A la loupe : Birmanie, Japon, Taiwan—la Chine et ses voisins

Plusieurs événements, importants pour la Chine, se sont produits la semaine passée chez 3 de ses voisins :

[1] Le Général Than Shwe, Président de la NPDC (junte militaire) vient d’être reçu en Chine (7-10/09) lors des 60 ans des relations diplomatiques, et surtout pour engranger du soutien étranger avant les élections du 7/11—qui apparaissent à travers le monde comme une tentative de la junte de se légaliser, sans rien céder.

Entre Nawpyidaw (nouvelle capitale) et Pékin, la coopération a été mutuellement bénéfique. La junte a pu résister aux sanctions de l’ONU pour atteinte aux droits de l’homme, armer ses troupes (frégates, chasseurs, canons, camions), obtenir 2,9MM$ de commerce bilatéral très en sa faveur et 1,8MM$ d’investissement chinois qui représentent 11,5% de l’investissement étranger. La Chine est concurrencée en Birmanie par la Thaïlande, l’Inde et le Japon.

Pékin a obtenu le bois précieux birman (teck), l’énergie de barrages comme celui en construction sur la Ngawchanka (1055Mw), le gaz des gisements de Shwe pour lequel la Chine construit deux gazoducs, au terme d’un accord signé par Wen Jiabao en juin dernier. Peut-être plus important, l’APL, l’armée chinoise, a reçu un port sur l’océan Indien, au grand dam de New Delhi, dans sa zone d’influence.

NB : dans le secret de ces entretiens, loin des micros, Pékin a peut-être prié Than Swhe de mettre à ses élections un peu plus de vernis démocratique, pour éviter le retour de conflits sanglants comme avec les Kokang en 2008, dont 37000 s’étaient réfugiés en Chine.

[2] Incident le 7/09 autour des îles Sankaku (Diaoyu, en chinois), à 200km au large de Taiwan sur lesquelles Tokyo exerce une souveraineté contestée par la Chine et Taiwan. Le Mintinyu 5179, chalutier de Xiamen, heurtait deux fois les gardes-côtes nippons avant d’être arraisonné. Depuis, le capitaine est entendu par la police d’Okinawa -il encourt trois ans de prison. Pékin a convoqué deux fois l’ambassadeur Uichiro Niwa pour exiger sa libération. Une manifestation à Pékin le 8/09, petite (40 personnes) mais bien organisée, est là pour indiquer que la patience chinoise sera brève. L’ennui, c’est que le 1er ministre Naoto Kan doit défendre le 14/09, sa place de Président de son parti—et ne peut d’ici là, se permettre de concessions…

C’est le 3ème incident maritime depuis avril entre ces 2 pays, prouvant ainsi l’urgence de s’entendre sur le partage de souveraineté de ces eaux. Il semble être la réponse de Pékin à l’acte voté fin août par la Diète, qui renforce sa souveraineté sur 25 îlots, dont ceux de Sankaku.

[3] La reprise d’échanges normaux entre Taiwan et Chine, ne dissipe pas la prudence : Taiwan déploie un réseau d’alerte contre les 1500 missiles pointés sur elle depuis le continent, qui pourra aussi faire sauter en vol certains d’eux, ceux vers des “cibles militaires critiques”. Coût : 1,25MM$. Il sera opérationnel dès 2015.

 

 

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