Sans surprise, les XVIII. Jeux asiatiques se sont clôturés (27/11) à Canton sur une montagne de 199 médailles d’or à la Chine (42% du total des or) – 416 au total, et sur la fréquentation plus qu’honorable de 650.000 visiteurs. Le vainqueur, dit la presse, est la ville, dont 80% des habitants acceptent désormais d’y demeurer «longtemps» : progrès modeste mais décisif par rapport à 2007 où la métropole se classait 6e sur 7, en indice de bonheur. Moyennant 18MM$ d’investissements, soit plus que les 14MM$ budgétés pour les Jeux Olympiques de Londres 2012, Canton a amélioré ses quartiers, la propreté de l’air, ses parcs et son bord de rivière des Perles. C’est un nouveau départ pour la ville qui se prend à rêver de continuer sur cette lancée : recevoir des JO, une Exposition universelle d’ici une à deux décennies ?
Les podiums touchants ou glorieux n’ont pas manqué, tel celui de Yun Ok-Hee, l’archère de Corée du Sud (or) serrant discrètement la main de sa rivale nordiste Kwon Un-sil (bronze) , après le bombardement nordiste contre l’île de Yeonpyeong. D’autres s’embrassèrent mêmes, au risque de se voir rabrouer par un commissaire politique.
Liu Xiang, le champion du monde de 110m haies obtint sa 3ème victoire aux JA, meilleur temps de la saison. C’était pour lui une revanche : en 2008 aux JO de Pékin, il avait dû abandonner, blessé au tendon d’Achille.
Il y eut des scènes plus oubliables mais inévitables, tels ces athlètes ouzbeks (judoka et lutteur en gréco-romaine) épinglés pour dopage, dépouillés de leurs médailles.
Il y eut le cas Yang Shu-chun, taiwanaise en passe de gagner l’épreuve de taekwondo, lorsque le jury décida de la disqualifier pour senseurs électroniques «illégaux» aux pieds. Son équipe objecta que l’accessoire avait été validé avant l’épreuve. Rien à faire, et une fois Yang écartée, une Chinoise rafla la médaille. Suite à quoi l’île entière disjoncta, clouant au pilori la partialité continentale – jusqu’au président Ma Ying-jeou qui protesta.
De sa part, c’était remarquable. Depuis le début de son mandat, Ma Ying-jeou milite pour le rapprochement avec le continent, mais s’en plaignait pour la seconde fois depuis début novembre, ayant alors déploré que, dans un festival au Japon, Pékin tente d’imposer à une délégation taiwanaise le titre de Chine-Taiwan, au lieu du rituel Taipei chinois… Mais la Chine sut se tirer élégamment de ce faux-pas, évitant qu’il ne prenne une dimension politique. La chance voulut que par la suite, l’équipe insulaire amoncelle ses décorations, 13 or—67 au total, dépassant son record de57 médailles en 1998 : l’incident était désormais bien oublié !
Le grand rendez-vous sportif de l’Asie permit aussi de confirmer l’excellence de l’organisation, limitant les incidents: succès acquis grâce au déploiement de 438.000 policiers (!) autour de l’agglomération.
Parmi les incidents de parcours éventés, figurent une billetterie clandestine à prix usuraires (196 revendeurs à la sauvette arrêtés), un maître chanteur à la bombe (arrêté), un séisme force 2,8 à Shenzhen (passé inaperçu). La péripétie la plus insolite fut le jeu au chat et la souris de Chen Juyu, ex-policier modèle municipal injustement limogé en 2001 à la suite d’une cabale. Chaque jour des Jeux asiatiques, Chen s’est amusé à semer ses ex-collègues qui le filaient, redoutant un esclandre. Ce qui ne l’empêcha de contacter la presse étrangère, pour faire avancer son dossier en réhabilitation…
Sommaire N° 39