Petit Peuple : le bras de fer du syndic

— Reine des HLM d’hier, la dame de l’ascenseur perd la partie au profit d’un être conceptuel, mystérieux mais puissant: le syndic qui en Chine comme ailleurs, assure aux abonnés l’entretien des platebandes et des lifts, le paiement des charges et le gardiennage. Seulement, ce personnage surgi à la vitesse d’une champignonnière, n’a pas toujours le profil de l’emploi : Yang Xiufeng, résident aux Zhijin Gardens de Haidian (Pékin) eut loisir de le découvrir. Président de l’assemblée des propriétaires, il se retrouva dix jours à la porte de son domicile, tenu à distance par les nervis du syndic. En charge de son immeuble depuis février 2003, ce dernier revendiquait des frais outranciers, tout en refusant de présenter le moindre justificatif. Au nom des résidents, Yang lui avait donc refusé son pouvoir. Les choses tournant à l’aigre, le syndic avait  mis le propriétaire à la rue, et sur la liste noire de ses vigiles!  L’affaire fut longue à dénouer. L’entremise de la retraitée du Comité de Quartier fit long feu. Prudente, la police le laissa prendre, sous sa garde, des vêtements de rechange: le syndic l’accusait d’extorsion et de fraude. En désespoir de cause, Yang se plaignit au Bureau de l’immobilier, qui découvrit le pot aux roses: auto proclamé, le syndic opérait sans licence, et n’avait jamais reversé un 分  fen de charges aux Cies d’eau, gaz et électricité. Les rôles furent donc inversés : à l’ombre, le syndic déplore d’avoir poussé le bouchon trop loin, au risque de tomber dans l’eau de sa propre arrogance. De retour au bercail, Yang médite sa mésaventure en forme de 天方夜谭 tianfang ye tan, (“espace dans le ciel, et étang dans la nuit”) : conte des mille et une nuits et monde à l’envers!

 

 

 

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