« Nous savons que la Russie est à la fois pays d’Europe, et d’Asie« , déclarait Vladimir Poutine, le Président russe, montant dans son avion pour Pékin : une visite (17-19/07) qui marque une inflexion historique de la diplomatie russe dans un sens asiatique.
Poutine a déjà rencontré Jiang Zemin en juillet, à Dushambe (Tadjikistan), et le reverra deux autres fois d’ici fin 2000 : étroite concertation entre les deux pays continents, dont on voit les premiers fruits.
Ainsi, Jiang et Poutine ont ensemble appelé à une fronde planétaire contre le projet de défense spatiale antimissiles des Etats-Unis. Solidarité ambiguë au demeurant, puisque Moscou est soupçonné, en Europe, d’envisager l’abandon du « front du refus« , d’une arme ne le menaçant pas, au bénéfice d’une assistance financière américaine accrue…
Cette visite a renforcé le partenariat stratégique bilatéral, par la signature d’une « Déclaration de Pékin« , et de trois accords de coopération (énergie, banque et éducation). Un projet de gazoduc d’Irkoutsk à la Mer de Chine, refera surface en septembre, lors de la visite du 1er Ministre russe. Il a été aussi question de ventes d’armes : la Russie, qui a équipé l’Armée Populaire de Libération (APL), entre 1991 et 1997, pour 6MM$, pourrait lui fournir sa version de radar aéroporté AWACS, des Sukhoi30, des sous-marins conventionnels voire deux destroyers (supplémentaires) de classe Sovremenny (Igor Sergueiev, Ministre de la défense, et Alexei Ogarev, patron de la corporation Rosvooruzhenie, étaient du voyage).
Un point reste à retenir : Poutine, mercredi, poursuit son périple vers Pyongyang, ce qu’aucun autre Président russe avant lui n’a fait.
Il se rend vendredi à Okinawa pour le sommet des 8 (les financiers incontournables de projets comme le gazoduc Russie – Chine), et surtout à Tokyo pour y voir le 1er ministre Yoshiro Mori, discuter des îles Kouriles, de normalisation, et de développement de la Sibérie, question de vie ou de mort pour la Russie – au moins dans ses frontières présentes!
Sommaire N° 26