Dernière ligne droite vers les JO, Pékin installe un nouveau chef de file olympique: rien moins que Xi Jinping, bientôt n°2 à la CMC, la Commission militaire, donc de l’armée. Ces promotions se lisent sous 2 grilles de lecture.
[1] Par décision du XVII. Congrès, un comité des anciens (dont Jiang Zemin, Li Peng, Zhu Rongji) a obtenu droit de regard sur toute décision capitale. Ranimant ainsi une pratique des années ’80, qui avait pesé lourd sur la destinée du pays en juin ’89. Or, justement, Xi Jinping est leur candidat au poste suprême en 2012, face à Li Keqiang, le poulain du n°1 Hu Jintao.
[2] Mais Xi Jinping a aussi le profil d’un dénoueur de crises. Or, face aux Jeux Olympiques, le régime voit monter les difficultés. Le prince Charles réitère son boycott pour cause de Tibet. Stephan Spielberg, pour cause de Darfour, rend son tablier de co-directeur artistique des Jeux. 80 célébrités, 8 Prix Nobel de la Paix signent sa pétition. Seule la British Olympic Association veut interdire aux athlètes britanniques de critiquer la Chine, mais c’est pour se déjuger le lendemain, face au tollé mondial…
NB: En fait, l’Occident (pas seulement ses artistes) ne peut admettre l’arrestation en décembre du dissident Hu Jia, brisant une promesse vieille d’un an, d’embellie démocratique.
Dans la tourmente, l’appareil fait valoir ses progrès en préparation des Jeux : ses citoyens crachent moins, resquillent moins dans les queues, jettent moins leurs ordures en rue, fument moins dans les gares et taxis. Ses marchés et restaurants sont mieux tenus, son air même serait plus propre. Il vient de libérer avant l’heure 3 journalistes (Yu Huafeng, Li Changqing et Ching Cheong, HKgais travaillant pour un media de Singapour). Et il veut nommer un Tibétain de 18 ans comme le plus jeune de ses ministres : Gyaltsen Norbu, le Panchen Lama, 2d prélat du lamaïsme.
Mais face au contentieux avec le monde, ces gestes ne suffiront pas. D’autant moins que vient d’être condamné à 4 ans, Lu Gengsong, militant anti-corruption, et qu’un autre procès est imminent, celui de Yang Chunling, militant démocratique…
Conclusion Sous l’angle olympique, la Chine n’a jamais été si isolée. Elle avait pourtant rêvé, en échange de son immense investissement de modernisation et d’éducation aux bonnes manières, de changer d’image, solvant ainsi le malentendu culturel entre le monde et elle, et ainsi de se faire accepter du monde sans rien changer à ses pratiques. Tout cela par la seule magie des JO… Cette mauvaise image pourtant, a quelque chose de relatif : Sydney (2000), Athènes (2004) et même déjà Londres (2012) se font dauber et laminer l’une après l’autre par les jalousies et lobbies sectoriels de tous les coins du monde. Aussi, si Xi Jinping réussit en un semestre à inverser cette vapeur malveillante, il aura fait la preuve d’un génie politique -sinon, ce sera la chance pour son rival Li Keqiang !
Sommaire N° 6