A quelques jours des présidentielles du 22/03 à Taiwan, Pékin retient son souffle, car «son» candidat, Ma Ying-jeou, l’homme du Kuomintang de l’opposition nationaliste, garde une avance confortable (10% dans les sondages) sur Frank Hsieh, du DPP (Parti démocratique du progrès).
Le KTM semble s’apprêter à interrompre 10 ans de règne sans partage du DPP, et de son leader charismatique (au départ), l’avocat Chen Shui-bian. Chen laisse un bilan médiocre, ayant échoué dans toutes ses tentatives pour accomplir la sécession -ayant au contraire servi de prétexte à un réarmement rapide de la Chine, estimé par le colonel Taiwanais Gong Chien-hua entre 110 et 170MM$ cette année (13 à 22% de plus)… Pékin, il est vrai, n’aimait pas Chen, et ne lui a jamais fait une ouverture.
Ces dix ans ont aussi démontré combien, de plus en plus, les cartes économiques de Taiwan sont sur le continent où elle à investi 100MM$, et où vivent 0,5M de ses 22M de ressortissants. Hsieh et Ma, les deux candidats-présidents, apparaissent honnêtes et compétents, quoique peut-être un peu fades. Face à Pékin, Ma Ying-jeou offre ce programme insipide et abscond, renoncer à une « reconnaissance mutuelle », pour viser « l’abandon du déni mutuel ». Mais la vraie et dure question viendra après: une fois au pouvoir, que négocier avec Pékin, comment ramener vers la « patrie » cette île en pleine « naissance identitaire», et passionnément opposée à l’idée de courber l’échine ? Ma espère parvenir à vendre à Pékin son principe des «trois non»: ni réunification, ni d’indépendance avant des décennies, ni recours à la force, de part et d’autre…
En attendant, la normalisation suit son cours : DPP et KMT acceptent dès juillet le rétablissement de vols «charters directs» avec le continent, ce qui boostera les investissements et le tourisme croisés. Et dès le 12/03, le gouvernement sortait ce gadget électoral, permettant aux banques insulaires de reprendre jusqu’à 20% de leurs soeurs continentales. C’est ainsi qu’entre Pékin et Taipei, ces « frères ennemis de la Chine », « les chameaux (de la politique) aboient, la caravane (de l’économie) passe ».
Sommaire N° 10