Bonjour,
Câ²est en vrac que je vous livre quelques images du petit Noël du premier samedi de l’Avent, qui rassembla en son ambassade l’allemagne et ses amis par un matin de soleil glacé du 29 novembre. Pour fêter Noël, il nâ²y a pas à dire, nos cousins germains sont les rois incontestés. Cette fête bon enfant rassemble un méli-mélo de traditions protestantes (la chorale, les bonnes Å“uvres), dâ²organisation technique sans faute (de technique sociale), et d’ouvrage collectif, à responsabilités assumées et partagées.Au chapitre « organisation » et à celui « protestantisme », vous trouverez en clip filmé un jeune homme imperturbable et viril, exécutant à l’orgue des cantiques luthériens tandis que juste à côté, des dames germaniques soumettent leurs échines aux arts digitaux de masseurs locaux. </span>
« Organisation » encore : lâ²heure ou presque de queue dans la rue, nécessaire pour faire passer tout le monde à la fouille antiterroriste, était humanisée par des jeunes femmes chinoises passant chargées de plateaux, vendant bretzels et sandwichs (mais non l’alcool, évidemment interdit dans les lieux publics). Ainsi, les 5 à 10.000 visiteurs du jour (mon estimation!) avaient déjà quelques miettes de la fête, tout en patientant.
Fichier vidéo:
Autre exemple de cette maîtrise dans l’organisation : l’ambassade avait repéré, je ne sais comment dans cette foule en attente, ma voisine russe et enceinte : une diplomate de l’ambassade était venue la retrouver, avait échangé avec elle dans un russe impeccable, avant de l’exfiltrer et lui éviter l’épreuve de l’attente. Jâ²Ã©tais impressionné : câ²Ã©tait un sans faute.
Au chapitre « responsabilité partagée », chaque Konzern dâ²outre-Rhin avait préparé sa baraque à spécialités culinaires locales. Siemens, Daimler et autre BASF y allaient de leur stand, chacun précédé de sa petite file d’attente. L’un vendait la saucisse au Curry avec petit pain (un des plats nationaux allemands), l’autre la soupe aux boulettes (Knoedelbrühe), l’autre le cake de Noel (Christstolle). Ailleurs, c’était la bière blanche ou brune amère, ou le vin chaud (Glühwein) dont les chopes fabriquées spécialement pour la fête (aux armes de VW) étaient livrées avec consigne. Jâ²ai vérifié : les grilleurs de saucisses de chez VW étaient vraiment des ingénieurs du groupe de Wolfsburg, et les vendeuses, leurs secrétaires, tous et toutes donnant leur temps à sâ²amuser en régalant des inconnus. Le produit de leurs ventes, allait comme il se doit à diverses Å“uvres dâ²orphelins, de lutte contre la pauvreté etc.
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Lâ²an dernier, au même rendez vous, jâ²avais rencontré lâ²ambassadeur de France (souvent présent à ce genre de bon moment). Il mâ²avait confié son désir dâ²encourager une fête de la même sophistication et de la même classe, dont les acteurs seraient la communauté française. Pourquoi pas ? Les boites françaises, Schneider, Alstom, Areva sont elles moins bonnes cuistotes que leurs sÅ“urs allemandes, ou moins hospitalières ? Par expérience, je suis convaincu du contraire. Effectivement, il ne manquerait quâ²une coordination par lâ²ambassade et sans doute, un peu de conseil technique de la part des allemands qui, en la matière, ont quelques années dâ²avance. Inutile de le dire que ce genre de fête généreuse, irait aussi très bien à Shanghai, Wuhan, Chengdu, CantonⲦ Partout où lâ²on compte quelques centaines dâ²expatriés européens.
Câ²Ã©tait une petite bouteille à la mer, qui sâ²Ã©carte doucement de mon radeau, poussée par les vaguesⲦ
Shanghai, cap de notre dernière escapade, à Brigitte et moi. Je vous passe le commentaire sur le temple de Confucius visité, sous un froid glacial comme Shanghai sait les faire, dont lâ²humidité vous remonte en un rien de temps jusquâ²Ã la moelle épinière. Est-ce dâ²ailleurs pour cela, que les amis shanghaïens fument tous comme des pompiers, ou bien pour mieux se fondre dans lâ²ambiance de cahot et de nervosité rentabiliste, stakhanoviste du grand capital ?
Le temple dévoilait d’abord son côté cour, de la petite brocante de livres dâ²occase.
Jâ²y ai trouvé pour 10 yuans (après négo) une rareté absolue . Je veux parler de Tintin et le lac des requins, qui comme chacun sait, était un film dâ²acteurs. Qui avait donné lieu à un album (reproduisant des scènes du film). Lesquelles étaient ici redessinées en planches, un ouvrage inconnu en Belgique et en France. De la sorte, la BD était tellement piratée quâ²elle en redevenait une Å“uvre originale.
Puis quelques pas plus loin, on passait au « coté jardin » des étangs et des statues de pierre, des toits convexes détestés par Mao (qui les trouvait «bourgeois »), des allées et parterres impeccablement tenus et des arbres taillés.
