Société : Les « sangsues » chinoises au paradis du Cône Sud

Les Triades (三合会, sānhéhuì), bandes mafieuses, étaient estimées en Chine à 1 million d’hommes en 2005. Sans surprise dans ce climat de corruption galopante, elles accompagnent aujourd’hui l’économie chinoise à la conquête du monde.

Notamment en Amérique latine. Le continent prospère, grâce aux demandes sans limites de la Chine en bois, minerais, pétrole ou céréales (tels ces 4 millions de tonnes de maïs négociés avec l’Argentine).

Entre Asie et Cône Sud, les échanges croissent de 20% par an, à 430milliards de $ en 2011 – dont 57% à la Chine seule. Flux de capitaux, de conteneurs et de migrants chinois, parmi lesquels les triades sont l’aiguille dans la meule de foin.

Peu patriotes, leur activité première est de terroriser leurs  concitoyens nouveaux arrivants, telle « Red Dragon » (Pérou). Elles leur « offrent » le prêt gris  à taux usuraire pour s’installer, et leur infligent leur impôt de protection sur les restaurants, les taxis, voire sur les mines (Mexique, Pérou). En cas de refus de coopérer, le commerce est incendié ou saboté. Un autre racket est la contrebande d’émigrants vers USA et Canada débarqués dans les ports Pacifiques (Colombie, Equateur, Pérou). Sur les routes côtières atlantiques d’Amérique centrale, des pieuvres, telle la Hongkongaise « K14 », assurent ce trafic en cheville avec des cartels mexicains comme «Los Zetas». Lucratif, à 70.000$/passager, le trafic rapporterait aux seules Triades 750M$/an, après le coup de fouet de 2007 et 2008, où Equateur et Colombie avaient levé le visa pour les Chinois (il a été rétabli depuis en Colombie), tandis que leurs fonctionnaires vénaux émettaient les vrais-faux papiers à la pelle, permettant une poussée de fièvre de la transmigration illégale.

Puis les Triades obtiennent leur part d’un marché florissant : le narcotrafic, en important de Chine pour les cartels mexicains la métamphétamine-base. En avril à Bélize, un stock d’éphédrine a été saisi, suffisant pour produire pour 10 milliards de $ de cette drogue. Elles importent aussi armes et munitions chinoises, par exemple pour les FARC colombiennes.

Enfin, les Triades créent les bases d’un prodigieux outil de blanchiment d’argent dans leurs casinos aux Caraïbes, comme le Baha Mar, en construction pour 2,5 milliards de $ aux Bahamas. En gros volumes, l’argent sale déposé n’est pas joué, mais reclassifié « gain au jeu » moyennant une commission.

Hélas, disent les experts, pour ces Triades, l’Amérique latine est un Eldorado. Ses polices sont cloisonnées. Ses nations en guerre latente manquent d’experts en cantonais ou hakka pour pénétrer les bandes. Les polices sont souvent haïes – et donc, ne peuvent pas compter sur la délation et le renseignement.

Pour briser ces chaînes du crime, il faudrait une coopération totale entre régimes, latinos, chinois, nord-américains, la fin de tout soupçon de guerre froide commerciale ou idéologique, d’espoir de conquête du monde… Pour y parvenir, il faudra des décennies !

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