La chute de Saddam Hussein a fait réfléchir le pays du Matin Calme : renonçant à son ombrageuse confrontation, Pyongyang a lâché (15/4) son exigence d’entretien «bilatéral» avec les US, déclarant que«tout était (désormais) négociable», et accepté une rencontre (23/4) à Pékin avec le sous Secrétaire d’Etat J. Kelly, US et la Chine. Toutefois, dans un style bien nord-coréen, Kim Jong-il lâchait (18/4) sans en avoir l’air, « nous avons réussi à retraiter 8000 barres d’uranium irradié »: du coup, les US envisageaient de renoncer au sommet, avant de conclure à une «faute de traduction». Kim, une fois de plus, venait de doubler les enchères!
Pourtant, sur le fond, il y a eu assagissement manifeste du sanctuaire stalinien,et la Chine y a joué un rôle discret—dont G. W. Bush l’a remercié. On se souvient (VdlC n°12) du missile coréen tiré en mer de Bohai (vers la Chine), des 3 jours de fermeture «technique» de l’oléoduc chinois vers la Corée : scènes probables d’un bras de fer entre Kim Jong-il et le seul soutien qui lui reste. George.W. Bush pour sa part, avec un Irak à re-lancer et 20MM$ grillés en fumées guerrières, n’ était pas demandeur d’un 2d front. D’un commun accord, les 3 pays ont écarté du Sommet Tokyo, Séoul et Moscou.
La Chine marque ainsi une double victoire diplomatique toute en finesse: elle s’érige en seul arbitre, (mais refuse tout rôle d’«entremetteur»),ceint les lauriers du déblocage et s’emploie à fermer le robinet des réfugiés nord coréens dans ses ambassades à Pékin, tout en prévenant l’afflux inacceptable d’armées US à sa frontière Nord-Est.
NB: voyant déjà la Corée du Nord aux mains de «forces hostiles» américaines, à en croire un observateur souvent bien informé, un quarteron d’officiers supérieurs de l’APL recommandaient à Pékin de renforcer l’armée coréenne en techniciens et systèmes anti-missiles, quitte à en garder le contrôle ultime : la paix, de ce côté aussi, revient de loin!
Sommaire N° 13