Je suis déjà entouré de triples rangées de grillage et d’hommes en uniforme, talkie walkie en main : « Green » et village olympique sont inaccessibles au commun des mortels, et quoiqu’on ne les voie pas, les défenseurs sont armés jusqu’aux dents -même des lance-roquettes sont cachés, en alerte.
Au check-point, où ne passent plus que les ayant-droits, je suis analysé par une caméra à reconnaissance faciale – façon moderne de montrer patte blanche. Puis une employée valide mon badge en ajoutant un hologramme et un tour de cou multicolore incopiable.
Détail frappant, le cœur électronique de la sécurité, bunker imprenable et presque sans fenêtres, ne figure sur aucune carte, et n’est indiqué par aucun panneau : il est secret, anonyme quoique présent aux yeux de tous.
Parmi la série de bâtiments aux lignes ultramodernes, dont la tour olympique au sommet profilé en flamme, se dresse l’IBC, « International Broadcasting Center », grand comme un terrain de football de dix étages, dont trois en sous-sol, offrant bureaux et plateaux à toutes les radios et télévisions du monde. Ici, on est déjà « hors Chine », comme dans une ambassade. Au sommet, des hottes de climatisation grandes comme des maisons, dans une semi obscurité déserte, font deviner qu’elles assurent la fraîcheur mais aussi une garantie contre toute tentative d’attaque aux gaz.
L’IBC : une architecture novatrice, le centre névralgique des chaines de TV du monde entier
L’IBC comporte une nef centrale d’où on voit, au rez-de-chaussée, la cantine des usagers : on y côtoie TF1, les chaînes de TV russe, allemande, brésilienne…
Rien qu’au menu, on n’est plus en Chine. Différentes files offrent des repas « froid », de « grillade », « végétariens » ou « asiatiques », mais pas chinois. Et bien sûr, les couverts sont en plastique jetables, pour éviter d’en faire une arme -toujours cette obsession sécuritaire, héritée du massacre palestinien lors des Jeux de Munich (1972).
En tenues de serveuses ou de marmitons, les cheveux tenus en chignons dans des filets, les employés locaux dînent à l’étage au dessous – classe séparée
Bravant les 32°C à l’ombre, sous le ciel d’argent, certains ont choisi de manger dehors, perchés aux tables Coca-Cola : ils ont vue sur d’insolites pavillons faisant penser à une foire : ceux des sponsors officiels. Samsung, Adidas ou CNPC (le pétrolier chinois au stand curieusement habillé de gazon) ont payé chacun 100 millions de dollars le privilège de faire leur pub sur ce site le plus exclusif du monde. Reste à savoir s’ils récupéreront leur mise…
Dans toutes les langues, ces acteurs des Jeux parlent pour l’instant plus de la Chine qu’ils découvrent, que de sports ou d’espoirs de médailles. Ils restent encore comme timidement serrés entre eux, par groupes nationaux. En attendant que la colle prenne. Et que la fête commence !
Un employé de L’IBC – Grégory Fournier
A l’IBC, j’ai rencontré un employé de l’Eurovision, arrivé depuis peu pour fournir aux journalistes et chaînes de télé les services dont ils ont besoin pour faire leur travail. Ecoutez l’avis d’un néophyte de la Chine : fraîchement débarqué au complexe olympique, et bien content d’y être, il voit la Chine à sa porte, et exprime sur les Jeux un point de vue positif, comme on peut attendre dans ce genre d’administration. Mais son avis au premier degré, sonne documenté et sincère : pour lui, les Jeux promettent d’être, avant tout, une belle aventure !
A vos claviers – donnez votre avis :
Les JO, somptueux ou non ?
La sécurité, étouffante ou discrète ?
Et que faut-il en attendre ? du très sympa, comme dit notre expert, ou bien de part et d’autre, une soupe à la grimace, un dialogue de sourds permanent ?
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