Pol : Pakistan : Zardari, même vin, nouvelle bouteille

Pakistan : Zardari, même vin, nouvelle bouteille

Depuis près de dix ans, la Chine était l’alliée indéfectible du général P. Musharaf, l’indélogeable leader kaki du Pakistan. A présent elle s’apprête à devenir l’alliée d’Asif Ali Zardari son successeur, veuf de l’ex-1er ministre B. Bhutto, assassinée (dec 2007) alors qu’elle s’apprêtait à reconquérir le pouvoir par les urnes. Il faut dire que la diplomatie régionale est dictée par la géopolitique, en l’occurrence, par la présence de l’Inde, géant émergent et rival potentiel des deux. Leur méfiance ne s’est en rien atténuée avec la signature en septembre d’un pacte indo-américain sur le nucléaire civil. Et Islamabad tolère de moins en moins les incursions américaines sur son sol depuis l’Afghanistan, qui viennent de lui valoir un attentat terroriste (20/ 09) causant 60 morts. Aussi Zardari, pour sa 1ère visite étrangère, vient rediversifier les alliances, voire peaufiner des commandes d’équipements militaires anti-guerilla. Il vient aussi se faire une stature internationale, et dissiper tant que faire se peut une réputation de playboy au passé corrompu.

D’autre part, la visite dont il espère un chèque (0,5 à 1,5MM$) lui est vitale pour maintenir le pays à flot en honorant les dettes contractées, malgré une inflation galopante (+25% cette année).

Au plan économique, les relations sont flatteuses, avec des échanges de 2MM$ en 2001 passés à 7MM$ l’an passé, qui devraient doubler d’ici 2011. La Chine suit deux grands projets au Pakistan, le port de Gadwar, à 200M$, qui lui servira de tête de pont (à ses pétroliers, minéraliers voire, plus tard, à ses destroyers) sur l’océan Indien. Elle bâtit aussi, très discrètement un second réacteur nucléaire de faible puissance (325Mw) à Chashma (Penjab), et se dit prête à aller plus loin, mais toujours dans la discrétion, pour tenir compte de l’impécuniosité chronique du partenaire, et des sensibilités des USA, comme de New Delhi… Au total, comme à chacune de ces visites d’Etat, Zardari et ses partenaires ont signé un gros paquet d’accords (11), dont l’un, de lancement d’un satellite de télécom en 2011. Cependant, vu le flou artistique sur les choses qui comptent (le crédit, le réacteur), la visite semble couronnée d’un succès mitigé : Pékin, ces temps-ci, regarde davantage ses provinces, ainsi que sa réponse à apporter à la crise mondiale, que ses petits alliés !

 

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