateau du bien commun, flic et administré. La page était tournée, tout le monde se retrouvait gens respectables. Je ne suis pas si sûr que les forces de l’ordre, en notre pays d’adoption, jouïssent d’une telle image.
Vendre sa voiture
Par contre, quand il s’agit de vendre sa voiture, là, c’est la police chinoise qui gagne le point, sinon le set et le match.
Philippe, qui vendait sa voiture l’autre jour avant son retour définitif, me l’a appris avec stupeur partagée. Se rendant au marché d’occasion, il avait pris avec lui toutes ses factures, afin de prouver combien il avait bichonnée sa bagnole, changé son huile à temps, son filtre à air et celui à huile tous les 5000km, remplacé le clignotant défectueux et rechargé le fréon de la clim, fait refaire l’aile amochée par une néoconductrice, rééquilibré, voir changé les pneus avant, puis arrière, etc.
Mais arrivé là-bas, le marché n’avait que faire de ses paperasses. Composant son numéro de plaque, validé par celui de châssis, l’agent voyait toutes ces réparations, tous ces frais d’entretien apparaître, au centime de yuan près. Suite à quoi un seul regard distrait sur le véhicule lui permettait de conclure (ou plus exactement, d’exprimer la conclusion formulée après son étude du dossier sur écran) : « voiture parfaitement entretenue ». Le marché lui restituait alors son dû, le montant maximal à l’Argus local.
Ce qui est formidable, est que ce réseau, véritable intranet des garagistes de Pékin, était celui de la police. Toutes les stations services y étaient reliées, et obligées de tenir tous leurs fichiers à jour.
La même chose est en train d’émerger dans les hôpitaux. Les fichiers individuels sont pour l’instant informatisés au niveau de l’hôpital, mais bientôt, à celui de la région, puis de la nation.
Même procédure aussi pour les détenteurs de comptes en banque, ou en bourse. En tout cas, pour les emprunteurs, permettant de reconstituer en peu d’années la liste noire des mauvais payeurs. Écoliers et étudiants, titulaires de diplômes vont de pair. Ainsi que l’état fiscal de chaque contribuable (qui paie ses impôts en ligne, avec un bref passage malgré tout à la banque, pour le transfert).
Même procédure aussi pour le paiement des procès verbaux : on s’en assure par internet, au moins une fois par an (avant d’amener sa voiture au contrôle technique), ce qui est source de situations hilarantes, car chaque chauffeur épinglé fait la queue à un guichet. Chaque infraction a été photographiée, et est reproduite à ce moment sur écran, au bénéfice de toute la salle qui y va de bon cœur, de ses commentaires bon enfant.
Pas trop acides, ni méchants, car dans une minute, ce sera votre tour, et c’est ainsi, à cette file d’attente, pour tout le monde l’arroseur arrosé, ou l’hôpital qui se fout de la charité (ce qui, en chinois, se dit « c’est le Parti qui se fout de la 8ème armée »)…
C’est ainsi que ce pays, en retard sur les nôtres pour toutes les technologies bien établies, se retrouve en avance sur nous pour toutes celles les plus récentes et d’avenir, en grillant les étapes : sauter le chèque pour prendre de suite la carte de crédit, le cassette audio ou vidéo pour aller au CD ou DVD, sauter la poste pour passer au « weibo » (le twitter ou miniblog de l’internet), ou sauter le téléphone fixe, pour passer au portable !
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Veronique
19 septembre 2011 à 18:43ca va te plaire
bises
vero
Vignes Alain -
28 septembre 2011 à 20:26Bonjour,
Ci joint un extrait du blog de la New Letter. Le Philippe qui vendait sa voiture est le notre.
En France le fichage informatique semble trés en retard ! ! ! !
Amitiés de GMT