Politique : Echos à l’ANP autour du ‘hukou’ / l’Ecole / la Culture /Votes au Parlement

BAISSER DE RIDEAU – LES ECHOS DU PARLEMENT

Hukou—la réforme escargot

  De grandes nouvelles sont à la porte, concernant le «hukou » permis de citoyenneté à deux vitesses, qui lie depuis 1958 le Chinois à son lieu de naissance.

Huang Ming, vice-ministre de la Sécurité publique annonce un règlement cette année, qui offrira aux migrants travailleurs un permis de résidence dans leur ville d’accueil, et un accès aux services sociaux. Accès «Minima», car le coût pour offrir l’école, la couverture sociale, l’accès au logement aux 250millions de migrants en ville (dont 206 sans permis) est évalué par le Conseil d’Etat à 2000milliards d’Euro. De ce fait, seuls 38% des migrants sont couverts contre les accidents du travail, 11% contre le chômage. Impossible pour les villes d’assumer seules cette charge, d’autant que la question est étroitement liée au droit du sol : pour boucler leur budget, les villes ont besoin de pouvoir exproprier les paysans et vendre leurs terres.

Mais cette population flottante, maltraitée et mal intégrée, est source de délinquance, voire de troubles sociaux. Comme      dit le prof. Yang Tuan (CASS, Académie chinoise des Sciences Sociales), « vu notre niveau de développement déjà atteint, le maintien du hukou, héritage de l’économie d’Etat n’est plus justifiable ». Freinée par les lobbys municipaux, la réforme traine depuis 20 ans. Ce n’est qu’en 2012 que Zhejiang et Guangdong, qui pâtissent le plus de l’attrition de leur main d’oeuvre pas chère, ont lancé des plans-tests d’ouverture graduelle à ces services, jusqu’au permis de conduire.  

On reste loin du compte : adressée aux villes début 2011, rendue publique en février, une notice du Conseil d’Etat précise que la réforme doit se faire « selon les moyens du bord », les plus grandes conservant leurs barrières.

Pour les lever au plus vite, reste à l’Etat et à ses villes, un fort incitatif : la création d’une citoyenneté économique unique, condition sine qua non à celle d’un grand marché intérieur, seule alternative à l’économie d’export.

 La grogne du parlement  

Le dernier jour au moment des votes de l’ANP, le pouvoir fut un rien surpris. Il s’attendait un peu à la contestation, mais pas à tel degré de virulence.

438 des 2872 élus rejetèrent le budget 2012 présenté par Wen et 90 repoussèrent son rapport du travail du gouvernement. C’étaient les votes les plus négatifs depuis cinq ans, exprimant les frustrations de la base, quant aux montagnes de dettes des pouvoirs locaux et au refus du pouvoir central de concéder des allègements fiscaux. Par contre, les rapports des Procureurs et Juge Suprêmes, d’ordinaire boucs émissaires des édiles, firent mieux que l’année passée.

 Les élus à l’école

Les députés s’inquiètent de l’enfance à l’école, futur de la nation.

Devant la CCPPC (Conférence Consultative Politique du Peuple chinois), Weng Guoxing s’inquiète d’une féminisation excessive de l’enseignement, des 1% d’instituteurs en maternelle, sans se rendre compte que la tendance est mondiale (les hommes se détournent de ce métier moins bien payé). Il préconise… de favoriser le recrutement des hommes en primaire et secondaire, pour «préserver la masculinité, et le quotient émotionnel» des petits gars.

À l’ANP, Yan Xijun angoisse sur les ravages de la fraude en université. D’après une enquête de 2010, un tiers des chercheurs des six  meilleurs centres du pays se livraient au plagiat et à la fabrication de données. Afin de mettre le corps universitaire face à ses responsabilités, Yan réclame que la pratique, jusqu’à présent peu punie, soit reclassée en délit, passible de poursuites judiciaires.

Culture   : « grand bond en avant »

En matière de culture, l’Etat veut créer d’ici 2015 un «pilier stratégique» avec 5% du PIB et 150milliards de US$ de chiffre. Des provinces comme le Shanxi s’engouffrent dans la brèche, investissent dans cette industrie de l’audiovisuel et du spectacle prétendant en avoir déjà produit en 2011, 6milliards de US$ de revenu, +32%.

Or, le concept rencontre de vives critiques à la CCPPC. Soutenu par Wang Jianlin (Wanda, n°1 de l’immobilier), l’écrivain Feng Jicai dénonce le «grand bond en avant» annoncé, qui conduira à des décennies de production massive de péplums Ming ou de soap operas, sans même garantie de rentabilité.

L’Etat commence à subventionner la fusion de méga-groupes. Un bon exemple est déjà là : la toute récente fusion (12/03) pour 1 milliard de US$, de Youku et Tudou, portails de vidéos en ligne. La raison n°1 semble être leur perte sèche (108M$ en 2011, cumulée), peut-être faute d’avoir atteint la taille suffisante. Bénéficiant de l’interdiction en Chine du leader mondial américain Youtube, le nouveau géant contrôlera plus du tiers du marché chinois.

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