En 1958, pour ancrer le paysan à sa glèbe, le Président Mao Zedong décrétait le 戶口 hukou: durant 45 ans, ce statut devait restreindre fortement la liberté de mouvement – et l’exode rural.
Depuis le 1/04, à Pékin comme à travers de nombreuses provinces, le système est caduc. Suite à des tests menés au Jiangsu, au Shandong et dans l’Anhui, Pékin démantèle le hukou rural, en offrant la citoyenneté
[1] aux banlieusards nés après le 1. janvier
[2] aux collégiens
[3] et aux adultes dotés d’un contrat de travail et d’un domicile fixe. Dans le grand Pékin (100km de périmètre), 3,3M (29% de la population) pourront convoler et vivre avec un (e) citadin(e),fréquenter lycées et maternelles, toucher allocations, primes de recyclage etc., privilèges déniés jusqu’alors au cultivateur.
La nouvelle est positive, éliminant la citoyenneté à 2 vitesses. Mais le paysan craindra de perdre son allocation rurale, et autres primes annoncées sous la férule bénigne de Hu Jintao, qu’on dit ayant la fibre verte. Pour commencer, on ne s’attend qu’à 100.000 passages/an de «pékinois des champs» à « pékinois de la ville ».
Déjà site d’une réforme administrative in vitro (cf VdlC n°3), Shenzhen va plus loin en légalisant dès avril la réunion des familles sur son sol : la voisine de HK a septuplé depuis 1987 -elle abritait alors 0,5M habitants. La ville offre aussi le prix de gros aux PME en naturalisant d’un coup leur personnel au-delà de 20 personnes (privilège réservé jusqu’alors aux Entreprises d’Etat). En outre, les universitaires juste diplômés pourront s’enregistrer sur place pour chercher du travail, sans perdre leurs droits dans leur ville d’origine: Shenzhen s’offre un «accueil des cerveaux», à la carte!
Enfin si le but est l’enrichissement du fermier, la fin du hukou ne suffira pas. Le professeur Wang Taiyuan rappelle les autre étapes obligées: équiper les banlieues, créer des emplois, revaloriser les prix – inverser 50 ans de priorité aux villes!
Sommaire N° 12