Blog : Aux gorges de Longqing

Nous voici repartis le week end dernier en voiture, cette fois, pour  les Gorges de Longqing 龙庆峡, à Yanqing, à l’Ouest de Pékin, pour son Festival des glaces.
A l’origine : un réservoir d’eau maoïste des années ’50, destiné à l’irrigation locale. Un barrage, avec pour originalité ses deux volées d’escaliers à chaque extrémité de l’ouvrage. Manifestement, dès le départ, le site avait une vocation touristique, vouée à l’accueil des ouvriers méritants, pour les faire canoter l’été sur le plan d’eau.
Le site cependant ne promettait pas grand-chose, avec ses rues de terre battue entourées de pauvres bâtisses de brique aux petites fenêtres, aux toits de ciment qui protégeaient les maigres silos de grain de l’appétit des rats.
Je l’avais visité à la fin des années ’90, lors d’une visite offerte par la mairie aux journalistes étrangers. On nous avait mené à travers les rampes de marches recouvertes de moquette boueuse et défraîchie. Les parois étaient tapissées, du sol à un mètre de hauteur, d’un faux gazon vert pomme criard. La partie supérieure des galeries exhibait des branches de pommiers et pruniers décorées de fleurs en papier défraîchi, aux faîtes desquelles trônaient divers oiseaux et petits rongeurs empaillés, le tout sonorisé aux chants à tue-tête d’autres volatiles. Pendant que nous observions ce décor, médusés, les photographes officiels locaux nous saisissaient au vif, pour apporter la preuve définitive de notre existence et par là même de la leur.
C’étaient les premiers, maladroits et fort humbles pas de la redéfinition touristique de cette vallée, bien avant que le tourisme rural ne devienne un des maîtres mots du régime pour tirer ce monde paysan vers la modernité. J’avoue n’avoir eu guère envie de suivre cette nouvelle visite. Des amis nous y entraînèrent, et nous suivions.

Ce que ce que nous découvrîmes, fut un site métamorphosé, pétillant d’intelligence et même de bon goût : voilà la leçon apprise en 15 ans !
Organisation d’abord : tous les véhicules étaient parqués d’office à 1,5km, bien engagés dans le goulet rocheux – dernier espace plat avant le réservoir. Ce qui permettait aux villageois d’offrir leurs services aux visiteurs pour la chambre d’hôte des parents ou restaurant de leurs amis. Marché captif. Auquel nous échappâmes, au moyen d’un sympathique numéro de téléphone, Mr Wu qui nous emmena à deux pas de là, hors de la foule, dans sa cour carrée tout juste restaurée, eau chaude, lit king size, et repas à la clé.
A la nuit, nous nous rendîmes sur le site, alors tout éclairé, ainsi que la montagne avoisinante.
Sur le chemin nous y conduisant, nous découvrîmes alors la progression dramatique voulue dans la présentation. D’abord, des dizaines de figures lumineuses en toile avec pour forme des animaux mythiques, éléphants, dragons, sauterelles ou limaçons, agencées dans une carcasse en fil de fer, escaladant la montagne.
Puis, passée l’entrée, dans l’ombre permanente du contrebas du barrage, les statues de glace étaient protégées par une tente géante d’un improbable soleil voire d’un climat trop doux.
Reproductions de temples célèbres (grottes de Datong et son temple suspendu, temples d’Angkor), statues virtuoses aux voilures de glace…En 1991, j’avais déjà vu le Festival des glaces de Harbin, 1250km plus au nord : j’avais gardé aussi un piètre souvenir, d’une inspiration stalinienne aux colonnes redoutables et droites, et de techniques un peu trop simples. Mais ici à Longqing xia, en 2011, on avait entre-temps appris à faire de la glace de couleur, opaque ou opaline en bas relief, permettant de marier les tons, jouer des transparences avec les néons colorés, maîtriser ses effets sans tomber dans le kitsch. Le tout faisait simple, mais riche, de bon goût, mais étonnant.


Une fois passée la seconde paroi de toile, en contrebas du barrage, de 258m de dénivelé, nous attendait le clou du spectacle : une composition en neige, stalactites et stalagmites en tous sens, réalisée de main de maître pour faire naturelle, sous un firmament de fausses étoiles. Une véritable cathédrale de glace : réellement impressionnant !


J’oublie de citer le gadget majeur, le « plus long escalator du monde », en forme de dragon, s’élevant lentement le long des flancs de la vallée, permettant aux visiteurs, pour 20 yuans de plus d’avoir quelques frissons supplémentaires…
 Prix du billet d’entrée : 100 yuans – croyez-moi, on en a bien pour son argent ! Fin du Festival ce week end – fin février
 

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