Le régime ne décolère pas suite à l’octroi du Nobel de la Paix à Liu Xiaobo. Sa campagne mondiale se poursuit pour qualifier l’homme de criminel, justifiant son verdict de 11 ans de prison, et pour rendre impossible la cérémonie du 10 décembre : les membres de la famille sont interdits de se rendre à Oslo pour y recevoir le Prix et 1M². Le Comité Nobel s’apprête à tenir la cérémonie, sans remise du Prix.
C’est sans précédent. Depuis 1936, les Nobel emprisonnés avaient pu déléguer femme (Sakharov en 1975, Walesa en 1983) ou enfant (Aung San Suu Kyi en 1981). Pas de cela en Chine.
Mais à l’international, la Chine a plus de difficultés. A 20 jours de la cérémonie, seuls 6 pays dont Russie, Irak, Cuba et Kazakhstan ont accepté de boycotter par solidarité, face aux 36 ayant confirmé leur participation.
En apparence, un vieux complexe revisite la Chine : les idées d’une collusion contre elle, et d’une rupture par l’étranger d’une fidélité due.
Avec en filigrane, le dogme de l’infaillibilité du système. L’incompréhension semble totale : à Oslo, des voix affirment que ce Nobel aurait plus été créé en décembre 2009 par Pékin-même, en ordonnant l’incarcération de l’auteur de la «Charte 2008».
En tout cas, par sa réaction très forte, le régime révèle que son processus de décision n’est pas affranchi de la composante émotionnelle. D. Lampton, professeur à Johns Hopkins University, avance que sa campagne mondiale endommage le patrimoine d’admiration et de respect engrangée depuis 30 ans -retardant ainsi sa reconnaissance comme puissance mondiale.
Sommaire N° 38