La semaine dernière avait vu se suivre le scandale de la fuite du dissident Chen Guangcheng et ses avatars, prenant fin avec son arrivée sur sol américain le 19/05, pour études à la NY University, et diverses rumeurs (sur les circonstances et limites du jugement du Parti du cas Bo Xilai, sur un report du XVIII. Congrès, et autres).
Soucieux de calmer le jeu et de restaurer son image d’unité, le régime lance un éditorial au Quotidien du Peuple (édition « étrangère ») du 14/05, pour démentir le report et suggérer que ce Congrès sera dédié à la réforme politique.
Ceci suppose une inflexion démocratique. Une telle poussée de l’aile libérale au sein du Parti communiste chinois, si elle se confirme, n’a plus été vue au PCC depuis mai 1989. L’édito promet de « limiter les pouvoirs (des leaders) et garantir les droits des citoyens ».
En filigrane transpire le bruit du limogeage secret de Zhou Yongkang, soupçonné d’avoir comploté avec Bo Xilai pour prendre le pouvoir. Ce chef de toutes les polices aurait fait son autocritique et remis ses pouvoirs à Meng Jianzhu, fidèle du Président Hu Jintao, pour se limiter à des fonctions de prestige, avant d’être pensionné à l’automne comme prévu. Mais la nouvelle est sujette à caution : du 13 au 16/05, Zhou était en tournée au Xinjiang, temps de se faire « unanimement » élire membre de la délégation territoriale au XVIII. Congrès. De plus, l’Etat contrôle de main de fer les critiques et fait taire 16 vieux communistes du Yunnan qui réclamaient (par lettre ouverte du 16/05) la démission de cette « éminence grise » compromise dans la tempête autour de Bo Xilai.
Pour régler l’affaire Bo, le leadership central doit lui trouver un successeur comme secrétaire du Parti à Chongqing, et afin qu’il préside le Congrès municipal (qui élira ses hommes au XVIII. Congrès). Deux candidats sont en lice : Jiang Yikang, patron du Shandong, et Zhou Qiang, du Hunan. Quoique Zhou ait l’avantage de l’âge (52 ans) et soit proche de Hu Jintao, Jiang (59 ans) est en tête, grâce à ses contacts, ayant été n°2 à Chongqing de 2002 à 2009.
La presse multiplie depuis les détails vagues sur les préparatifs du Congrès: un tiers des provinces auraient nommé leurs délégués. Les autres, 2270 au total seraient désignés fin juin. Ils feraient plus de place aux ouvriers et paysans (de 4 à 10% à Canton), aux femmes (+16% au Jiangsu). Des rappels à l’ordre jaillissent, exhortant les cadres à la moralité et les militaires à la fidélité- ces derniers sont accusés de déréliction du devoir, d’indiscipline face à d’obscurs « complots occidentaux ». Le Parti communiste chinois leur reproche de couvrir le lieutenant général Gu Junshan, n°2 à la logistique nationale, convaincu de détournements massifs dans la construction de casernes.
A la chute de Bo, suit sans surprise la percée du rival Wang Yang, Secrétaire du Parti à Canton. Dans la presse, Wang incite les internautes à s’exprimer, promettant de respecter leurs avis. Wang Yang est un libéral, des plus avancés en matière d’expérimentation démocratique, et un homme d’avenir.
Le compte à rebours du Congrès est engagé. En août se tiendra le conclave balnéaire de Beidaihe (Hebei), où 60 dignitaires rédigeront le script. Suivra à l’automne un plenum du Comité Central, puis le Congrès lui-même.
A ce jour, les positions de Xi Jinping et Li Keqiang semblent acquises, comme Président-1er Secrétaire, et 1er ministre.
Le Comité Permanent devrait garder 9 sièges. Mais sur les 7 postes vacants à pourvoir, il n’y a que rumeurs et conjectures. Comment modifier le système pour l’avenir ? Quels modèles social, économique, politique ? Quel contrôle démocratique, vu que le pouvoir ne voudra pas d’un « système à l’occidentale » ? Selon un journaliste chinois, « le problème n‘est pas celui d’un homme, mais d’un système où une telle caste est au-dessus des lois ».
NB : Au 15/05, débutent 100 jours de contrôles renforcés des 120.000 étrangers de Pékin. C’est un préparatif de routine au XVIII. Congrès – que la presse justifie par l’agression (08/05) apparemment perpétrée par un Britannique sur une jeune Chinoise, sous l’emprise de l’alcool…
Sommaire N° 18