Qui n’a vu dans une ville chinoise, ces Santana ou Fukang rutilantes, momifiées de rouge comme paquet cadeau – gros lot de la loterie du lieu? Bravant l’austérité maoïste, ce plaisir sulfureux a conquis un nombre colossal de foyers, en combinant l’excitation du jeu à la chance d’une fortune immédiate, pour une mise infime (5à 10Y).
Supposément au service des bonnes oeuvres, la loterie permet en fait la fraude de promoteurs peu scrupuleux – une nouvelle loi est en discussion. Aléa plus délicat : la réaction face au gagnant, au sein d’un peuple jusqu’à hier habitué à tout partager. A Chengdu (Sichuan), Mme Wang, encore jeune, avait gagné 5MY, et s’en était vantée : mal lui en a pris !
Entre les boniments doucereux de la bouchère et les quémandages du voisin de pallier, elle a dû prêter (à jamais) 10% du chèque en un mois, et finalement s’enfuir sans laisser d’adresse avec son mari, quittant travail, logement et même le magot, que de dégoût, elle cède à l’état.
Plus dessalées, Lu et Tian, commères de Shenyang (Liaoning) et Pékin, viennent d’empocher 2,6MY et 5MY, et tiennent leur langue. Les 3 enfants chômeurs de l’une, le fils lycéen de l’autre ne sauront rien : l’oisiveté est mère de tous les vices – et trop parler cuit.
Sommaire N° 29