Energie : l’or noir sous la crise
En matière d’énergie, la surprise vient moins de ce que la Chine fait, que de ce qu’elle ne fait pas. Quatre mois d’effondrement des cours du pétrole n’ont pas inspiré le pays à commander à l’étranger des volumes supplémentaires à sa demande, afin de compléter ses réserves stratégiques, aujourd’hui suffisantes pour 15 jours d’utilisation (dès 2009, un jour équivaudra à 8M barils, prédit l’AIE l’Agence Int’le de l’Energie). Elle voudrait les porter à 60 jours – la norme, pour les pays de l’OCDE, est de 180 jours. C’est la seconde occasion manquée en 10 ans : en fin des années ’90, le 1er ministre Zhu Rongji avait déjà interdit les imports « gris » (affaire Lai Changxing) d’un or noir qui coûtait alors 20$ le baril.
Ces 2 ratages ont une raison unique : le pouvoir lobbyiste des monopoles pétroliers CNPC et Sinopec. Ces maisons, comme ailleurs au monde, ont l’obligation, liée à leur licence, de constituer ces réserves, qui cependant signifient pour elles une immobilisation de fonds « inutile ». A l’époque, Zhu avait bloqué les importations, afin de protéger leur prix intérieur supérieur au cours mondial. Aujourd’hui, on peut supposer que CNPC et Sinopec n’ont pas bougé, préférant privilégier les investissements productifs.
La Cnooc elle, se prépare à l’après récession : avec ses partenaires américains Devon et Anadarko, et British Gaz, ce monopole de l’off-shore veut dépenser 29MM$ d’ici 2020, en exploration en mer de Chine du Sud, d’une surface septuple de la France (3,5M km², de Singapour à Taiwan), et mise en perce de gisements. Elle veut parvenir à forer à 3000m, contre 1450m actuellement, et se constituer une réserve de 22MM barils d’ici 2020 (1Mbaril/j), tout en frisant d’ici là, en production, la barre du M de baril/j.
En matière de gaz, on voit refaire surface tous les projets de terminaux GNL, annoncés depuis 5 ans, et sur la touche depuis lors, faute de trouver l’approvisionnement. Signe que depuis lors, la Chine s’est résignée à payer le prix aux groupes internationaux et aux pays producteurs, Qatar, Australie, Malaisie, Indonésie. Entre les trois groupes nationaux, 12 terminaux sont en construction. Les derniers contrats consistent dans le doublement à 2Mt, d’un contrat « Shell » depuis le Nord-Ouest australien, et dans celui de Qatargaz, de 2Mt, pour les terminaux de Cnooc à Dapeng (Canton) et Putian (Fujian). Un autre contrat « Total » pour 1Mt, est en bonne voie. Total d’autre part, achève son exploration de Sulige-Sud (Mongolie intérieure), et vient de faire son offre au client CNPC : le groupe français propose d’y forer 2000 puits en 25 ans, moyennant un investissement de 1,5 à 2MM$, et se propose d’en tirer 3 à 5MMm3 de méthane, qu’il céderait à la CNPC, la compagnie nationale pétrolière, pour distribution sur Pékin entre consommateurs privés et industriels.
NB : Plus cher que le charbon, le gaz enregistre un bond en avant, voyant doubler en cinq ans sa part dans l’énergie chinoise, de 2,8% à 5,3% : les villes chinoises ne veulent plus être enfumées.
Sida : des progrès, mais…
Ce 1er décembre, jour mondial contre le SIDA, éclaire les progrès réalisés en Chine. Les malades seraient 700.000, 50.000 de plus qu’en ’07. Le régime a développé de multiples actions, allant des centaines de cliniques de désintoxication aux campagnes pour le condom (22000 points de vente dans Pékin). Mais les chiffres de l’année, pour la capitale, sont inquiétants. Comme principal relais du virus, le sexe a remplacé la drogue, passé de 25% en 2004, à 55% cette année. Seules 46,5% des 90.000 prostituées de Pékin utilisent le condom. Et sur les 755 cas de l’année, les étrangers sont 219, et les homosexuels 249 : donc un tiers, contre 3,5% selon la statistique admise jusqu’alors… Le vrai problème, tient a l’obscurantisme, voire l’inefficacité des cadres, surtout provinciaux. Seuls 19% des malades nécessitant la trithérapie y ont accès gratuitement (37.497, en 4 ans). La 1ère campagne TV sur le SIDA, remonte à l’an passé. Toute initiative privée anti-Sida est brimée, comme celle de Mme Gao Yaojie, doctoresse de 82 ans, en résidence surveillée. Les ONG restent privées de licence officielle, et plus encore de subventions. Résultat : le séropositif demeure stigmatisé et doit cacher son mal pour garder sa place dans la société. Il reste donc bien du chemin à faire dans les mentalités, et en attendant, le fléau gagne, dans l’ombre.
Sommaire N° 38