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Boxun, le sort de Bo Xilai a été réglé la nuit du 10 avril, en un sommet des 9 membres du Comité Permanent, de l’état-major de l’APL, l’armée chinoise, et de Jiang Zemin, l’ex-Président, monté de Shanghai à 85 ans pour tenter de dénouer la crise.Les légalistes, Hu Jintao et Wen Jiabao, voulaient punir Bo, accusé d’avoir conspiré contre la prise du pouvoir par Xi Jinping en octobre prochain. En face, Wu Bangguo (Président de l’ANP ) et Zhou Yongkang (patron de la sécurité)plaidaient l’absence de preuve et la « cabale de l’étranger ». Au nom de la solidarité face à la crise, Jiang Zemin avait offert de « lâcher» Bo contre l’engagement de Hu de céder sa position de n°1 de l’armée à Xi Jinping, dès le XVIII. Congrès. Le sommet avait voté les poursuites contre l’ex-roi de Chongqing pour fautes économiques et légales mais non sur l’essentiel, pour faute politique.
À ce sommet, Hu aurait souhaité reporter le Congrès d’octobre à janvier. Jiang aurait refusé, au nom du risque d’étaler devant le monde les querelles intestines. Mais à présent, la rumeur du report du XVIII. Congrès ressurgit. La pratique n’est pas rare : deux des cinq derniers Congrès ont été retardés.
Le but n°1 serait de raccourcir le délai jusqu’à la prise de fonction lors du Plenum de l’ANP en mars 2013. Le but n°2 serait d’ajuster le Comité Permanent de 9 à 7 membres (demande de Hu), voire à 11, souhaité par les « Petits princes » et le « club de Shanghai ». But n°3, le plus important : arbitrer la crise Bo Xilai, et définir le type de Chine de demain.
Héritières de la révolution, deux tendances s’affrontent pour régler les vieilles crises, suite à 60 ans de direction par des familles historiques, sans consensus avec les masses. Le clan des petits princes «rouges», puissant quoique privé de Bo, sa figure de proue, croit en la prééminence primordiale du Parti et de ses grandes familles milliardaires, compensée par une redistribution régalienne des ressources aux masses (tel le programme « HLM »). En face, le clan au pouvoir autour du tandem Hu-Wen croit en la loi, et est prêt à lâcher une part des monopoles et privilèges. Wen tente d’en réaliser d’urgence quelques gadgets avant le XVIII. Congrès (autre raison de son report), tels la légalisation des ONG, une fédération du football élue, des réformes du droit du sol, du crédit (expérience de Wenzhou), l’introduction des quotas d’émission de CO2 pour 2015…
Ces débats sur l’avenir pourraient même aller plus loin. Un média de Chinois émigrés, Epoch Times, croit savoir que le Politburo méditerait sur ces 4 extraordinaires points de consensus, à annoncer au Congrès : les Chinois de toutes tendances seraient invités en assemblée constituante, et à créer d’autres partis. Le Parti communiste chinois (PCC) annoncerait la « fin de sa mission historique comme Parti de pouvoir ». Les militants d’autres courants de pensée, brimés par le passé, seraient réhabilités. Et l’APL « nationalisée » cesserait d’être le bras armé du PCC. Cette source n’est pas toujours fiable : elle vaut néanmoins comme indicateur précieux de l’intensité et de la profondeur des débats en cours.
Si l’appareil, au sommet, en est rendu là, la tension qui en résulte suffit à expliquer le silence de Xi Jinping, le futur leader, ainsi que l’éclatement de la crise Bo Xilai, suivie de celle du dissident Chen Guangcheng. Xi ne parle et ne voyage plus, au contraire du 1er ministre pressenti, Li Keqiang (en Europe du 25/04 au 04/05).
Dans ce décor dramatique, le conclave balnéaire de Beidaihe (qui réapparaît, longtemps banni par Hu), en août, aura une importance décisive.
Sommaire N° 17