Une des trouvailles les plus inspirées de la culture chinoise, est d’avoir placé la Qingming, fête "de la pure clarté», celle des morts, à l’aube du printemps (4/4), dans l’explosion éphémère, blanche et rose des prunus et cerisiers sur les monts entourant Pékin, tels Dachang ou Miaofeng.
Manière d’affirmer le continuum du cycle mortel et vital, yin et yang, et le dualisme de cette étape primordiale: Tai shan, hong mao -"plus lourde que le Mont Tai, plus légère que plume de cygne".
A la mort, sans le dire, tout le monde pense ces jours derniers – thème majeur dans la presse, et preuve s’il en fallait, que le souvenir des disparus demeure une valeur supérieure en Chine socialiste :
1. les 28 cimetières de Shanghai sont bondés de masses vêtues de blanc, venues révérer leurs parents, portant brassards de crêpe, fleurs de soie grège, coupelles de fruits et monnaie céleste (qu’on brûle sur la stèle).
2. le lieu du dernier repos, est un problème urbanistique ingérable. Même avec la crémation obligatoire, Shanghai n’a de place que pour cinq à six ans, et tente de relancer la mode de la sépulture à la Zhou Enlai – la dispersion des cendres en mer de Chine.
En soutien des pouvoirs publics, un site vient de naître, pompes funèbres de l’internet permettant aux vivants d’ériger à leurs morts, des mémoriaux vertueux et virtuels: www.qingming.com.cn.
Cependant, une fraude est dénoncée, à Pékin, de promoteurs malhonnêtes promettant à prix d’or, ensevelissement à la campagne (illégal).
Au chapitre santé, le Vice 1er Li Lanqing donne l’alerte:
Les maladies vénériennes avancent de «20 à 30%/an» (836.655 cas et +32% en 1999). Les "HIV" ont dépassé les 500.000 et les morts du SIDA, 356.
Tout ce qu’on espère d’ici 2010, est de maintenir le nombre des HIV sous la barre des 1,5M, quoique leur courbe fuse exponentielle (HIV = +41%, sidéens = +69%).
Les décès du cancer (dus au tabac) ont doublé en 20 ans à 1,3 M/an. Le cancer est 3ième source de mort, derrière les pathologies cardio-et cérébrovasculaires – plus pour longtemps.
De plus, on s’inquiète du déficit en cadavres offerts à la recherche et à la médecine: en 18 ans, seuls 2000 chinois ont fait le choix de donner leur corps à la science et aux transplantations.
Enfin, irritée (n’ayant pu rendre visite à la mère d’un dissident décédé en juin 1989), la veuve du journaliste US Edgar Snow, ami historique de Mao et de la Chine, menace de retirer du pays la part des cendres de son mari qui y reposent : ce qui serait une rupture et un désaveu lourd.
Sommaire N° 12