Energie : Énergie—l’Etat propose, les provinces disposent !

Sur le front des énergies renouvelables arrivent d’étranges et fortes nouvelles.

[1] Anticipant la baisse annoncée de 13% du tarif de rachat du courant solaire (avec 1¥uan de « boni » par kW/h sur le tarif normal), pour les fermes raccordées à partir de 2012, le parc solaire chinois, a quintuplé de 2010 à 2011, atteignant 2,9GW. Nombre d’unités puissantes (jusqu’ à 30MW) ont alors émergé au sol, en quelques semaines.

Or ces créations ont dépassé de 33% les prévisions de l’Etat et pour 2012, la même difficulté se profile. Afin d’éviter de surcharger le réseau, Pékin voudrait limiter les créations à 3Gw. Mais au vu des commandes existantes, l’interprofession s’attend à 4Gw: les opérateurs trouvent l’activité rentable, même sous le nouveau tarif de rachat. Quant aux équipementiers, en terrible surcapacité (de 5Gw/an), ils maintiendront leur concurrence sauvage et des prix déprimés.

[2] State Grid, monopole de distribution en Chine du Nord, dévoile à Zhangbei (Hebei) le plus puissant centre de stockage électrique au monde, d’une capacité de 36MWh. Il comporte une transmission « intelligente » permettant d’éviter 5 à 10% des déperditions, et est alimenté par une ferme éolienne de 100MW et une solaire de 40MW. Coût estimé : 500 millions de $ au moins.

Ce centre tente de résoudre la faiblesse générique des énergies renouvelables : produisant souvent hors des heures de pointe, elles sont donc perdues.

Les batteries ont été fournies par BYD, plus connu pour ses voitures. Bonne affaire pour le groupe de Shenzhen, qui en 2011 perdait 94% de ses ventes de VE -prix à payer pour une production précurseur. Aujourd’hui en JV avec Daimler-Benz, BYD parachève sa nouvelle génération de Voiture électrique, peut-être la chance de sortir la 1ère génération en Chine de Voiture électrique réellement commerciaux et utiles.

Cette percée des renouvelables révèle le temps limité disponible pour changer de mode de croissance, vers une économie à bas carbone. La Chine a 10 ans devant elle pour réduire sa dépendance au charbon (pour nettoyer son air), et celle au pétrole, pour cause de coûts d’import bientôt insupportables, estimés à 1000 milliards de $ en 2020 (l’Etat a 3200 milliards de $ de réserves, mais d’autres obligations à financer que son énergie).

L’Etat se donne donc des objectifs et les ventile entre provinces… lesquelles les ignorent, au nom du « toujours plus » ! Dans le solaire comme on a vu, mais aussi dans le charbon. Le XII. Plan prévoyait 4,1 milliards de tonnes par an de consommation de houille en 2015. Mais le cumul des plans des provinces, à la même échéance, aboutit à 4,6milliards de tonnes (+12%) !

Cette course au durable explique aussi la reprise « lente et réduite », selon Xiao Xinjian, del’Institut national de recherche énergétique, des licences de nouveaux réacteurs nucléaires, limitées à « 3 à 4 par an ». L’effet Fukushima joue. Mais la demande incompressible prive la Chine du luxe dont dispose l’Allemagne, de renoncer à cette filière. Et en nucléaire, la classification « stratégique » du secteur, presque militaire, permet encore à l’Etat central d’imposer sa discipline -pour l’instant !

Avez-vous aimé cet article ?
Note des lecteurs:
0/5
9 de Votes
Ecrire un commentaire