A la loupe : Economie – Pékin cède aux lobbies, bride le ¥uan

Les dix derniers jours ont vu le Président Hu Jintao au Shandong, le 1er ministre Wen jiabao dans les deltas des Perles et du Yangtzé et Xi Jinping, Li Kejiang (les dauphins du régime) avec Wang  Qishan (nouvel astre de l’économie nationale) dans les autres provinces de la côte : en mission d’observation économique. Puis se tint le plenum du Politbureau, se demandant si maintenir l’austérité, alors que l’export recule (+17,8% à 121MM$ en juin contre +28% en mai) et que deux tiers du textile, de janvier à mai, est dans le rouge. Étouffées entre les coûts qui explosent et l’export en chute libre, les firmes délocalisent (Centre, Vietnam) ou ferment. Canton octroie 4MM² aux firmes Hongkongaises, en eau et électricité subventionnées, pour qu’elles se déplacent vers ses propres zones low cost

Au nom de la défense de l’exportation, le Ministre du commerce réclamait la stabilisation du yuan. La réponse a été nuancée. Oui, la hausse du ¥ sera bridée, à 3% au 2d semestre pour atteindre 6,6% en décembre face au dollar. Mais non, l’Etat ne va pas relancer la planche à billets. Car cette potion amère lui convient tout à fait, seul moyen pour elle, depuis longtemps attendu, pour forcer les firmes à gravir l’échelle de la qualité, baisser la consommation d’énergie et la pollution. Pékin est ravi de sa croissance désormais «modérée» (10,1% au second trimestre contre presque 12% l’an passé), à l’inflation ramenée à 7,1%, au bâtiment muselé par la coupure du crédit. Le tout, en transition « stable » et sans fluctuations.

Pour autant, le régime n’ose pas engager la main dans les grandes réformes en souffrance, dont la libération du prix de l’énergie, du pétrole —puisque la dernière hausse de 18% a maintenu le prix à la pompe, à la moitié du cours mondial —comme avant !

Le pouvoir s’inquiète aussi du capital de ses firmes qui voient se fermer le chemin de la bourse (déprimée), comme celui de la croissance volumique, faute de marché intérieur, ou à l’export. Le bas de laine en devise devient très risqué, avec le dollar qui flanche : il donne donc consigne de foncer dans les achats de ressources hors du pays. Les boites, à vrai dire, ne l’ont pas attendu : d’avril à juin, elles ont fait 169 acquisitions  pour 15,5MM$ : 137% de plus qu’au trimestre d’avant. 35 de ces achats ont eu lieu hors frontière, dont 55% dans l’énergie et la mine.

Enfin, l’optimisme officiel est-il justifié? Reste l’inconnue de la crise des subprimes, qui est là pour rester, avec son lot futur de mauvaises surprises. Reste le risque d’un éveil post-Olympique douloureux (mais il ne devrait toucher que Pékin, qui ne fait que 4-5% du PIB). Reste aussi l’interminable chute aux enfers de la bourse, et la limitation du marché intérieur, du fait de l’écart croissant entre fortunes colossales et centaines de M de bourses modestes.

En bref : l’automne sera chaud. Pékin le sait, mais pour l’instant, fait le dos rond —méthode Coué.

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