— A son arrivée en mars 2003, la nouvelle équipe avait relâché la pression sur Taiwan.
Mais le 18/11, Pékin brandit la menace, d’une intensité inédite depuis 2000. Taipei aurait “dépassé les bornes” et risque la guerre, “le jour où elle déclarera son indépendance formelle”. Que s’est-il passé?
Chen Shui-bian, Président de Taiwan et leader du DPP (autonomiste) vient d’annoncer des “référendum politiques”, et un plan de révision de la Constitution d’ici 2006, afin de “refléter une souveraineté complète” (sic). Surtout, les derniers sondages pour le scrutin de mars 2004, donnent Chen pour la 1ère fois vainqueur sur son challenger du KMT (nationaliste, plus acceptable à Pékin). La Chine perd patience!
Mais l’audace de Chen (qui fut reçu à New York 10 jours plus tôt, avec honneurs, et “en transit”) s’explique:
le 19/11, le Secrétaire d’Etat R. Armitage déclarait que les US “déploieraient assez de force dans la zone Asie Pacifique (…) pour réduire la tension” (sic) : la crise va durer!
— Loin des feux de la rampe, toutes les 2 minutes, un Chinois met fin à ses jours, 8 autres tentent.
Les suicides (aboutis), en 2003, seront +5% (300.000) dont 62,5% de femmes, 80% au village, la plupart par ingestion de pesticide, dont la Chine rurale “consomme” 250.000t/an.
Pour faire face à ce 1er fléau social, Pékin ouvrait l’an passé le premier Centre de prévention du suicide (VdlC 39/VII). Sur la base de cette expérience, se prépare un plan national destiné à étendre partout les services disponibles à Pékin (tél. rouge, soutien psychologique, prévention dans les écoles, les entreprises). But fixé : sauver 50.000 vies/an.
Le travail démarre lentement. Le Ministère de l’Agriculture s’est engagé dans une action urgente: imposer un changement de couleur, odeur et emballage des pesticides, et leur imposer un stockage local accessible seulement pour son usage légitime…
— A mesure que se rapproche l’échéance de sa réélection, G.W. Bush augmente la pression sur la Chine. Incapable de la faire céder sur la réévaluation duYuan (¥), son Secrétaire d’Etat Don Evans vient d’annoncer (18/11) un quota textile limitant à 7,5% pour l’an 2004, la croissance des exports de T-shirts, robes de chambre et sous-vêtements. En 2003, ce marché de 5% de l’export textile chinois aux US, a explosé de 32 à 96% selon produits, pour égaler en trois trimestres les 500M$ de 2002. Pour justifier cette mesure “timide”, le lobby textile US cite ses 316.000 emplois perdus en 2000. Face à cette nouvelle sans doute attendue, Pékin fait une réponse subtile. Elle “comprend” poliment la réaction US, manière de préserver les chances d’un accord amiable lors de la visite de Wen Jiabao en décembre. Elle annonce aussi un train de rétorsions à ses taxes sidérurgistes de 30% depuis mars 2002—elle suit en cela l’Union Européenne et le Japon, au lendemain de la condamnation de cette mesure par l’OMC (17/11). Et en attendant, elle reporte le départ de sa mission d’achats de soja yankee, prétextant des problèmes … de visa!
Sommaire N° 38