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Enfin, nous n’avons pas échappé au pélerinage obligatoire, sur le site de lâ²Expo Universelle qui ouvrira le 1er mai 2010 et accueillera en 4 mois quelques millions de visiteurs de Chine et du monde. Toute la ville en vibre, comme fouettée par les slogans propagandistes à tous les coins de rue. Dans son effort exacerbé d’être au rendez vous, et à la hauteur, elle réussit ce coup dâ²Ã©clat de décupler ses chantiers et ses émanations glauques de pollution et tourbillons de poussière et de smog. Venant de sa part, c’est un paroxysme et un coup de maître -dont je soupçonne que la population se serait bien passée, car l’environnement est catastrophique, démentant la promesse du slogan de l »expo (« une ville meilleure pour une vie meilleure »). Il faut dire que c’est pour Shanghai le moment-phare, où elle retrouve cet univers qu’elle avait contribué à façonner avant la seconde guerre mondiale, et qui l’avait abandonné en ’49, contraint et forcé. En un an, Mao avait fait exécuter un demi million de citadins, puis avait démonté les usines de cette « grande putain capitaliste ». Pour Shanghai, qui n’a pas oublié, c’est le temps d’une revanche peut-être? En tout cas, de retrouvailles d’elle-même avec les cinq continents, à nouveau – pour quelques mois au moins- « Venise de l’Orient » et centre de la Terre.
Le résultat est assez impressionnant. En peu de mois, des dizaines de milliers de maçons et de soudeurs ont monté la totalité des structures des 41 pavillons de nations propriétaires, des 46 pavillons loués et des sites des 80 et plus PVD malgré tout présents à la fête ⲓ à cette fête à trois vitesses. Mais l’ambiance, sur les chantiers, semble aussi chargée de stress. Câ²est, me dit on, que les chantiers ont pris du retard. Après avoir percé trois nouveaux tunnels sous le fleuve Pujiang, histoire de raccorder les deux parties de l’expo (côté Pudong, les pavillons nationaux ; côté Puxi, les espaces industriels et à thème), Shanghai ne parvient pas à maîtriser l’adduction d’électricité, et l’évacuation des eaux usées. Au point que le gouvernement a déchargé la mairie de la maîtrise d’oeuvre, l’a reprise directement en main et depuis, déverse ses dizaines de milliers d’hommes, ingénieurs et maçons travaillant jour et nuit pour arriver à temps…
La tâche est bien sûr compliquée par le fait que ces chantiers sont aussi sous contrôle de chaque nation individuelle, condition sine qua non pour en exprimer l’âme. Il sâ²agit, pour celles qui en ont les moyens et la volonté, de se vendre en très peu de temps ⲓ 5 minutes pour convaincre. Evoquer un art de vivre. Renforcer une image dâ²Epinal. Faire le bilan dâ²une technologie. Souvent, il nâ²y a plus rien à vendre, quâ²une foi, une vision de lâ²humanité, dont lâ²on se sait membre, et lâ²on veut simplement, comme à la fête allemande, faire passer du bon temps au monde, à la mode de son pays.
Ainsi, le pavillon hollandais a reproduit la liesse breughelienne dâ²une rue dâ²Amsterdam. Le Luxembourg dresse fièrement un Burg rhénan en acier rouillé. Lâ²Espagne est candidate au plus beau pavillon , avec une structure vertigineuse, mi-montagne russe, mi-chaussure de femme à talon haut, faite dâ²acier coudé qui sera recouverte dâ²une peau de jonc.
Le Royaume-Uni se convertit en puits de lumière en fibre optique, la France joue avec les 5 sens à travers son atrium à 4 étages, le toucher, la vue,  lâ²odorat, lâ²odeur, le goût étant fédérés par la végétation en lianes qui planera à travers les espaliers et escaliers au passage du chaland.
Le Coréen fait des ronds en yin et yang.
Le maître chinois des lieux, quant à lui, accueille ses invités à bord dâ²une mystérieuse pyramide tronquée inversée tête bêche, symbole de « pailou » ou portail votif. Mystérieuse, car personne nâ²a été admis à voir lâ²intérieur. Les vidéos de présentation évoquent un petit train (mais peut-être est-ce celui qui traversera la voie sacrée, hors du pavillon national), et un lagon avec des barquesⲦ Secret dâ²EtatⲦ
Ecoutez encore, si vous voulez, le billet transmis ce jeudi matin pour la RTBF, ma chaîne radio préférée, sur le pavillon belgo-européen.
[audio:000014]
Décidément, cette expo se promet mémorable, et à ne rater sous aucun prétexte, pour qui pourra. Justement, un de mes amis, Thierry De Dobbeleer, informaticien (et patron, au passage, dâ²un bon bar belge, le « Beer Mania ») a créé avec des amis un site sur lâ²Expo en langue anglaise, consacré aux pavillons européens, mine dâ²infos utiles pour mieux découvrir les sites, ou tout simplement préparer son voyage en ligne. Pour ce projet désintéressé, nos amis sont en quête de sponsoring ⲓ quâ²on se le dise, et surtout, quâ²on aille y prendre un avant-goût du grand rendez vous: www.2010shanghai.eu (en voici le logo) :
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