Pol : Gouvernement—remaniement de crise

Gouvernement – remaniement de crise ?

En principe, le ballet des mutations, promotions, retraites et limogeages suit le plenum de l’ANP de mars. Cette année rompt avec la tradition—peut-être à cause des JO- : c’est le Plenum du Comité Central d’octobre qu’il suit, certainement inspiré par la crise, avec pour critère la compétence, plus que l’ancienneté ou le piston.  

À 55 ans, l’ex-vice-ministre du Commerce Yu Guangzhou passe secrétaire adjoint au Fujian. Jiang Jianguo, apparatchik du Hunan remonte à Pékin comme n°2 politique et civil (vice-directeur, vice-secrétaire) de l’AGPP, tutelle de la presse et du livre (censure). Chen Xi, l’ancien patron politique de l’université Tsinghua, est nommé vice-ministre de l’Éducation, et vice-secrétaire du Parti au ministère – les deux postes vont souvent de pair, afin d’éviter la paralysie du niveau décisionnel. Huang Wei, l’ex vice-ministre du logement et de la croissance urbaine-rurale, passe vice-maire de Pékin. Pour finir, ces trois promotions probablement liées au dossier mélamine : Ma Jiantang, l’ex vice-gouverneur du Qinghai, va diriger le Bureau national des Statistiques, Wang Yong, ex vice-secrétaire du Conseil  d’Etat, vient chapeauter l’AQSIQ (Administration pour le contrôle de la qualité, de l’inspection et de la quarantaine), reprenant le poste de Li Changjiang, et Yin Li, ex directeur au ministère de la santé, en devient vice-ministre…

Cône Sud : l’oiseau chinois fait son nid

Cuba, pour la Chine, c’est un des derniers pays communistes. C’est aussi sa revanche sur les USA pour leur soutien à Taiwan. A ce titre, l’île caraïbe a droit au traitement le plus privilégié de Pékin hors de ses frontières: il a pris le relais de l’URSS, pour le parrainage d’un Cuba sous embargo américain, trop petit pour être autosuffisant. Derrière le Venezuela, la Chine est son 2d partenaire, avec 2,3MM$ d’échanges.

Tout cela explique la liesse de La Havane accueillant Hu Jintao les 17-18/11, son avion rempli de 1600 couchages, partie de 4,5t d’aide humanitaire (2,5M$) suite à trois ouragans dévastateurs. A Raul Castro, le frère de Fidel promu Lider Maximo depuis février (Fidel étant atteint d’un mal secret), Hu apportait bien d’autres petits cadeaux, tels ces 78M$, pour restaurer une série d’hôpitaux et de ports, le gel de 10 ans d’une dette (secrète), le report à 2013 du paiement de 7M$ prêtés en 1998. La Chine renouvelle sa commande de 0,4Mt/an de sucre de canne et 75.000t de nickel (dans les 2 cas, 50% de sa production). Tout cela, au nom de la nostalgie -mais aussi du pétrole off-shore que Sinopec aide à explorer. 

Ce voyage de Hu Jintao se veut aussi le remake de sa visite de 2004 en Amérique Latine, sur laquelle la Chine mise lourd, ayant décuplé à 102MM$ les échanges entre 2000 et 2007 -par comparaison, les échanges Cône Sud-USA faisaient alors 560MM$.

L’étape du Costa Rica était un must, pour le gratifier d’avoir changé de Chine en 2007. Pour cette coopération où tout reste à faire, 11 accords furent signés (19/11), dont un chèque de 40M$, une JV avec la CNPC la compagnie pétrolière nationale pour restaurer la raffinerie locale (invest : 1,2MM$), et la construction d’un stade à San Jose. L’essentiel étant ce futur accord de libre échange, très utile pour la Chine en cette plaque tournante des Amériques, à négocier d’ici 2010. Les échanges atteignent 2,8MM$, dont 848M pour le Costa Rica.

 Puis dès le 20/11, Hu Jintao passait à Lima (Pérou), avec sa suite de 600 hauts cadres et patrons (mine, banque, télécoms).  Informellement conclu, l’accord de libre-échange, le second sino-latino (après le Chili en 2005), à signer en mars, pourrait porter la croissance péruvienne de 9% à 10%, en éradiquant 90% des droits de douane. Une dizaine d’accords bilatéraux ont été signés. Pékin veut investir 6MM$ d’ici 2011 dans les mines, dont un tiers par Chinalco sur le gisement de cuivre de Toromocho. 6MM, c’est aussi le montant des échanges annuels, à l’avantage du pays andin qui exporte pour 4,3MM$ (cuivre, fer et zinc). La visite fut conclue (22-23/11) par le sommet APEC, des 21 pays riverains du Pacifique. Tout en militant pour une issue rapide du round de Doha, accord de l’OMC en souffrance depuis 7 ans, Pékin pousse aussi pour créer une zone Pacifique de libre échange, plus facile à régler car excluant des partenaires tels Brésil, Inde ou Union Européenne. Ce qui s’appelle, très classiquement, garder deux fers au feu !

 

 

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