Voici l’hiver enfin, le bel hiver au soleil doux, aux froids francs qui ne nous font ni chaud ni froid, emmaillottés que nous sommes dans nos doudounes, chapkas et gants.
Enfin l’oubli du réchauffement global. Temps à souvenir d’enfance, même les cieux gris à neige nous ramènent subrepticement à ceux qui planaient sur Paris et sa banlieue en des années tendres, avec copains ou parents.
Souvenirs souvenirs : nous sommes partis ce dimanche avec des jeunes amis « chinois ou ex-« , Yiming, Han et Claire :
retour à un lieu où nous fumes souvent, le temple « en terrasse de la renonciation » (aux plaisirs de ce monde), que j’interprète donc, à grand risque, comme le site où les novices prononçaient leurs voeux. « Terrasse » : ces monastères portaient bien leur nom, car ils sont placés en niveaux différents sur le flanc d’une âpre colline, en élévation, isolation et recueillement. Juste derrière Pékin et l’enfer des aciéries et usines de Mentougou. Dans un calme royal et une pollution moindre. Les feuilles des arbres sont tombées, la nature est au repos, la neige se maintient ca et là par plaques.
Commentaire de Brigitte, ô combien juste et pénétrant, à l’arrivée : « voilà un site où en 20 ans, rien n’a changé ». Les fenêtres à simple vitrage, en volige de bois vermoulu ; les portes des cellules de moines, fermées de simples cadenas. la chapelle de Sakyamuni, simple et peu décorée, que les panneaux annoncent comme une des trois les plus sacrées de Chine. La vieille cloche frappée de marques de cogne métallique. Les pins qui après trois siècles, ne crurent simplement plus à leur mort et oublièrent de trépasser.
Pour la petite histoire, Saint John Perse, Consul à Pékin vers 1920, (me dit un ami danois lettré et francophile), loua une cellule et s’installa à Tangzhesi, sanctuaire voisin à 10km plus à l’ouest, et y rédigea « Anabase », un de ses poèmes les plus célèbrement abscons, qui lui valurent entre autres, quelques années après, le prix Nobel de littérature.
Il est ansi en Chine des choses qui ne changent pas. Intangibles. Pas par hasard, elles appartiennent aux hommes dans les ordres.
Ah au fait si, une chose a changé : le prix – 45 yuans par personne. Mais cela est dans l’ordre des choses.
Ayant devant moi une semaine cahotique et trop pleine, je dois interrompre cette chronique. sans oublier de vous offrir en vrac ce bout de film sans parole, de cones d’encens dansant sous la brise glacée, et ce bout de cantiques du service bouddhiste célébré sous nous yeux.
culte bouddhiste son :
film encens :
Bonne semaine, à bientôt – et pour ceux qui le voudront bien, des commentaires ?
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Tong le
11 décembre 2009 à 07:56En ce qui concerne les temples bouddhistes de la Chine, j’aime bien te conseiller le FaMen Si qui est à côté de Xi’an, tu verras le style original du temple bouddhiste de la Chine datant de la dynastie Tang.
deshayes
30 novembre 2009 à 22:12Enjoy!
Je t’embrasse,
Anne- Marie
jeanne
1 décembre 2009 à 14:26Visite furtive.. et mine de rien.. une vraie mine de temps suspendu, dite avec une charge poétique..
Je garde la vieille cloche, le consul dans la cellule, les cones d’encens..
En espérant que pour la semaine chaotique annoncée..
ces antidotes ont « fonctionnés » ?
ajacques
30 novembre 2009 à 21:35Eric,
je te propose une autre traduction de Jietaisi (que tu connais sûrement): le Temple de la Terrasse de l’Ordination. C’est bien là que l’on prononce ses voeux, qui ne sont pas que de renonciation…
Nicolas
Si Mao Savait...
25 novembre 2009 à 09:25Plus que la Chine, je crois que c’est Pékin dont l’atmosphère reste immuable.
La ville a eu beau se moderniser, pour les JO notamment, on y retrouve un art de vivre difficilement reproductible ailleurs, notamment à Shanghai qui perd son âme