C’est le Gardian qui dévoile cette autre histoire : au camp de Jixi dans le Dongbei (Heilongjiang), Liu Dali, ancien convict de 54 ans, témoigne qu’il était obligé, la nuit, de travailler comme joueur sur internet, à des jeux en ligne à travers toute la terre tel World of Warcraft ».
Le travail consistait à effectuer des tâches laborieuses et sans la moindre utilité, défricher une forêt ou un champ virtuel, monter un mur, déplacer une montagne à la pelle. A force de répétition de commandes à la souris ou sur le clavier, on obtenait des crédits. Lesquels étaient mis en vente à l’étranger, sur des sites d’accrocs du jeu, leur permettant de griller les étapes.
Jixi, selon Liu Dali, employait 300 prisonniers par tranches de 12h, et pas question de lâcher la pression, et ramener moins de crédit durant la nuit : pour ceux qui le tentaient, c’était la torture et les coups.
Les pensionnaires de Jixi effectuaient ainsi 1,3 millions d’heures dans l’année, et en crédits, cela rapportait aux matons de 5 à 600 euros par jour, beaucoup plus que le travail de jour, le charbon qu’ils extrayaient de leur mine à ciel ouvert, les baguettes et les cure-dents qu’ils taillaient à partir de blocs de peupliers.
Le Gardian a poussé l’enquête un peu plus loin : le marché du crédit de jeu internet, en Chine, valait 1,4MM€ en 2008, et était pratiqué par 100.000 internautes, représentant 80% du marché mondial. De ces internautes-fourmis, une fraction appréciable se trouve en camp, et sont forcés. Une autre source à vrai dire anti-communiste et politiquement marquée, le politologue Gordon Chang estimait quelques années en arrière les camps de travail à 1000, et leurs prisonniers à 2 à 3 millions.
Ce qui me frappe ici, est l’évolution entre notre petit camp des Gorges du Saut du Tigre, et celui de Jixi.
Au Yunnan en 1993, le profit que retiraient les gardiens du camp était visiblement nul : le fait de rester dans leur cabine à jouer au poker, quand les autres travaillaient sous le crachin. Tandis qu’à Jixi, il est raisonnable d’inférer que le profit des cure-dents va à l’Etat, et celui des crédits, dans leur poche – Liu spécifie que jamais les prisonniers n’ont vu la couleur de cet argent. L’Etat lui-même doit être volé, car ces hommes travaillant 12 heures sur écran en plus de leur tache physique du jour, doivent voir celle-ci singulièrement écourtée, au mieux à 4 heures quotidiennes, ce qui leur en laisserait 8, un minimum me semble t’il, pour dormir, manger et faire face à d’autres besoins incompressibles.
Autrement dit, le camp est resté, mais son travail a été détourné, et avec lui sa seule justification morale, celle de préparer l’avenir par une tache ingrate mais nécessaire, une fois pour toute, de défrichage.
A présent, on est dans le miasme de l’exploitation violente et sans nulle noblesse. Le sens de la vie et de l’histoire a été perdu, tout comme (d’un point de vue socialiste), l’âme de la révolution : 魂不守舍, hun bu shou she, « l’âme ne suit plus le corps ».
PS : à l’origine, Liu Dali, notre prisonnier témoin à Jixi, était geôlier de son état. Il avait été condamné à trois ans (2004-2007) pour « pétition illégale » auprès du gouvernement central, tentant de dénoncer les dérives de corruption qu’il constatait dans son système carcéral. Les accusés avaient eu le bras plus long que lui. Mais rappelez vous : c’est toujours par incapacité à se réformer, que tout système crève !
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YouYou
10 juin 2011 à 16:28Exploite dans un camp de travail chinois pour « xp » des persos sur WOW… Un signe des temps… Je me souviens il y a deux-trois ans, la prostitution de fllettes en Corée du nord afin de s’acheter des objets virutels dans des jeux m’avaient marqué….
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Ce sujet est l’illustration parfaite de ce systême « camp de concentration deguise en Dysneyland » qui s’etend partout sur la planete…
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La mass-illusion, le mass-divertissement systématique masquant la mass-aliénation et la mass-exploitation.
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Bravo pour les méthodes de traitement synthetique efficace ainsi que la sélection des sujets.
cours de chinois
29 juin 2011 à 18:10Eh ben, quelle histoire!