Allez dire qu’Alliance Française rime avec Corneille, Molière ou autres gloires empoussiérées, souvenirs de Lagarde et Michard ?
Cette année, le réseau des Alliances françaises en Chine, dans son plan de culture itinérante, a choisi de séduire la jeunesse chinoise par ce qui la « branche » le plus : le Hip-Hop.
A l’occasion des Fêtes de la Francophonie, quatre groupes ont été invités, des quatre nations berceaux de la langue : Deklin (Suisse), Fisto et NEMO (France), Accrophone (Canada), spécialiste de cette forme de poésie appelée « slam », et James Deano (Belgique), et se produisaient samedi 21 mars au Yugong yishan à Pékin, dernière étape d’un périple qui les a fait passer par Canton, Chongqing, Chengdu, Xi’an et Shanghai. 

Ci joint une vidéo du concert de samedi 21 mars – Nos lecteurs en Chine en sont hélas privés -sauf muni de proxy / Youtube venant dêtre censuré par les autorités chinoises

Pour tous bien sûr, cette tournée était un baptême de Chine : la découverte a été mutuelle et exaltante, avec partout un public très jeune, enthousiaste pour ce type de musique peu pratiqué et connu sous ces latitudes. On assiste à l’explosion du hip-hop en Chine, le public est incroyable, très ouvert et très réceptif. On a fait un tabac » s’étonne Fisto, grand gaillard à barbe à collier, Olivier de son prénom. « Partout, ca a été des séances d’autographes, de signatures de tee-shirts – durant presque 2 heures après les concerts. On n’a pas ça chez nous – ou les gens sont plus blasés et gâtés » !
Pour tous ces jeunes qui se battent dans leur propre pays pour imposer leur style basé de rimes et de sons, et se faire reconnaître des medias, la constatation a été unanime : « venu des Etats-Unis il y a 20 ans, le hip-hop reste encore dans les pays francophones un genre de vilain petit canard, il a du mal à s’imposer face au rap, pop ou jazz » constate Deklin. « Nous ne pouvons pas vivre de notre musique ». Seul le belge James Deano a sorti (à ses frais) un album, « Le fils du commissaire » – en référence à son père lui-même commissaire de police : mélange détonant. Surtout devant ces jeunes chinois excités et joyeux, dansant très libérés et sans complexe.

D’autant que ce Hip-Hop, terra incognita, n’a pas apporté avec lui sa réputation sulfureuse de contestataire. Et quand la censure s’en apercevra, peut-être y aura-t-il quand même de bonnes surprises à en attendre, car des gens comme Cui Jian, dans leurs tunes depuis 20 ans, n’ont pas non plus leur langue dans leur poche…

Enfin, pour ces jeunes habitués à vivre à la dure et dans l’ombre, cette tournée aura été profondément inspirante. Les groupes ne se connaissaient pas au départ, et n’ont même pas tous fait les mêmes circuits, ne se rencontrant pour certains, qu’à Pékin. Ce qui ne les a pas empêchés, spontanément, de se produire ensemble (Deklin et Deano) : « Ce que nous vivons en Chine est très encourageant, résument les québékois d’Accrophone, cela va laisser des traces, et dès notre retour, nous allons composer de nouvelles chansons – on a même rapporté des instruments de musique chinois – erhu – que l’on va pouvoir insérer dans nos musiques »

Quelques liens de référence, pour un peu de son sympa :
www.myspace.com/deklinfeelin
www.myspace.com/fistooner
www.myspace.com/nemozaiste
www.accrophone.com
www.jamesdeano.com